16 & 17 octobre 2015
Jack Jack, Lyon
Durant ce troisième week-end d'octobre, le Black Arts Ceremony (qui se tenait à Lyon) allait ouvrir un nouveau chapitre de son existence. Organisé par l'association Wintermoon Productions, le festival avait déjà accueilli certaines pointures du genre lors des éditions précédentes (Horna, Behexen, Acherontas... pour ne citer que les plus parlants) qui partageaient l'affiche avec des groupes tels que Dux, Malkhebre, Myrkvid... Cependant, cette quatrième édition était porteuse d'une nouveauté. En effet, en plus du changement de salle, les concerts se tiendraient sur deux jours. C'est donc avec enthousiasme que nous faisons notre voyage vers le Jack Jack, dans la périphérie lyonnaise. Première constatation, le lieu est pour le moins " atypique ". En effet, la salle et la scène semblent de très bonne qualité, chose qui sera confirmée tout au long du festival. Mais la disposition générale du bâtiment reste difficile à adapter pour un tel événement. En effet, en faisant abstraction la garderie dans le hall d'entrée (qui ajoutait une certaine touche de légèreté dans ce monde de brutes), le bar était situé de l'autre côté de l'infrastructure par rapport à la salle (mais cela reste néanmoins un détail). Je profite du petit retard (environ 30 minutes, ce qui sera vraiment une exception dans l'exécution totale du week-end qui fut une véritable horloge suisse) afin de discuter un peu avec mes compatriotes helvétiques de Shaddai avant que ceux-ci n'ouvrent les hostilités. Peu à peu la foule s'amasse et les choses sérieuses peuvent commencer.
Jour 1
Shaddaï
Ce n'est évidemment pas la première fois que je vois le combo romand en action. Cependant, son frontman Kelen Ob, m'avait prévenu que ce set réserverait quelques surprises malgré les 30 minutes accordées au groupe d'entrée. Les lumières s'éteignent, l'intro est lancée et je suis déjà relativement étonné du nombre de personnes présentes pour ce premier passage en territoire français de la part de Shaddaï. Et la surprise promise fut de taille. En effet, la setlist était composée dans sa quasi-totalité de nouveaux morceaux. Le rythme s'est accéléré par rapport à ce que nous avions pu entendre sur la démo. Les dissonances ont pris une place prépondérante dans les musiques du combo qui montre ainsi une constante évolution par rapport à l'EP From Mute Remains sorti en 2014 sous le label suisse Asgard Hass. Tout en gardant son entité intacte, la formation nous propose un matériel qui n'est pas sans nous rappeler certains groupes tels que Svartidaudi (le côté islandais, mais sans la consanguinité). Les titres s'enchaînent à une rapidité hallucinante amenant ainsi un climat d'asphyxie et instaurant dès le départ une atmosphère de pesante dans la salle. Une autre surprise dont le combo ne nous avait pas habitué, c'est l'exécution d'une reprise. Fidèles aux sources, c'est alors que résonnent les notes du célèbre Funeral Fog de Mayhem. Je ne suis pas un grand fan des reprises en concert, surtout lorsque le groupe a suffisamment de matériel pour tenir tout un set et nous présenté exclusivement son œuvre. Cependant, il me faut avouer que la chose anima certaines personnes dans la salle et ne manqua pas de faire son effet. Le concert se termine et le public semble relativement content de la mise en bouche.
Caïnan Dawn
J'étais vraiment impatient de pouvoir revoir ce groupe français en action. En effet, leur prestation de l'année passée à l'Into the Void Festival d'Olten m'avait laissé un très bon souvenir. Fort d'un album sorti en 2014 chez Osmose Production, intitulé Thavmial, le quatuor nous offre un live avec un son ample et violent, fidèle à son habitude. Les titres tels que The Brood ou encore Thavmial ont tout à fait leur place dans un tels set et la transposition studio-scène se fait aisément. La voix est absolument incroyable et les riffs semblent ciseler les dernier brins de réticences chez certains. La foule s'amasse au fur et à mesure que le set dévoile tout son potentiel. Nous avons assisté au show de l'un des très bons groupes de la scène française et certainement à l'un des meilleurs du week-end.
Fides Inversa
L'intro des Italiens résonne et voilà qu'il nous faut nous dépêcher pour ne pas louper une seconde de ce qui s'annonce comme l'un des gros concerts de ce festival. Ce n'est pas tout les jours que nous pouvons assister à la performance d'un musicien qui occupe les postes de batteur et chanteur. En effet, ce dernier est une des figures de proue du black metal italien. Il suffit de jeter un œil sur internet pour se rendre compte de son implication dans nombre hallucinant de projets (Kult, Acherontas, Deathrow... Autant dire qu'il est un habitué du Black Arts). Le concerts commence est la qualité musicale de Fides Inversa fait vite son effet. Afin de donner suite au premier méfait Hanc Aciem Sola Retundit Virtus (The Algolagnia Divine) paru en 2009, le groupe à accouché l'année passée d'un nouvel album. Cependant, malgré la longueur des morceaux, le set réussira à faire part belle au deux galettes et de manière relativement équitable. Le concert commence alors avec l'excellent Decollatio et met directement les points sur les " i ". Le Dies Irae de Verdi qui, bien que peu original, apporte toujours son lot de claques dans la gueule lorsqu'il est (bien) placé. De plus, l'absence de micro sur l'avant de la scène (exception faite pour le bassiste qui se charge de faire quelques backing) rajoute un côté très intéressant à la performances et très vivant. Ce côté dénudé permet de contempler à quel point cette formation vit réellement son art. Mention particulière à l'un des guitaristes qui à lui seul semble faire converger toute la puissante des composition de part son implication scénique (le voir hurler les paroles tout en se torturant sur ça guitare est un spectacle qui mérite d'être relevé). Le reste du set est constitué de morceaux du nouvel album dont l'excellent IV (coup de cœur de votre serviteur) ainsi que Homicidium (présent sur leur premier album susmentionné) qui viendra clore ce set. Suite à cette prestation, nous pouvons dire sans hésiter que nous venons d'assister (encore une fois) à l'un des grands moments de ce week-end (et c'est loin d'être le dernier).
Merrimack
Place à l'un des groupes français que l'on ne présente plus. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu Merrimack en concert et j'espérais vraiment que ceux-ci changent la mauvaise image qui m'était restée d'eux. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Après une intro dissonante, le concert commence alors que le chanteur se frappe la tête avec le micro (alors oui ça fait méchant, mais oui c'est du surfait). Comme à mon souvenir, les guitares sont faiblardes et le chant peine vraiment à me transporter. C'est dommage, car je trouve que leur discographie contient des pièces intéressantes à l'image de l'indétrônable Of Entropy and Life Denial. La seule surprise qui "colora" ce set, ce fut la performance d'une nouvelle compo intitulée Sights in the Abysmal Lure et qui nous donne à espérer une galette de qualité en tant que prédécesseur de The Acausal Mass. En bref, Merrimack est un groupe qui, à mon avis, peine à se transposer sur scène. En espérant que la prochaine fois sera la bonne.
Throne Of Katarsis
Dernier concert de cette première journée, les très attendus norvégiens de Throne Of Katarsis. En effet, ce n'est pas toutes les semaines que la possibilité de voir ce combo sur scène se présente. Leur prestation au Sequane Fest de 2013 m'avait marqué au fer rouge. Malheureusement, cette fois, l'alchimie ne prit pas... Plus le concert passait, plus j'avais cette terrible impression de déception qui commençait à se nourrir de moi. Fatigue ou juste mauvais jour, je ne sais pas, mais même le morceau The Darkest Path (qui est LE titre de Throne Of Katarsis qui d'habitude me fait vibrer) ne prit pas. D'autant plus que les musiciens ne paraissaient pas être à leur sommet. Inattention de ma part ou réalité, il me sembla relever plusieurs " erreurs " sur l'exécution de certains morceaux (chose qui reste un simple détail). Mais cela reste un avis personnel. D'autant que la majorité de la salle semblait conquise par le show des Norvégiens et que les retours qui en résultèrent furent plus que positifs.
Le premier jour se termine donc et nous rentrons gentiment chez nos hôtes de la soirée (encore un grand merci à eux). Les événements plus qu'étranges qui animerons cette nuit haute en couleurs seront tenus sous silence afin de garder intacte l'intégrité mentale et physique de certains de mes camarades.
C'est donc frais (hmm...) que nous nous rendons au Jack Jack pour un second round avec ce Black Arts Ceremony IV. Première constatation, il y a déjà plus de monde qui daigna se montrer que lors de la soirée du vendredi. Néanmoins, je reste toujours surpris par le peu de fréquentation au vu de l'affiche... Que les gens ne viennent pas se plaindre le jour où plus rien ne se fera. Mais bref, revenons à nos moutons.
Jour 2
Maïeutiste
S'il y avait bien un concert que je voulais voir lors de ce festival, c'était celui-là. En effet, sorti récemment sous le label français Les Acteurs de l'Ombre, le premier album de cette formation passa inaperçu chez beaucoup de mes camarades, trop occupés avec le dernier Regarde Les Hommes Tomber. Néanmoins, quelle bonne surprise ce fut que de voir autant de monde présent pour ce concert. Et quel concert !!! S'il y a une chose qu'il faut relever, c'est la variété et la complexité musicale que nous livre le combo. En exemple, le break du morceau Absolution en aura étonné plus d'un (i.e. le passage lent avec ce son qui ressemble fortement à un saxophone... Mea culpa à mes amis saxophonistes si ce n'en est pas un). A l'image de l'album, le concert s'ouvre sur l'excellent ...in The Mirror... . Chose intéressante à relever, l'album étant divisé en trois " chapitres ", il faut saluer la cohérence du live qui propose les titres dans l'ordre d'apparition sur le CD. Que cela soit voulu ou non, il n'en résulte pas moins que cette suite de morceaux nous entraîne dans un véritable processus d'introspection. Maïeutiste tient bien son nom. Le matériel proposé par le groupe invite l'auditeur à un véritable travail sur soi de par ces quelques relents doom ou lors de ces montée soutenues par des blasts. Et ce ressenti me parut être encore décuplé lors de ce concert. Lumières, voix, énergie... Bref un groupe à surveiller de près et à ne pas manquer si l'occasion se présente à vous de les voir.
Borgne
Une deuxième formation helvétique, décidément je ne serais point dépaysé lors de ce festival. Borgne est un groupe qu'on ne présente plus et j'avoue ne pas avoir été très attentif à leur concert (les ayant déjà vu un bon nombre de fois). Le groupe donna, comme à son habitude, une performance carrée et forte. L'absence de batterie amène ce côté froid et aseptisé qui caractérise les performance scénique de la formation. Cet aspect est d'autant plus fort avec l'utilisation de samples, claviers, un jeux de lumière puissant... De plus, il est important de le noter, beaucoup de monde sera présent pour voir le groupe suisse. D'autant que Borgne vient de sortir son dernier méfait Royaume des Morts. Une bonne performance qui en aura ravi plus d'un à entendre les commentaires qui suivirent leur prestation.
Hetroertzen
Première expérience scénique de ce combo pour ma part. Ayant relativement apprécié leur album Exaltation of Wisdom (dont la majorité des titres joués lors de ce concert en seront tirés... Pour le plus grand plaisir de votre serviteur), j'étais relativement impatient. Première surprise, nous apprenons que ce ne sera pas Frater D qui se chargera du chant, prenant alors le rôle de batteur suite à l'indisponibilité de ce dernier pour cette date et celles de la tournée qui suivait. Ce sera donc à Anubis, guitariste de la formation, que fut confier la lourde tâche de mener cette " cérémonie ". Et le terme est en effet de rigueur puisque, dès le début du set, l'ambiance est plus que cérémonielle avec une intro où la salle est plongée dans l'obscurité quasi-totale. En ce qui concerne le concert, de part les obligation relatives à la salle, la scène sera plus "épurée" qu'à son habitude. Niveau musicale, ce changement de vocaliste n'est en rien dérangeant et il faut avouer que la performance est remarquable. Une voix grave et profonde qui va nous en mettre plein les oreilles dès le premier titre Like the Serpent jusqu'à la conclusion avec The White Priestcraft.
Baptism
Encore un autre groupe qu'il me tardait de voir (décidément, ce deuxième jour fut bien rempli). Le black metal finlandais à toujours ce " je ne sais quoi " qui me fait vibrer. Après 15 ans d'existence, le projet de Lord Sargofagian est toujours au sommet de sa forme et ne va pas manquer de le rappeler. Entamant leur show avec le titre Chalice of Death tiré de As the Darkness Enters, le groupe nous livre ici une prestation plus que bonne que je peux sans hésitation placer parmi les meilleures du week-end (aux côtés de Maïeutiste). Les riffs, bien que peu originaux, n'en perdent pas leur tranchant. Seul point sombre sur le tableau, le côté scénique est quelque peu banale et statique. Néanmoins, je me laisse transporter durant ce set qui comporta certaines perles telles que la sublime Morbid Wings of Sathanas.
Dead Congregation
Les Athéniens de Dead Congregation étaient un des nombreux concerts très attendus de cette édition. Fort de leur second album, Promulgation of the Fall, sortit l'année passée, les murs du Jack Jack allaient recevoir une claque qu'ils n'étaient pas prêts d'oublier. Le combo évolue dans un registre nettement différent du reste du festival en nous proposant un death metal violent et sans concession. Bien qu'aux premiers abords le changement peut paraître brutal, les compositions offrent néanmoins un taux de noirceur assez élevé et le public va très vite se déchaîner devant la brutalité des Grecs. J'avoue ne pas bien connaître la discographie du groupe, à part l'album susmentionné. Mais malgré cela je me laisse quand même bien entraîner par le matériel proposé et en ressort de la avec les tympans meurtris.
Deströyer 666
Tête d'affiche du festival, les australiens dégagent autant d'enthousiasme chez moi que la quantité de charisme possédée par un tétraplégique... Bien que le monde soit venu en masse pour accueillir les Australiens, je ne vais pas tenir plus de dit minutes à leur show. Non pas que la musique soit mauvaise, au contraire il m'arrive d'écouter Cold Steel... for an Iron Age ou encore Phoenix Rising. Mais je ne vais vraiment pas réussir à rentrer dans ce concert et celui-ci ne va pas réussir à m'y faire rentrer non plus. Avec toutes les éloges qu'on m'avait fait sur ce groupe en live, j'avoue être totalement déçu. Peut-être que je n'étais pas dans le bon état d'esprit pour ça. D'autant plus que beaucoup de gens m'ont donné des retours positifs par la suite. Quoi qu'il en soit, le festival frappa juste en proposant ce groupe puisque la salle déborda de monde (bien que les festival ne fut malheureusement pas sold out).
Sektarism
C'est au groupe de funeral doom français de fermer ce festival. Quel dommage, la majorité du public quitta les lieux après le concert de Deströyer 666, laissant alors une salle presque vide pour Sektarism. Bien que la musique(... ou plutôt les incantation... ou non la cérémonie... enfin bref) du groupe soit assez difficile d'accès, il n'en reste pas moins que la prestation mérite d'être vue une fois. Ne serait-ce que pour la mise en scène. Tuniques, figurants,... L'importance de la dimension visuelle est indéniable. Sur le plan musicale, j'avoue que Sektarism en a dérouté plus d'un à en juger par le flux constant de personnes quittant la salle au fur et à mesure que les minutes passes. Mais pour ma part, c'est toujours un plaisir de voir cette formation en live tant l'intégrité des musiciens est apparente.
Le week-end s'achève donc sur une bonne note. Ce festival restera graver dans ma mémoire pendant un sacré moment et certainement pas que pour des raison de musicales... (comprendront ceux qui comprendront). Quoi qu'il en soit, je tiens à remercier Jacques et Wintermoon Productions pour leur dévotion sans faille et pour toute la passion qui a été mise dans cet événement. En espérant que le peu de monde ne sera pas le coup de grâce de ce festival.
Prochaine date proposée par Wintermoon Productions et à ne pas louper pour vous Lyonnais (et les autres) : Nightbringer, Lychgate et Corpus Diavolis le mardi 24 novembre 2015 à l'hôtel de la Musique de Villeurbanne. BE THERE OR BE DEAD !