22/05/2016
LE KLUB, PARIS
Affiche 100% black metal français au Klub en cette soirée pluvieuse du 22 mai. Quatre groupes vont se succéder prouvant de la plus brutale des manières que l'engeance noire ne rime définitivement pas avec maladresses et approximations, bien au contraire.
S'il tranche par rapport aux trois autres groupes, avec son black punk qui sent bon le foutre, Devilspit chauffe la salle voûtée du Klub avec énergie et une maîtrise certaine. On est d'ailleurs tout étonné d'y trouver à la barre Florian Doaré (chant et guitare), dans un registre très différent de son principal port d'attache, De Silence et d'Ombre. D'abord peu enclins à en goûter le charme cradingue,on finit pourtant par accrocher à ces crachats éjaculés à la vitesse d'un ado boutonneux. Etquand les gars serrent le frein à main pour l'énorme YouSuck, le point G n'est alors pas loin.
Bien entendu, Ende possède une toute autre envergure. Mené par I. Luciferia de Reverence, chanteur charismatique s'il en est, le groupe est très attendu. Malgré la taille réduite de la scène qu'éclairent des lights rudimentaires, les musiciens abattent le petit bois. Carrés et pros, ils ouvrent les vannes d'une froide négativité, en faisant la part belle à The Rebirth Of I (Den Glemte Skogen, Seul vers les ténèbres...)avant de piocher dans Whispers Of A Dying Earth et la démo The God's Rejects (Empty). Dommage toutefois que le gigantesque Une forêt de cadavres, extrait du deuxième opus, ait manqué à l'appel. Et s'il est permis de regretter que les nombreuses nuances de ces compositions aient été quelque peu sacrifiées sur l'autel de l'efficacité, force est de reconnaître que les Français ont livré une performance aussi féroce qu'imparable.
Mais on sent que le public s'est avant tout déplacé (un peu) pour voir Neptrecus, le régional de l'étape. Ca commence (enfin) à sauter partout et à pogoter. Il faut dire que, affûté, ce black metal royaliste est taillé pour la scène où il fait très mal. Au royaume de Neustrie, tiré de L'aube du déclin,suffit au groupe pour emporter la mise. Fiers Gaulois, Les cuirassiers de Morsbronn ou Verdun : Confession d'un ange brisé ne feront pas non plus de prisonniers. Là encore, les musiciens sont au taquet, appliqués et visiblement heureux d'être là.
Tête d'affiche, Malcuidanta quant à lui été impérial et evil. Fort d'un dernier méfait, Et la terre brûla..., aux allures de joyau noir, le quatuor montre d'emblée les crocs. La guerre nous était promise, nous l'avons eu ! Bien mûr, le public communie avec le groupe autour de ce black metal tel qu'il devrait toujours être : haineux et tranchant, glacial et lugubre. Le fait d'être grimés -ce sont les seuls de la soirée àadoptercet artifice -participe d'une aura malsaine qui plonge le concert dans une ambiance ténébreuse. On mesure enfin, combien Ayrhomm, le maître des lieux, a eu raison de s'entourer d'une formation désormais stable et techniquement irréprochable,son Malcuidant n'en est que plus redoutable, livrant un set écrasant chargé de fiel...
Au final, cette soirée sous le signe des arts sombres a tenu ses promesses, dommage que le public, par ailleurs sans doute un peu trop sage, n'aitpas été plus nombreux...