Earache, 2006
Post-core atmosphérique, Suède
Album CD
Voilà l'un de ces albums bien difficile à chroniquer et c'est tout à son honneur. \"Somewhere along the highway\" est le quatrième album de ce groupe leader de la mouvance dite post-core dont il repousse encore plus loin les limites. J'avais encensé leur troisième album \"Salvation\" qui a d'ailleurs marqué la reconnaissance du groupe, \"Salvation\" équivalait en effet pour moi à une surprise musicale et j'étais très curieux de voir l'évolution de ce groupe à la forte identité à tous les niveaux. Le titre de cet album évoque un peu le titre du film \"Lost highway\" de Lynch et ce n'est pas forcément un hasard, car l'idée de ce quelque part indique bien l'idée de perte, et puis l'univers de Cult Of Luna est bien un univers urbain et moderne exprimant le désarroi. Parti en 2001 du post-core et engouffré par la porte couverte par NEUROSIS également issu d'un background hardcore auquel ils ont su adjoindre divers éléments notamment le post-rock pour créer un nouveau style aux antipodes de ses origines, Cult Of Luna a pour sa part, en quatre albums, considérablement évolué jusqu'à devenir très atmosphérique. Les 7 titres de cet album de 64mn sont particulièrement longs et on se perd parfois en chemin, les morceaux très progressifs donnant naissance à des sous-morceaux qui eux-mêmes servent de transition vers le morceau suivant. Cette fois-ci l'impact des sonorités post-rock est encore plus présent ainsi qu'un côté planant très prononcé et on retrouve toujours les caractéristiques de base du style de Cult Of Luna: ces guitares saturées, massives, pesantes, parfois doom comme dans le début du morceau \"And with her came the birds\" toujours accompagné du chant typique de Johannes, un chant déchiré, à la sonorité à la fois core et lamentative. Cette partie massive côtoie des éléments et des parties plus éthérées que jamais, le tout toujours très mélodique et émotionnel. La musique de Cult Of Luna est extrêmement riche et travaillée, on est bien loin d'une musique prête à consommer, il s'agit plus d'une expérience; l'aspect progressif est plus développé que jamais; certains passages paraissent cependant au premier abord vide et un peu trop planant à mon goût, délaissant parfois l'agressivité, mais pris dans l'ensemble, ils se révèlent judicieux même si parfois un peu longuet cependant. En fait les émotions, atmosphères et sonorités développées sur ce quatrième album se révèlent inédites; la musique est d'une grande variété tout comme les sonorités, rien n'est là au hasard pour combler du blanc car tout semble extrêmement travaillé pour créer quelque chose de nouveau, à la fois très mélodique, émotionnel et atmosphérique et pourtant à l'aide de guitares puisque n'oublions pas que la formation comporte trois guitares. Deux titres se révèlent d'une intensité particulièrement forte: \"Finland\", le second morceau, après l'intro, et le morceau \"Dark city Dead man\" qui clôt l'album au summum de son style. Malgré quelque longueur planante au milieu de l'album, \"Somewhere along the highway\" se révèle justement comme une expérience émotionnelle que le groupe retranscrit très bien sur scène: un album de très grande qualité bien loin de tous ces albums fadement consommables.