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Megadeth / Evile

26/02/2008

Elysée Montmartre, Paris

La date était sold out, et ceux qui étaient présents ce jour-là ont pu mesurer l'étendue du plaisir - que dis-je, de la chance - d'assister à l'un des concerts les plus attendus de ce début 2008. Un bémol : le son exécrable, qui en a déçu plus d'un.

Comme un air de Slayer...

En guise d'entrée en matière, Megadeth a sélectionné ce qui se fait de mieux en matière de thrash metal. Evile a vu le jour il y a peu, avec un premier album Enter the Grave sorti chez Earache Records. Pourtant, le groupe britannique a déjà conquis un large public, des vieux de la vieille fans de heavy et de progressif, aux jeunots qui croient que Pantera est une marque de peinture. L'influence de Slayer et des mastodontes du heavy est évidente, et se perçoit nettement durant le concert. On débusque chez Evile quelques sonorités sépulturesques. Sinon, pas vraiment d'exotisme, seulement un son brut et déchaîné. Matt Drake enchaîne titre sur titre sans jamais s'essouffler. Blasts et riffs endiablés, chant soutenu, et présence sur scène éblouissante. Que demander de plus ? Evile n'a rien inventé, c'est sûr, mais le groupe a le mérite de perpétuer un style qui demande une « main », et surtout de la passion.

Une pause musicale, le temps pour le public d'entonner en choeur The Number of the Beast d'Iron Maiden. L'ambiance est bon enfant, et, l'alcool aidant, certains se font même des amis. D'autres se sont senti l'âme machiavélique et arborent leur plus beau tee-shirt Metallica. Ah, les coquins personnages !

« Parrr'lez dans l'corr'net ! »

Voilà que Megadeth arrive, dispersant la rousse aura de son frontman.

Premier contact avec Sleepwalker... Juste ciel ! Mais... c'est un crime ! Les baffles crachent un son crépitant et ultra-saturé. Là c'est sûr, je serai sourde avant l'âge. Partout dans la salle, c'est la bataille-navale sonore. Toutes les positions sont touchées, et la qualité médiocre du son déçoit d'emblée... et étonne beaucoup. Megadeth, c'est quand même un salaire équivalent au PIB (annuel) du Sri Lanka, alors merde, ils pourraient faire un effort. Ou gonfler de 120% leur budget « ingé son », ça éviterai la mutinerie syndicale... Mais bon, voilà, la déception de la soirée, c'est celle d'un son digne des bals populaires du 14 juillet.

Niveau logistique, les consignes sont rigoureuses: pas de photos, pas de vidéos. Et, on ne rigole pas avec l'image des groupes. Seuls quelques photographes équipés comme les meilleurs paparazzis sont autorisés à se poster devant la scène, pour une courte durée (10 minutes environ pour chaque groupe). Des vigiles livrent une chasse sans merci aux vidéos amateures, n'hésitant pas à s'immiscer au coeur de la fosse pour y déloger les rebelles du droit à l'image.

Mustaine keeps Mustaine

Très vite, Dave Mustaine succombe à son imparable mégalomanie, à laquelle il aura tout de même résisté presque dix minutes. Symptômes visibles de ce tempérament individualisant, monsieur squatte l'espace imparti à ses camarades de gaudriole. Il s'excite comme un ado en rut plein de puces, et agite glorieusement sa rousse crinière. Voilà un bon sujet d'étude comportementaliste aux allures bourdieusiennes : « Les rapports de domination chez Megadeth ». Le tempérament du frontman est un paquet de noeuds. Sur Skin O' My Teeth, Dave Mustaine s'en donne à coeur joie, tellement sûr de lui qu'il commence à mâcher ses mots. Et c'est le début d'une ballade au coeur des chants yaourts... Et, pour être sincère, ça donne un style. Car, malgré ce handicap Washington is Next, Kick the Chair, Hangar 18 sont superbement menés.

Pour donner l'impression que le concert dure, dure, dure (acell), Dave Mustaine joue sa carte « séquence émotion ». A mi-concert, il entonne A Tout Le Monde... une chanson très attendue par le public français, qui aime qu'on le flatte... et qui tremble de peur de voir s'éclipser la bande des quatre.

Autre titre évidemment très attendu, Symphony of Destruction, joué à vingt minutes de la fin. Megadeth tire sa révérence sur deux rappels, Burnt Ice suivi de Holy Wars. Le concert aura finalement été à rallonge, à la satisfaction des plus grands amateurs du groupe, qui se battent maintenant pour des bouts de plastique. La guerre des plectres aura eu lieu...

Megadeth - Elysée Montmartre, Paris, 26 février 2008

Megadeth - Elysée Montmartre, Paris, 26 février 2008

Megadeth - Elysée Montmartre, Paris, 26 février 2008

Megadeth - Elysée Montmartre, Paris, 26 février 2008

Megadeth - Elysée Montmartre, Paris, 26 février 2008

Myrha