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Nydvind : Tetrametal II - Telluria

Malpermesita Records, 2025

Pagan Black Metal, France

Album CD

Deuxième segment de la tétralogie baptisée "Tetrametal" consacré aux quatre éléments, "Telluria" survient sept ans après "Seas Of Oblivion". Auteur de seulement quatre disques en 25 ans de carrière, Nydvind n’a donc toujours pas appris à être plus productif. Ce n’est pas si grave. Mieux cette rareté rend finalement chacune de ses offrandes plus précieuse encore.

Comme son titre l’indique, "Telluria" s’inspire du thème de la terre qui dicte aux Français une direction musicale plus lourde, plus doom. Plus mélodique également. Du black metal viking des origines ne subsistent plus guère que quelques oripeaux tels que les chœurs majestueux soufflant sur ‘Thanetian-Sublimity’. La signature de Nydvind n’en demeure pas moins toujours aussi reconnaissable. C’est au premier chef dans ces accélérations qui jaillissent brutalement (‘Heart Of The Woods Part II’) que celle-ci se révèle la plus prégnante tandis qu’un titre comme ‘Dance Of The Ages’, avec son intro typique du groupe et le chant âpre de Richard Loudin, aurait presque pû se glisser dans un des opus précédents. Presque car il y a cette césure atmosphérique étonnante (et superbe), tout en voix claire émotionnelle, annonçant une dernière partie aux teintes célestes,  qui rompt avec ce que le groupe proposait jusqu’à présent.

Chacun des six morceaux qui composent le menu suit ainsi un chemin sinueux qui ne cesse de surprendre. Amorce longue de près de dix minutes, ‘Telluria’ galope à travers des paysages épiques, parfois rapides et très black mais toujours empreint d’une solennité dramatique. A l’autre bout, ‘Into The Pantheon Of Absinthia’ prend son temps pour dérouler une trame engourdie et totalement doom dans sa puissance envoûtante. Tertre massif, l’album est lourdement enraciné dans la terre qui symbolise le passé, l’héritage et impose la lenteur du temps long. Celui des hommes mais surtout celui de la nature qui façonne, pétrit un environnement à la fois immémorial et fragile, noble et douloureux. Fort de multiples nuances, à la fois tellurique et hypnotique, "Telluria" se nourrit de cette dualité qui lui confère toute sa force et sa beauté tragique, à l’image du déjà cité ‘Thanetian-Sublimity’, dont la pureté des traits s’allie à une colère souterraine. Fruit d’un beau travail d’écriture et d’ambiances, tout en progression et nuances, l’œuvre impressionne plus particulièrement par la variété des lignes vocales, agressives ou parlées, caverneuses ou aériennes.

On peut l’affirmer sans hésitation : pensé dans ses moindre détails, "Telluria" s’impose comme l’album le plus abouti de Nydvind, plus posé et atmosphérique mais non moins sombre et puissant. Le groupe a évolué sans perdre son essence et sa noblesse. Désormais la question la plus importante n’est pas de savoir quand sortira le troisième volet de la tétralogie mais quelle en sera sa couleur… 

Childeric Thor - 8.5/10