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Obituary / Holy Moses / Avatar

22/01/2008

La Locomotive, Paris

Mardi 22 janvier,Garmonbozia nous a présenté sur un plateau un inoubliable cocktail, en mêlant l'ancien au nouveau. Sur un plateau, non pas d'argent, mais de pierre et de fer...C'est une fois de plus La Locomotive qui a accueilli quelque 300 spectateurs. Un succès qui aurait pu être plus vaste... et un travail qui mériterait d'être plus reconnu. Si les organisateurs de concerts sont parfois mal vus, force est de constater que le travail qu'ils fournissent est titanesque. Et là, malgré le programme de la soirée, la désertion était plus ou moins le mot d'ordre. Mais bien entendu, je ne jouerai pas le petit jeu du « ce sont les absents qui ont tort »...Ne blâmons pas ceux qui n'ont pu ou voulu se rendre à ce concert. La « saison » Garmonbozia est très chargée et l'intervalle qui sépare chaque date est peut-être trop court pour certains, dont le budget guide la sélection. Passé cet épisode de prose schizophrénique, passons au résumé de l'épisode « Avatar / Holy Moses / Obituary ».

Vous avez dit death metal ?

Avatar... voilà un groupe gentillet. Venu des fins fonds de la Suède, le combo joue un death metal très rock'n'roll et composite. Son fort sur scène : broder avec tous les styles, se positionner entre les puristes et la jeune génération. Les cinq jeunots - moyenne d'âge : 20 ans et des poussières - ont chacun leur style, fait constatable à leur son et à leur look. Qui d'une touffe de dreadlocks, d'un foulard dédicacé par Axel Rose ou d'un bracelet émocoreux (hum...jamais plus je ne blasphèmerai de la sorte, c'est promis)... Ce patchwork sans personnalité gêne considérablement, mais on s'y habitue le temps du concert. En l'espace de deux petites années, Avatar a réussi à monter en grade. 2006 et 2007 marquent en effet les « débuts heureux » du jeune groupe, qui signe successivement deux albums produits par Marcus Tagaris. Surtout, ils se targuent d'être les poulains de groupes comme Stone Sour, Evergrey ou encore In Flames qu'ils ont accompagnés lors de leurs tournées européennes. Avatar est une formation qui cherche à se démarquer, tout en marchant sur les plates-bandes des ses prédécesseurs. Durant le concert, la détente est là. L'allure est, plus que décontractée, hautaine et nonchalante. Le but des membres : nous faire penser que « tout est facile », que tout coule de source. Un show quasi-à l'américaine. Les morceaux sonnent néo-métal par moments, et c'est le chant qui vient, pour parler franchement, relever le niveau. Le front-man s'accorde quelques pauses « bidon ». Par là j'entends, bien évidemment...qu'il se rafraîchit en glougloutant quelques gorgées d'un liquide (eau ? bière ? schnaps ?), s'écoulant directement d'un faux bidon d'essence, transformé pour l'occasion en fontaine. « Dallas, ton univers impitoyable... ». Peut-être un clin d'oeil à leurs tuteurs d'Obituary et un hommage à l'inconscient collectif des Américains, marqués par quinze ans de soap opera à la sauce texane...

Avatar - La Locomotive, Paris, 22 janvier 2008

Holy Moses is not dead

Souvenirs, souvenirs... Pour les novices, Holy Moses, c'est tout de même une formation qui a de la bouteille... et qui conquiert forcément. Après un premier album en 1986, applaudi à la quasi-unanimité, les Allemands ont conquis le monde du thrash metal. Leur spécificité dans un milieu assez touché par le machisme ambiant, réside principalement dans la voix qui guide le groupe dans une grande brutalité. Vocalement parlant, Sabina Classen, la front-woman, ne fait pas dans la dentelle. Pas de nian-nian ni de pathétiques tentatives de lyrisme vocal. Sabina n'est pas une poseuse et la durée du concert (plus de 45 minutes) prouve son endurance. Malgré l'esprit « fleur bleue » qu'éveille le nom du groupe. Après six ans d'interruption, due à des divergences d'ambition, Sabina décide de reformer Holy Moses. Un grave accident de moto la pousse à renouer avec les musiciens du groupe. Le nouveau guitariste, Michael Hankel, met son grain de sel dans le groupe. Bénis des dieux? Les sans foi ni loi nous ont offert une démonstration de leur intégrité. Holy Moses n'a rien perdu de sa verve. Le groupe va même piocher dans les albums les plus anciens, au grand plaisir des fans, qui pour certains sont venus d'Espagne ou d'Allemagne. Un titre extrait de The new Machine of Liechtenstein vient secouer la salle. Pour le folklore, Sabina nous offre un très entraînant Too drunk to fuck et n'hésite pas à inviter sur scène celles et ceux qui souhaitent entonner avec elle cet hymne à la paralysie éthylico-sexuelle. Bien entendu, nous avons aussi droit à pas mal de titres du dernier album en date. Strength, Power, Will, Passion, sorti en 2005, nous interpelle sur la ligne de conduite du groupe. Beaucoup de force, de robustesse, un comportement parfois « border-line »...mais toujours la foi en l'avenir. Esprit des années 80, sors de ce corps ! En tout cas, à la fin de la partie, on se sentait forcément trashmétalleux. Holy Moses a dignement fêté ses 27 ans d'existence. Une prestation impressionnante, et tant de charisme... Que demande le peuple ?

Holy Moses - La Locomotive, Paris, 22 janvier 2008

Holy Moses - La Locomotive, Paris, 22 janvier 2008

Holy Moses - La Locomotive, Paris, 22 janvier 2008

Holy Moses - La Locomotive, Paris, 22 janvier 2008

Obituary rules !

Viennent les rois de la soirée. Obituary, presque vingt ans après Slowly we Rot, semble immortel. Pour la tournée consacrée à Xcutionner Returns, sorti en 2007, c'est le guitariste Ralph Santolla (Deicide, Death, Iced Earth) qui remplace Allen West, actuellement en prison. Ses déboires avec la justice affaiblissent quelque peu le groupe, accoutumé à son fort tempérament. Mais, nul besoin de paniquer : Obituary, avec ses multiples changements de line-up, en a connu de pires... Première impression : un son impeccable, à tous les points de vue. Une maîtrise technique qui ne donne rien à redire. Trevor Perès se déchaîne à tout va, et garde sa posture froide et distante. Et puis, l'affirmation est incontestable : John Tardy est LA voix du death, la crème de la crème, la voix old school... Bref, rien de vulgaire ni de bourrin sans matière. Tout est cadré. Le chant connaît de franches modulations, n'en déplaise aux détracteurs du death, et jamais le vocaliste ne perdra ses forces. L'objectif du groupe est tout de même de « taper » dans le neuf. Il nous accorde une bonne partie des morceaux de Frozen in Time, sorti il y a bientôt trois ans. Ensuite, les compères brodent avec ce qu'ils ont composé de plus exquis et déchaîné dans leur carrière. Ça vise haut, fort, et agressif. Ah, ils en veulent ! Les sonorités sont très brutales, c'en est réellement jouissif. Toute l'anthologie y passe, ce qui dévoile un désir de contenter la majorité du public.
Un seul bémol : les slameurs. Très agités, certains occupants de la fosse deviennent ingérables et insupportables... Loin de moi l'envie de rédiger un pamphlet à l'encontre des slameurs, ce qui serait somme toute ridicule... Seulement, dans le cas d'Obituary, leur je-m'en-foutisme ambiant et leur manque de responsabilité a conduit à une sorte de flottement. Quand n'importe quel pécore grimpe sur scène, on entre dans le domaine de l'absurde...(à tel point que Trevor Perès se charge lui-même de repousser les trublions).

Obituary - La Locomotive, Paris, 22 janvier 2008

Obituary - La Locomotive, Paris, 22 janvier 2008

A l'arrivée, le show aura misé sur la réconciliation entre l'ancien et le nouveau, l'Américain et l'Européen. Pari(s) réussi.

Myrha