26/04/2017
Brise Glace (Annecy)
C’est le pas lourd que je me dirigeais voici quelques semaines vers ce boulot abhorré qui a pour seul mérite de me faire bouffer jusqu’à la fin du mois. A la descente du train en gare d’Annecy qui devine-je ? Qui aperçois-je ? Qui vois-je ? Nul autre que Patrice Guers, bassiste du LUCA TURILLI’S RHAPSODY qui, étui de basse à la main, partait prendre son TGV. Et votre serviteur de se faire le réflexion suivante : quand même, RHAPSODY, celui d’avant ce OV FIRE qui ne veut rien dire, d’avant les embrouilles avec Joey Di Maio, d’avant surtout le schisme tragique qui vit naître le LUCA TURILLI’S RHAPSODY, RHAPSODY a quand même été un putain de groupe. Et ce ne sont pas les sous-merdes à la mode genre Powerwolf ou Sabaton qui risquent de le remplacer.
Quelle ne fut donc pas mon enthousiasme à l’annonce d’une tournée de Rhapsody Reunion (!) célébrant les 20 ans de l’album Legendary Tales, au point de presque me faire oublier que… c’est bien l’album Symphony of Enchanted Lands (sorti l’année suivante) qui va être joué sur la tournée où l’absence d’Alex Staropoli pourtant co-compositeur et co-leader de RHAPSODY (avec Luca Turilli) à l’époque. Comptons pour péché véniel la présence de Patrice Guers en lieu et place de Alessandro Lotta (que personne ne regrette, en plus c’est Sasha Paeth qui s’est occupé des parties de basse en studio) et j’ai un doute quant au fait de savoir si c’est Daniele Carbonera ou déjà Alex Holzwarth qui cognait les fûts sur la tournée ayant servi promouvoir l’album.
Bref, ce line-up approximatif pour un anniversaire approximatif n’entame en rien l’enthousiasme des fans qui se pressent à l’entrée du Brise Glace ce 26 Avril 2017. Même ma sœur est présente, elle dont le dernier concert de metal était… RHAPSODY (au Transbordeur en 2002), c’est dire.
Le décor est déjà en place dès que nous pénétrons dans la salle. Pas celui avec un puissant dragon chevauché par un fier guerrier qui ornait la pochette non, un autre avec un gros lézard un peu pâlounet. Rhapsody Reunion n’a donc pas les droits sur l’artwork de l’époque. Encore une entorse au côté vintage de la tournée mais pas grave… dans quelques minutes la bande à Luca Turilli va débouler sur scène pour jouer certains de ses morceaux les plus mythiques. D’ailleurs le nom du groupe en première partie n’est pas mentionné sur les tickets. Et pour cause…
Après une courte introduction emphatique comme seul RHAPSODY sait les pondre, le groupe débarque sur scène sans aucun tour de chauffe. Le public n’en a d’ailleurs aucunement besoin, lui qui acclame Fabio Lione et ses comparses comme s’il attendait ce moment depuis 10 ans. Et c’est là que réside la magie de cette soirée : ce n’est pas qu’un concert qui débute mais bel et bien des retrouvailles entre un groupe que l’on n’espérait plus revoir et un public dont la ferveur n’a jamais diminué.
Pour les lecteurs qui ne seraient pas originaires des Pays de Savoie (personne n’est parfait), signalons que Dominique Leurquin et Patrice Guers habitent tous deux sur l’agglomération annécienne. RHAPSODY et ses fans hauts-savoyards ont donc un lien affectif qui se révèle particulièrement puissant ce soir. Fabio Lione entretient d’ailleurs cette relation tout au long du concert en interagissant beaucoup avec le public… qui ne demande que ça. Quant à Dominique Leurquin il a (presque) sans exagération donné des cours de guitare à un bon tiers de la salle, ce qui explique qu’il salue d’un clin d’œil ou d’un hochement de tête autant de monde dans les premiers rangs.
Il faut dire aussi qu’entendre les uns après les autres tous les titres de Symphony of Enchanted Lands là, en live, devant nous et sans que personne n’en ait jamais fait l’expérience avant (il s’agit de la première date de la tournée) est particulièrement jouissif. Tout le monde connaît les refrains par cœur comme si l’album était sorti hier et s’époumone à cœur joie dès que l’occasion se présente. Tout le monde sauf… moi qui suis en train de me battre avec un appareil photographique récalcitrant jusqu’à ce que la sécurité me houspille à cause du flash. Veuillez donc m’excuser pour la qualité déplorable des clichés qui illustrent ce live-report.
Retrouvailles entre le groupe et son public disais-je mais nous assistons aussi aux retrouvailles des musiciens entre eux. Tout dans leur attitude dénote cette complicité que les vicissitudes des différentes incarnations de RHAPSODY n’ont pas émoussée. Le concert d’EMPEROR au Wacken, il y a quelques années, donnait l’impression d’assister à une réunion de comptables un lundi matin ; ce soir c’est totalement l’inverse et la bonne entente entre les musiciens est flagrante tout au long du concert. Regrettons quand même l’absence d’Alex Staropoli, pour des raisons « historiques » déjà, et aussi pour le fait que Rhapsody Reunion a dû utiliser de nombreuses parties pré-enregistrées pour pallier à son absence.
Las… Le titre Symphony of Enchanted Lands est annoncé, joué par les musiciens, beuglé en cœur par le public, puis terminé. Rhapsody Reunion sort de scène et…
... Alex Holzwarth revient pour un solo de batterie, marquant ainsi le début de la deuxième partie de soirée. Le groupe balance alors coup sur coup : Land of Immortals, The Wizard's Last Rhymes, un (dispensable) solo de basse, Lamento Eroico, Dawn of Victory, The Rain of a Thousand Flames et enfin Holy Thunderforce. Soit un best of tiré des 5 premiers albums du groupe. Rhapsody Reunion repose les instruments, serre les paluches des premiers rangs, pose pour la photo avec le public puis le rideau tombe.
Les fans sortent alors avec le sentiment d’avoir assisté à un concert… pas vraiment historique non, mais quand même. Cette tournée est censée être un adieu des musiciens à la première partie de la carrière de RHAPSODY. Gageons qu’au vu de l’accueil du public (et pas seulement en France) elle ne soit que le début d’une nouvelle (rétro)incarnation d’un groupe décidément protéiforme.