La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Black Metal Is Rising Vi

BMIR VI

16 octobre 2010

Paris, Le Glaz'Art

En ce 16 octobre 2010, les Acteurs de l'Ombre nous présentaient la sixième édition - "sixième office" - du BLACK METAL IS RISING, un événement parisien, qui, en quelques petites années, a su se forger une solide réputation, accompagnée d'une respectabilité génératrice de belles affiches. Pour preuve, en 2008, l'association parisienne regroupait les tempétueux BALROG, FINIS GLORIA DEI et NEHEMAH. Délectable. Cette année encore, le festival accorde une bonne place au black français. A noter la désertion, faute de financement, de TOTALSELFHATRED, qui devait inaugurer sa tournée européenne par cette date au Glaz'Art. Et MOONREICH s'est dévoué pour prendre la place des Finlandais.

Côté point de vue image du monde, le Glaz'Art est une petite salle, confinée, seule et abandonnée aux fins fonds de la Villette, au beau milieu d'un désert bétonné où se mêlent Caterpillar et ouvriers pakistanais, un peu en marge de la populeuse capitale. La scène, exigüe, canalise les éventuelles tentations de faste. L'odeur de chien mouillé me met en joie.

Black Metal is Rising 6, running order

Malheureusement, j'arrive après la bataille pour MOONREICH , grève des transports oblige, mais me délecte des quinze dernières minutes de NYSEIUS, que j'ai accouru voir. La prestation scénique est tout à fait honorable et je ne suis pas déçue, malgré un son qui laisse à désirer. A moins que ce ne soient mes écoutilles qui s'acclimatent au parasite. Le côté très traditionnel et puriste de NYSEIUS aura au moins rappelé à l'assistance de quel bois se chauffe le BMIR . Entre parenthèses, je ne puis que conseiller l'écoute de Militiae , premier opus du groupe signé par les Italiens d'ATMF sorti en 2010.

J'aurais pu totalement apprécier le live de BLEEDING FIST, mais son côté guignolesque à masque m'a refilé des hauts-le-coeur que je ne puis ignorer. Comme une belle gueule truffée de poireaux. De prime abord attirant, mais pathétique et répulsif. Le côté statique et flasque du groupe (hormis donc notre bassiste masqué) donne l'illusion d'une brochette de pantins cernés de glu. Cette réminiscence négative passée, j'apprécie toutefois la sacré note death trash des Slovènes, qui ont le culte du riff tourbillonnant. Le côté patator viril et gras réveille ma beauferie (ainsi que celle des adolescents venus tenter quelque brave pogo à 4). Mais je ne suis pas conquise par ce que je vois sur scène et me contenterai de l'écoute solitaire du très bon Macabrum Bestia Ex Abyssus , seul support du groupe en ma possession.

Eux ne tuent pas le père, mais le fléau nazaréen. Très bonne prestation de CHRISTICIDE. Je suis agréablement surprise par le son, que je trouvais jusqu'à présent de bien piètre qualité. Les emballements de la batterie, fort galopante, donnent l'envie à certains esprits échauffés de se lancer dans une occupation primaire et enfantine que j'ai évoquée plus tôt. Bon an, mal an, les pogoteurs s'exercent pendant que j'essaie de continuer à apprécier le spectacle qui m'est donné à voir. Il pleut du black qui raye le parquet. Avis aux profanes, le mieux, toujours, est encore d'écouter les titres de l'album éponyme de CHRISTICIDE .

Je n'aurai qu'un mot, égoïste: merci. Merci à MORTIFERA d'avoir mis la pédale douce sur les morceaux de Maledictiih (hormis, oui, Jusqu'au dernier souffle ), qui n'a, à mon sens, rien d'exceptionnel, du moins en comparaison des quatre précédents ouvrages. MORTIFERA défend son bout de gras en privilégiant son vieux répertoire, la vieille pierre, celle qu'on associe irrémédiablement à l'époque de Neige. Malgré un line-up changeant, le groupe de black dépressif - qui recherche, accessoirement, des musiciens de session - garde une intégrité bien particulière. Je ne vois pas le temps passer. Le Revenant vient clore le spectacle. Certains chanceux iront les voir le lendemain au Lyon's Hall (cette fois en tête d'affiche).

Bien ou bien ? OSCULUM INFAME a le feu au corps et la capuche sur la tête. Une sorte de black metal à pulsions hardcore. OSCULUM INFAME a de la bouteille, et s'inscrit en marge des canons esthétiques du black metal. Du moins sur scène. Il y a de quoi être rebuté par les poses 'zoom-zoom-zen' de Malevolus. L'accessoire 'sweat-shirt en molleto' suscite moult réflexions dans l'auditoire. Mais à quoi bon critiquer l'image? Pour ma part, je n'accroche pas musicalement et préfère m'éloigner un moment de la scène. Seule la batterie, aux couleurs de KRISTALLNACHT , n'est-ce-pas, me séduit par son doux vacarme.

Venons-en au black qui tâche. DARKENED NOCTURN SLAUGHTERCULT ... En tête de gondole, Onielar, alias Yvonne Wilczynski, fait trembler le parterre du Glaz'Art avec la poigne d'une possédée. La grande chevelue officie depuis 1997 dans la formation allemande criarde et sans concession. Sur scène, devant la batterie, DNS a agencé une longue broche d'où pendent, de part et d'autre, des crânes de bouc, séparés au milieu par un pentacle. Appel au Malin. Mais DNS n'a pas besoin de cette fanfreluche pour s'imposer par sa présence démoniaque. La voix d'Onielar seule (intensifiée par une forte réverbération, et quelques centilitres de sang aspirés au calice), couplée aux tintements retentissants d'une batterie sans cesse sollicitée, génère un écho d'une évidente noirceur. Les guitares sont efficaces et sans faux pas. Ajoutez à cela l'absence de slameurs et de pogo-primates dans l'assistance. Un havre de jouissance. Un déchet simiesque viendra toutefois, à la fin du concert, tenter de surfer sur l'assistance en faisant glisser ses baskets sur le cuir chevelu de la plèbe hirsute. Je reste toutefois satisfaite de ce que je viens de voir.

Darkened Nocturn Slaghtercult, Black Metal is Rising 6

Darkened Nocturn Slaghtercult, Black Metal is Rising 6

Les Suédois d' OFERMOD ont-ils gagné leur première place à l'affiche? Je n'en suis pas convaincue, malgré une démonstration musicalement respectable, mais à mille lieux de la prouesse. OFERMOD ouvre sa grand'messe par un herzatz de rite sataniste. Tour à tour, les trois frontmen, dont deux apparaissent vêtus de longues toges noires, clament une incantation pendant cinq bonnes minutes, dans un anglais LaVeyen farfelu et suiviste. De quoi hérisser le repère latin des Lucifériens. Après avoir anesthésié la salle à coup de tirades prétendument hermétiques, OFERMOD joue une dizaine de titres. Au micro, Nebiros brandit un carnet à la couverture parée de têtes de mort, façon tome 3 des règles du jeu de Pavillon Noir. L'effet est assez mauvais. Derrière lui, un figurant accroupi occupe son temps en agençant quelques bougies autour d'un bol d'encens, dont les effluves montent aux narines des premiers rangs anesthésiés. A défaut de marquer par la musique, OFERMOD aura marqué par cette réminiscence olfactive.

Ofermod, Black Metal is Rising 6

Ofermod, Black Metal is Rising 6

Ofermod, Black Metal is Rising 6

Ofermod, Black Metal is Rising 6

C'est avec cette odeur de cathédrale que je quitte les lieux. Et attends déjà le septième office.

Myrha