15/03/2008
Fri-son, Fribourg
DILLINGER ESCAPE PLAN, l'un des concerts les plus attendus de cette année 2008, et ce pour tellement de raisons... Déjà ces affreux devaient passer dans cette même salle d'ailleurs, avec les maîtres Meshuggah il y a quelques mois. Tournée qui sera annulée à cause d'une fracture pour Ben Weinman, (dernier membre originel du groupe) en tournant un clip vidéo et d'un besoin de rester en studio plus longtemps pour Meshuggah pour terminer les enregistrements du (surprenant) . Il y a ensuite ce nouveau line-up. Deux membres se sont cassés depuis leur dernière tournée, Brian Benoit (ancien guitariste, à cause d'un problème de dégénérescence nerveuse) et Chris Pennie (ancien batteur parti pour Coheed and Cambria). Dernière raison et non des moindres : Ire Works !! Honnêtement, je ne sais plus quoi en penser de cet album. L'ayant trouvé très mauvais au début, je commence à l'aimer de plus en plus. Vraiment très surprenant. C'est pour toutes ces raisons, entre autres, qu'il me tardait de voir DEP sur les planches. L'attente fût longue, le résultat bien au dessus de mes attentes...
STOLEN BABIES sera le premier groupe à jouer de la soirée. Coincé dans les bouchons suisses (salon de l'Auto de Genève oblige et de curieux ralentissements à l'entrée de Lausanne), je n'assista qu'à la (toute) fin du set. Avec le peu que j'ai pu (entre)voir, pas de regret. Aucun intérêt pour ma part, ce n'est qu'en fin de soirée que j'appris que le batteur du groupe n'était autre que Gil Sharone, batteur de Dillinger, qui se tapera donc deux concerts en une soirée (ça mérite d'être précisé quand on voit ce qu'il va nous envoyer dans la gueule avec DEP !!). La salle est (très) correctement remplie, peut-être pas sold-out, mais on n'en est pas loin et pour ceux qui ne connaissent pas Fri-son, je peux vous assurer que ce n'est pas n'importe qui qui peut attirer autant de monde ! On attend donc la suite impatiemment avec ce plaisir maintenant quasi-incommensurable de pouvoir s'en griller une petite dans une salle de concert. Quelle époque formidable que la nôtre...
Poison The Well, deuxième et avant dernier groupe de la soirée, foule les planches quelques minutes seulement après le départ de Stolen Babies. Ne connaissant pas le groupe auparavant, j'ai juste eu le temps de me pencher sur leur dernier album en date, Versions, sorti en 2007. Ne jouissant pas particulièrement d'une grande renommée sur le vieux continent, ces ricains sont pourtant de sacrées stars dans leur pays ! L'album, sans parler de coup de coeur, m'avait intrigué : impatient de voir comment le groupe allait reproduire sa musique en live. J'ai été déçu, pas au point d'aller prendre un bol d'air, mais pas enthousiasmé. Le groupe n'évolue pas dans un style bien particulier, il mélange aussi bien des influences hardcore (l'attitude de Jeffrey Moreira, chanteur du groupe par exemple), avec des riffs plus metalcore voir emo à certains moments (ça commence à en faire crisser quelques uns des dents là !). Le résultat ne m'a pas paru assez homogène. Quelques bonnes idées tout au long du set, quelques bons riffs, mais il a manqué un petit quelque chose pour que j'accroche totalement. Je m'attendais à quelque chose de plus rentre dedans, plus violent aussi. Le chanteur m'a semblé un peu froid, ne faisant que le strict minimum (chant pas assez mis en avant d'ailleurs, après je n'étais peut-être pas au mieux placé...). Après il faut savoir qu'ils ont majoritairement, et étonnamment, joué des vieux morceaux. Je retiendrais juste pour Versions, le très bon Letter Thing, efficace à souhait, et le très surprenant Nagaina, beaucoup plus lent que les autres morceaux, a un peu cassé l'élan du groupe. Soulignons que ce n'est pas la première fois que PTW part sur les routes en compagnie de DEP. Ils avaient déjà fait une tournée avec Dillinger il y a quelques années... Le public réserva un accueil correct au groupe, sans vraiment être totalement emballé non plus. Type de concert que l'on apprécie, je suppose, beaucoup plus lorsque l'on trouve 55 francs suisses par terre...
DILLINGER ESCAPE PLAN. Il est temps d'aller posé les affaires dans la voiture, de s'échauffer, de revoir une dernière fois les différentes manières d'headbanguer, une dernière petite clope, une bière, et c'est parti ! Les premières notes de Panasonic Youth retentissent, premier morceau de l'album Miss Machine, et là il se passe quelque chose : c'est la gueeeeerre !! Aidé par un jeu de lumière tout simplement démentiel, Dillinger Escape Plan met les choses au clair tout de suite: puissant, surexcité, voir dément, on est parti pour plus de 50 minutes de pure folie ! Quelques derniers petits réglages au niveau du son, et la (miss) machine implacable se met en marche, écrasant tout devant soit ! Souhaitant montrer au public que DEP reste du pur DEP en live, histoire de rassurer les quelques sceptiques comme moi, le groupe enchaîne avec 43% Burnt de l'album culte Calculating Infinity. Ça pète de partout, ça saute de partout, les musiciens sont en pleine forme ce soir ! Les petits nouveaux passent haut la main l'épreuve du live, mention spéciale au nouveau gratteux Jeff Tuttle (qui avait cependant déjà remplacé Brian Benoit sur quelques dates) et son niveau technique de barge ! Putain, il ne paye peut-être pas d'apparence avec son look d'emo / Placebo, mais putain en live, ce mec est un dieu ! Les premières notes de Ire Works seront introduites ce soir avec l'enchaînement Fix your Face et Lurch. Rassuré, même si ce n'est pas eux qui me faisaient le plus peur, ils dégagent une sacrée énergie. Greg Puciato (qui, soulignons le, n'était qu'un fan du groupe avant de remplacer le chanteur originel Dimitri Minakakis, que l'on retrouve d'ailleurs étonnamment en guest sur Fix Your Face) a deux passions dans la vie : la musique et la muscu ! Putain, ce mec a des bras qui font la taille de mes cuisses !! Il ira une première fois monter sur un mur d'ampli, avant de s'accrocher à la structure métallique de la charpente de la salle, avec bien 5/6 mètres de vide sous lui ! Je vous renvoie pour ça à la vidéo à la fin de ce report... Le groupe, qui n'a pas besoin de nous raconter des saloperies entre les compos, enchaînent les morceaux à une allure impressionnante. Piochant à nouveau dans Miss Machine, on se prendra à nouveau en pleine face l'enchaînement Setting Fire to Sleeping Giant et le monstrueux, dans tous les sens du terme, Baby's First Coffin ! Le show ne baisse pas en intensité, pas de temps mort ! Que ce soit le bassiste tout en groove (ancien membre de Starkweather, allez jeter une oreille au passage (voir les deux) sur Croatoan) ou les guitaristes qui sautent dans tous les coins, ou le chanteur qui rempli à merveille son rôle de front-man, on ne sait même plus où il faut regarder ! Ire Works m'avait déstabilisé avec des morceaux beaucoup plus pop (je criais sacrilège à l'époque !), des refrains presque calibrés FM comme sur Black Bubblegum et Milk Lizard. On sentait, à mon goût, beaucoup trop l'influence PATTONienne planer sur le groupe (collaboration sur le MCD Irony is a dead scene). Les deux morceaux précédemment cités franchirent aisément l'épreuve du live, grâce, entre autres, à des parties de chant clair du gratteux très fidèles sur Black Bubblegum. Même si ce type de morceaux peut paraître beaucoup plus (trop ?) facile pour DEP, il serait regrettable de s'arrêter à ce premier jugement ! La suite du set passa (beaucoup trop) rapidement. Je noterais entre autre l'excellent Sugar Coated Sour et son intro démentielle (j'en frémis encore bordel de merde !), Greg Puciato assurant parfaitement les parties vocales de Dimitri. Le groupe terminera en apothéose avec Sunshine the Werewolf, deuxième morceau de Miss Machine. Le chanteur remontera à nouveau sur le mur d'ampli et ira accrocher une cymbale au toit de Fri-son. Un des gratteux montera également sur des amplis, faisant ensuite un saut d'au moins deux mètres avant de se ratammer par terre (tu m'étonnes qu'il y ait des fractures après !!) et de jeter sa guitare dans le public. L'autre gratteux, quant à lui, n'hésitera pas à aller jusque dans le public pendant la fin de la chanson, se roulant par terre comme un possédé ! Du grand, du très grand art !
A la question comment résumer la musique de Dillinger en trois mots, l'un des membres avait répondu « Really Fuckin' Pissed », qu'on traduira, grossièrement, par un « Vraiment Vachement Furieuse ». Je crois que tout est dit. Ces mecs sont des dieux. Ces mecs m'ont rassuré, je l'avoue, j'ai cru un court instant qu'ils allaient côtoyer le commun des mortels... mais à la vue de ce concert, force est de constater que DILLINGER ESCAPE PLAN est bien au dessus de la masse ! À tous ceux qui ne savent pas (encore) quoi penser du petit dernier en date, à tout ceux qui ont été inquiété par leur EP Plagiarism,sorti en 2006, et sa reprise de Justin Timberlake (ouiiiiiiiiii !), je vous rassure, Dillinger reste du putain de Dillinger. Pionnier et maître de ce style de musique au côté de Converge, ces mecs ont l'intention de garder leur place de leader, assis sur le trône ! Les conditions furent excellentes, la salle parfaite pour ce type de concert (fallait au moins ça !), le public fût, à mon étonnement, beaucoup plus calme que prévu. Ça m'a fait repenser un peu à un concert de Nile ou encore de Dying Fetus. Le niveau technique des zikos est tellement démentiel qu'on reste là, immobile, la bouche grande ouverte, en se demandant si un jour on pourra maîtriser nos instruments au moins un dixième de fois aussi bien qu'eux ! L'un des meilleurs concerts, sans aucun doute, de ces derniers mois. Ayant la chance de les revoir au Hellfest en juin, il m'empresse de revoir la bête dans des conditions « festivals ». Dillinger rules !!
Vidédo Poison The Well
Dillinger Escape Plan 1
Dillinger Escape Plan 2
Merci à Oli pour les photos.