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Frozen Darkness : Carpe Noctem

FROZEN DARKNESS - Carpe Noctem

Negra Nit Distro, 2008

Black Metal, France

CD-R / K7

La bande d'Adramor sévit de nouveau avec ce split au titre fort en références et en connotations, sorti en 2008. Carpe Noctem... Pour les latinistes et les étudiants en Lettres, nombreux à nous lire, nul besoin de préciser qu'il s'agit d'un pied-de-nez à la célèbre devise épicurienne Carpe Diem (à traduire par " cueille le jour "), qui invite à profiter de la vie en chaque instant, chaque section de temps étant irrattrapable a posteriori. " Cueille la nuit ", donc... La nuit fascine, et pour cause. L'obscurité effraie, rappelle les abîmes et le temps du règne des prédateurs. La nuit offre de nombreuses possibilités, qui ne seraient pas admises le jour. Son atmosphère est mystérieuse. A l'instar des musiques de Frozen Darkness et Enodre.

Les quatre premiers titres de ce split sont consacrés à Frozen Darkness . Le son de la guitare, toujours saturé à souhait, reste bien dominant. La batterie est étouffée, apportant au tout un équilibre bien jaugé. Le chant hurlé est justement posé et les paroles, en Français, sont clairement compréhensibles (rare !). Et malheur à ceux qui ne jurent que par l'anglais. Certes, je l'admets, la langue de Molière s'est trouvée " ringardisée " par nombre de groupes de grind ou de death, et leurs petits frères les préfixant en « néo »... Sans oublier le côté marchand, qui impose l'anglais comme condition d'exportation. Sauf que l'équation fonctionne très peu. Mais bon, cette chronique n'étant le lieu pour débattre de ce type de considérations, je ne m'attarderai pas davantage sur ce point. Ce qui est sûr, c'est que Frozen Darkness est le benjamin de cette famille de groupes, comme Seth à son époque, qui soutient la langue française par le biais de ses compositions. Les thèmes de prédilection de Frozen Darkness restent empreints de démonologie et de misanthropie. Le titre La Renaissance du Diable est une bonne entrée en matière, à la litanie tonitruante. Puissants et spirituels, Seigneur du Meurtre et Rituel sont, à mon sens, les meilleurs titres de cette partie. Un véritable appel à nos profonds ressentiments. Le titre Melancholia est un instrumental guitare, qui clôt de façon austère le premier chapitre du split.

La partie dédiée à Enodre (sept titres) transpose l'auditeur dans un univers plus léger et enchanteur. Une fractale de mélodies s'y déploie. Le titre Carpe Noctem, qui a donné son nom au split, est un des plus marquants. Il s'agit d'un instrumental entièrement réalisé au clavier. Il est en symbiose avec la pochette de l'album, qui semble représenter, une nébuleuse galactique, lointaine et en suspension. Un amas de nuages rougeoyant, ouvrant une porte vers les ténèbres. La piste Les Méandres de la Tristesse m'a rappelé, avec plaisir, la bande originale de Twin Peaks (du zèle d'amatrice de Lynch, je le concède), composée par le musicien fétiche de David Lynch, Angelo Badalamenti. Dans la rythmique et la façon aérienne d'interpréter l'angoisse du néant, il y a en effet quelques similitudes.

La troisième section de ce split est de nouveau consacrée à Frozen Darkness . En réalité, il s'agit de la démo quatre titres Ages Obscurs , sortie en 2006 en quarante exemplaires CD autoproduits, et en cent cassettes produites par Ars Funebris Records . Cette fois donc, attention, c'est alambiqué: 100 des 300 exemplaires sortis chez Negra Nit Distro contiennent cette troisième partie " bonus " Les 300 exemplaires sortis en tape chez Terror Cult Productions la contiennent tous. Je ne vous referai pas le topo sur la très bonne démo Ages Obscurs, pleine de haine et de " noirceur impénétrable ", pour reprendre les termes d'Adramor, et vous invite vivement à aller lire la chronique de La Horde Noire publiée à l'occasion de sa sortie. Un très bon terreau pour Frozen Darkness.

Myhra - 7,5/10