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Watain - Destroyer 666 - Otargos

Dimanche 3 octobre 2010

Ninkasi Kao, Lyon

Dimanche ? C'est jour de messe. Ou lendemain de cuite, pour être plus réaliste. Et, accessoirement, concert sur Lyon. Ce qu'il y a de bien avec les concerts dominicaux, c'est que cela a tendance à faire le tri. Disons qu'on n'y retrouve que les gus vraiment motivés par l'affiche. Ou les chômeurs. Ce qui n'empêche cependant pas de croiser des petits culs de gothiques ou assimilables. Oui, les femmes, pour ce qui est de montrer leur tenue de soirée, c'est tout les jours dimanche. Exceptée la dentelle de vampire, on pouvait croisée quelques gonzesses sapées avec goût. Comme quoi, la couleur, qu'on ne trouve pas dans ce genre de soirée, c'est de l'ordre du superflu. Moi, ce qui m'importe, outre son froc slim en cuir, c'est son teint, à la donzelle. Un beau teint d'ivoire, virginal, c'est déjà beaucoup. Bref, la salle du Kao, ça faisait un bail que je ne m'y étais pas risqué (faut dire que le Lyon's Hall avait eu de quoi satisfaire les envies de black metal). Mon dernier concert, dans cette belle salle de 500 places, avec bar et bière maison, datait de novembre 2004 et, je vous le donne en mille, de l'affiche DISSECTION / WATAIN. Six ans après, WATAIN est donc en tête d'affiche, appuyé de DESTROYER 666 et OTARGOS (une soirée Season of Mist quoi !).

OTARGOS, qui ouvre les hostilités sur les coups de 19h30, avait fait des débuts prometteurs, toujours en 2004, lors de leur passage dans un bar metal de Grenoble. Mais, depuis, force est de constaté que les gars se sont améliorés ! Le fossé séparant les deux dates fut vite comblé à coup de gros riffs dans la trogne. Effectivement, l'ambiance moderne de leur court set (une petite 1/2 heure) colle parfaitement bien avec leur black metal rapide, quasi machinique. Si l'on passe outre les armures en mousse à la Dark Funeral (pour grossir le trait), les gars, relativement statiques pour du BM, maitrisent bien l'exercice et imposent leur ambiance au public. Celui-ci, présent, à réagis somme toute normalement, cordialement même. Une prestation froide et violente donc, malgré le petit passage risible sur une présentation assez succincte de la religion chrétienne, bible en main. Une très bonne mise en bouche donc, digne d'une scène pro comme celle du Kao.

Otargos, Ninkasi Kao 3 octobre 2010

Otargos, Ninkasi Kao 3 octobre 2010

Otargos, Ninkasi Kao 3 octobre 2010

Après une courte pause, passée à l'air libre (prétexte à un froti-frota contre les culs de goths égarées, histoire de se frayer un chemin vers la sortie) puis au bar, l'on migre vers la scène pour se farcir les Australiens de DESTROYER 666. Et croyez moi, ces gars là ne jouent pas du didgeridoo ! L'assaut musical est de suite ordonné avec une première partie de leur set entièrement dédié à leur ravageur Cold Steel... For an Iron Age ! N'ayant jamais vu ce groupe en live, la forte ambiance thrash qui se dégage de leur prestation à de quoi surprendre : le public se déchaine tout en scandant les divers refrains cultes du groupe. Fort heureusement cela dit, car le son, médiocre, était devenu, entre-temps, un frein à la compréhension des morceaux pour le profane. Situation de profane dans laquelle je fus malheureusement plongée lors de la deuxième partie du show, plus particulièrement dédiées au dernier album que je ne connaissais pas, et même à un morceau inédit. C'est donc sur leur jeu de scène très énergique, leur compos redoutables, appuyées par leur choeur à 4 (chaque membre du groupe à son micro chant) que DESTROYER 666 à enflammé le Kao - même si le pogo était limité.

Destroyer 666, Ninkasi Kao 3 octobre 2010

Destroyer 666, Ninkasi Kao 3 octobre 2010

Nouvelle pause, plus longue, histoire de faire monter la sauce dans nos slips tous raidis à l'idée de voir WATAIN, bien que cela fut la troisième fois pour ma part. Et, surtout, pour prendre le temps d'installer un innommable fatras satanique d'arrière-boucherie. Si les balances sont vite torchées, la mise en place des différents totems, qu'il s'agisse de réceptacle en tout genre destiné à accueillir le feu watainesque ou des carcasses d'animaux, essentiellement de moutons, comme nous le sentirons par la suite, prend un bon 1/4 d'heure. Toutes tentures dressées et musique de cérémonie envoyée, le quatuor fait son entrée. C'est là que deux énormes tridents, alimentés en liquide enflammé s'allument de milles feux. Les incantations sonores sont bien vite déclamées à destination du public. Celui-ci réagit en choeur, non plus d'une façon virile et guerrière comme avec le groupe précédent, mais d'une manière nettement plus noire, que l'on ne peut apprécier que sur place. Les titres des trois dernières albums s'enchainent, dans un ordre dont la signification n'appartient qu'au groupe : mais d'une manière langoureuse et decrescendo pour essentiellement se mourir dans des titres du dernier album, Lawless Darkness, dont la qualité est d'ailleurs discutable. Cela dit, l'implication du groupe dans le jeu scénique, et plus particulièrement du chanteur, est telle que l'on se laisse happer par elle. Entre deux titres, cela va même jusqu'à améliorer le décorum et l'ambiance par l'allumage de deux vasques de feu supplémentaire... la température monte alors que l'intensité musicale, d'une certaine manière, décroît, ce qui fait tout le secret, à mon humble avis, du show. L'ambiance est si chaude que ces fichus tête de moutons, non contentes d'être fumées comme des jambons, par les dates successives, se mettent tout simplement à prendre feu (avec l'aide des divers bougies) et à rependre une douce odeur de viande putride, voire de kébab périmé. Motivé par une telle odeur, le chanteur balance un peu de sang, comme à son habitude, sauf que là, le nouveau cru n'était pas "sang et tripe de porc frais" mais "sang de mouton 10 ans d'âge"... les pauvres gus du premier rang, je les plains. En fait, WATAIN en live, cela ne se lit pas sur un webzine, cela se voit sur scène !

Watain, Ninkasi Kao 3 octobre 2010

Watain, Ninkasi Kao 3 octobre 2010

Pour conclure, c'est le genre d'affiche que l'on aimerait voir plus souvent, car, excepté lors de gros festos à la « mord-moi-le-noeud », l'on ne peut guère apprécier de bon groupe pour pas trop loin et pas trop cher (et surtout sans passer trois jours dans un camping à la con). Dans ce sens, remercions la bonne organisation assurée par MyReferencevents , sans problème visible, aidé par la bonne configuration du Ninkasi-Kao et une sécu assez soft bien que barrant l'accès aux voitures remplies d'alcool (l'absence de problème est surement liée à ce dernier point mais c'est la condition sine qua non, je présume, pour ne pas être relégué dans des squattes de zone industrielle comme le Lyon's Hall).

S.N.