06/12/20080
Kiff, Aarau (Suisse Alémanique)
Rome est le nom du projet démarré en 2005 par le luxembourgeois Jérôme Reuter. Après le prometteur mini album Berlin en 2006 vint en cette même année Nera, le premier opus de Rome où l'atmosphère noire et pesante comme le courroux nous est servie à la sauce folk apocalyptique martiale empreint de colère et marqué par le fer. Un an après, Confessions d'un Voleur d'Ames fut libéré, beaucoup plus calme, intime et poétique, rarement brutal ; une nouvelle fois il fait part belle aux morceaux sombres et ambiants toujours avec cette touche néo-classique martiale. En 2008, le dernier jet Masse Mensch Material suscita l'intérêt des masses avec son atmosphère poétique stylisée et plus avant-gardiste, dont le reflet musical personnel repousse un peu plus les frontières du genre, à l'image de la cruauté humaine expansive où l'extrême et la fascinante sincérité s'entrechoquent avec toute la cruauté des Hommes. Avec Rome, les thèmes s'articulent autour de l'amour, de la beauté, du désespoir et de l'exquise tristesse, avec par moment un zeste de rébellion, mais la bête amèrement domptée finit toujours par se retenir et s'assagir.
Ce soir, Jérôme Reuter (guitare, percussions et voix) fut accompagné par Patrick Damiani (guitare et percussions) et Patrick Y. Kleinbauer (basse). Ils arrivèrent très humblement en faisant un petit hello au public qui se rapprocha calmement de la petite scène. Dès les premiers accords, la magie opéra avec une alternance subtile entre des titres dark folk et des morceaux plus martiaux avec un jeu de percussion parfaitement synchronisé. Toute la discographie de Rome fut à l'honneur ce soir avec un léger accent mit logiquement sur les deux dernières productions. Que cette musique fait rêver avec ses chansons d'amour merveilleusement composées, perdues dans un dédale post-traumatique, dans lequel la foi et les souvenirs se heurtent puis se mélangent, parachevant l'alchimie divinatoire dont on extrait avec une clarté limpide toute l'émotion de nos tourments : Patchwork de mélodies sombres et fluides, d'une agréable mélancolie, très accessible. C'est d'ailleurs cette grande joie à l'écoute qui rend cette musique si facilement imprégnable, mais jamais vendue ! Certaines similitudes musicales peuvent les rapprocher de Spiritual Front pour le coté crooner ou encore de Dernière Volonté (pour ne citer que les plus connus) avec des percus puissantes habituellement reprises par la military pop. Mais ces complaintes suspendues aux sommets de la subtilité possèdent bien plus de profondeur pour leur être simplement comparées. Bien loin de l'esthétisme néo-folk habituel et avec une mentalité très rock, Rome se rapproche plus de part son attitude à la scène néo-classique : pas de pose stricte ni d'attitude totalitaire forcée : sur scène ils se présentent sans look particulier. Mais ne vous méprenez pas, Rome maintient toujours élevé le flambeau vers le ciel, à la hauteur du romantisme, de la fierté et de l'espoir - piliers éternels de la culture neo folk - exhumant ainsi les souvenirs oubliés de l'amour et de la mort, avec un certain parfum de culpabilité.
Après une bonne heure de prestation et une petite pose avec un grand verre de vin, ils s'excusèrent de ne pouvoir interpréter des rappels avec le sample et proposèrent intelligemment de rejouer quelques ballades en acoustique, parachevant cette soirée inoubliable.
Set-list : Ni Dieu Ni Maître - The Consolation of Man - Like Lovers - The Orchards - The Torture Detachment - A Burden of Flowers - Hope Dies Painless - Das Feuerordal - Der Wolfsmantel - A la Faveur de la Nuit - Reversion - Neue Erinnerung - Wir Götter der Stadt - Le Voile de l'Oubli - Der Erscheinungen Flucht - Querkraft - Der Brandtaucher - Les Hirondelles.
Rappels (unplugged) : Hope Dies Painless - The Orchards - Das Feuerordal - The Torture Detachment.