27/09/2008
Brise Glace, Annecy
L'avantage des tournées, ou tout du moins l'un des avantages des tournées, c'est de pouvoir, quand on a l'opportunité d'assister à plusieurs dates, de comparer les prestations des groupes. En ce qui me concerne, j'avais eu le plaisir d'assister, une semaine avant, à la prestation des Will Haven et des MOPA au Bikini Test, accompagné des Kehlvin pour cette date en CHuisse profonde. La soirée a du être, a priori, bonne puisque me revoilà, quelques jours plus tard, à nouveau sur une nouvelle date de leur tournée (principalement centrée sur la France puisqu'il y a eu 7 dates dans notre doux pays, explicable, en partie, par le fait que ce soit la boite française erkov Musique qui a mis tout ça en place). C'est cette fois-ci au Brise Glace, salle certes excellente mais dont la programmation, subjectivité oblige, laisse à désirer. Ma dernière, et première en fait, venue dans cette salle avait été pour Gojira et Psykup il y a quelques années... est-ce à dire qu'il y a un « double effet MiLKa » ? Possible.
Cette soirée quant à elle débute avec le one man band (local) Zero Absolu, qui s'est chargé de booker cette dernière date de la tournée. Alors avant d'aller plus loin, je voulais juste souligner que de bien belles formations ont eu, au fil des dates, le plaisir d'ouvrir les hostilités, je pense entre autres à Kehlvin, déjà cité supra, à General Lee, à Amenra et à... Zero Absolu ! Alors même si je suis ce projet depuis quelques temps à présent, je n'avais encore jamais eu l'occasion de le voir en live. Après coup, si l'on devait me demander comment résumer un concert de Zero Absolu en un mot, ce serait, sans nul doute, « mérite ». Mérite : qualité qui rend une personne digne d'estime ou de récompense, eu égard aux efforts fournis dans l'accomplissement de quelque chose. Tout est (presque) dit. Les « one man band », depuis quelques années maintenant, c'est un peu comme les connards dans le métro, c'est pas ce qui manque... Continuité, à mes yeux, de l'individualisme croissant que connaissent les sociétés contemporaines, nombreux sont les personnes qui, portable sous le bras, se lance dans la création d'un projet. Certains sont tout simplement exceptionnels, d'autres beaucoup moins... mais dans tout ça, combien franchisse l'épreuve du live ? Je veux dire, sans des musiciens de session ? Quasiment personne, je citerai comme exception à la règle, outre Zero Absolu, le projet Eluvium, qu'il m'avait été donné de voir en première partie d'Explosion In The Sky. Alors même si, évidemment, Nak, géniteur de Zero Absolu, est « assisté » par ordinateur, notamment pour tout ce qui est niveau « sample », ce mec a quand même un sacré mérite (ou une sacrée paire de couilles, au choix...) de retranscrire en live sa musique ! Se focalisant parfois sur le chant, parfois guitariste, d'autres fois bassiste, quelques touches (sans jeu de mots) de clavier, et petit à petit, l'univers, son univers se met en place. Les projections apportent un petit plus à cet univers singulier, donne en quelque sorte différents choix à l'auditeur, différentes possibilités de percevoir sa musique. Niveau set-list, le Monsieur a clairement mis de côté les morceaux d'obédience « post-rock » et a privilégié les morceaux plus « percutants », tels que l'hymne Plonger (les paroles sont à lire diligemment !) et Artriste. J'ai espéré qu'un morceau comme Il déserte soit joué ce soir, que MiLKa vienne rejoindre son collègue sur la scène, qu'on vive tous ensemble un moment exceptionnel... et puis non. On aura le droit, néanmoins, à deux nouveaux morceaux, à savoir Sans Ailes (présent sur la compilation Falling Down) et... un autre morceau, présent sur le deuxième album en pleine composition, qui se nomme d'ores et déjà Dans Les Bras de Morphée. Un premier concert, pour moi et/ou pour la soirée, très réussit, le public ne s'y étant d'ailleurs pas trompé... Respect.
Le temps d'une petite clope à l'extérieur ou, à n'en pas douter, le fameux « zéro absolu », soit -273,15 degrés Celsius, a été franchi à quelque chose près, et c'est au tour du trépied My Own Private Alaska de s'installer sur les planches. Parmi l'une des (nombreuses!) particularités des Toulousains, ils ont, à mes oreilles, le mérite de faire un speech, certes un peu long, avant de commencer les hostilités, nous laissant ainsi par la suite « tranquillement » profiter du concert. Les premières notes du clavier(iste) et les premiers coups de batterie rassureront. Pas que le son fut mauvais au Bikini Test, mais pas non plus exceptionnel, de mauvais réglages, dans ce type de configuration piano/batterie/chant, peuvent rapidement te pourrir un set. Pour je ne sais quelle raison, je suis bien mieux (r)entré dans leur univers ce soir-là, peut être notamment grâce au / à cause du chant. En effet, les parties de chant sur la date suisse avait été un peu fait version « frein à main ». Je m'explique: certaines parties étaient clairement moins criées, moins poussées que sur la version studio. Désir de « ménager » sa voix pour le reste de la tournée ? Possible. Enfin, en ce qui concerne la date annécienne, le chant de MiLKA était bien meilleur, prenant vraiment aux tripes, notamment sur leur reprise de My Girl de NIRVANA / LEAD BELLY, morceau qui suscitera d'ailleurs le plus d'effets au près du public. De manière plus globale, les trois musiciens semblent vraiment vivre leur musique, avec, subjectivité à nouveau quand tu nous tiens, une mention particulière pour le batteur qui, à certains moments, a semblé voir les chauves-souris bien avant tout le monde... comprendra qui pourra. Cette prestation a été aussi l'occasion de réécouter les nouveaux morceaux, notamment Amen, et rien que pour ça, c'était vraiment cool. L'ensemble du set m'est apparu cohérent et homogène, dans le sens ou il n'y a pas eu une véritable scission entre les chtits nouveaux morceaux et ceux de l'EP, notamment l'excellentissime I am an Island (pour les curieux, checker les paroles du morceau Il déserte, cité supra...) : l'identité si singulière des premiers morceaux de MOPA, même avec le passage d'un Ross Robinson dessus, reste bel et bien là. Un agréable moment de passé en somme.
Dernier concert de cette tournée européenne pour les Will Haven, y a intérêt que ça chie, et pas mou si possible... J'ai cette impression qu'il n'y a pas de « demi-mesure » dans la notoriété de ce groupe: soit ils sont considérés comme vraiment culte, comme une source majeur d'influence, soit on en a jamais entendu parlé. Les derniers passages sur le vieux Continent de ces affreux Will Haven avait été en compagnie des Deftones, et, quelques années auparavant, en compagnie de Fear Fatory (qui était alors, en 1999, à son apogée...). Depuis, pas mal de changement, notamment au niveau du line-up : Grady Avenell, figure emblématique du groupe, a été remplacé par le très sympathique, et abordable, Jeff Jaworski. Quoi qu'on en dise, un changement de chanteur dans une formation est surement l'une des pires épreuves pour un groupe. Ceci dit, le « petit nouveau » a largement rempli son rôle de front man. Je ne me risquerai pas à « classer » Will Haven dans quelconque style musical bien précis: la chose dont je suis sur à l'inverse, c'est que leur musique est réfléchie et clairement composée pour le live. Qu'on soit fan, ou non, je peux (vous) garantir qu'après un show de ces mecs, il ne reste plus grand-chose à vos cervicales... Jeff Irwin est de loin, comme sur la date du Bikini Test, qui m'a le plus marqué par sa présence et son charisme. À de nombreuses fois le gaillard s'est retenu d'exploser sa guitare contre la scène, n'hésitant pas cependant à grimper sur les amplis comme un fauve en cage (l'autre guitariste aurait surement aimé en faire autant... en vain, les retours de scène feront, à défaut, l'affaire.). La set-list est évidemment centrée autour du dernier album en date, The Hierophant , notamment avec le morceau Caviar with maths. La fin du set des ricains sera perturbé par les affreux de MOPA : Milka ira entre autre jusqu'à poussé la chansonnette avec Jeff Jaworski. Une fin de soirée qui se terminera comme elle a commencé, à savoir dans la bonne humeur. Après un rappel exigé par les Annéciens d'un soir, le groupe ira serrer la main à ses fans, confirmant bien que cette formation, malgré son statut, n'a en rien pris la grosse tête et reste près de son public. Nul doute que vu l'accueil qu'ils ont bénéficié tout au long de leur tournée européenne, le groupe de Sacramento ne devrait pas/plus attendre très longtemps avant de franchir à nouveau l'Atlantique pour le vieux continent... Efficace.
