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Wardruna : Gap var ginnunga

WARDRUNA - Gap var ginnunga

Indie Recordings, 2009

Ambient, Norvège

CD

Apaisante, sereine, énigmatique... La musique de Wardruna est une échappatoire. A la fois pour les auditeurs et pour le groupe lui-même. A l'origine de la formation de Wardruna, (en 2002), la volonté du membre fondateur, Einar \"Kvitrafn\" Selvik, de s'éloigner de ses projets purement orientés metal. Et, effectivement, hormis quelques passages à l'allure très légèrement martiale, les compositions de Wardruna sont à mille lieues de Sahg, Mortify, Jotunspor, ou Gorgoroth, formations dans lesquelles Kvitrafn a successivement officié.

Nulle brutalité en effet. Seulement un enveloppant mysticisme. La musique de Wardruna est empreinte de paganisme et de magie. Premier album du groupe, Gap var ginnunga est le premier volet d'une trilogie dont l'idée a vu le jour en 2002. Le but annoncé de cette épopée en trois parties est d'offrir aux caractères de l'alphabet runique (l'Elder Futhark) une transcription musicale. Chaque code (rune) représente en effet une énigme, un concept, ou un principe ésotérique tiré de la tradition orale. La légende dit que les vingt-quatre runes sont un cadeau d'Odin. Leur usage était réservé aux druides, socialement habilités à les traduire.

Au tour de Wardruna de donner un corps poétique et musical à ces signes... L'album met en avant l'instrumental. Beaucoup de percussions, et des vents très présents. Le souffle revêt une importance capitale, et mène en quelque sorte la danse, produisant un effet des plus berceurs. Rares sont les sons de clavier. Le monopole est accordé aux instruments traditionnels très usités dans la musique folklorique norvégienne. La guimbarde, les tambours, et surtout le \"violon viking\" (hardanger fiddle), dispersent leurs fines ondes caractérielles, à la fois poignantes et reposantes.

Dans un tel contexte, les voix s'entremêlent et se fondent dans les mélodies avec une grande harmonie. Très présentes, elles n'en demeurent pas moins secondaires dans l'esprit créatif de Wardruna. Par moments, la voix fine et haut perchée de Linda Fay Hella, se démarque (qui rappelle en certains points celle de Björk), notamment sur des titres comme \"Bjarkan\" ou \"Algir -Tognatale\".

Du reste, comment parler de Wardruna sans évoquer Gaahl, qui s'illustre ici dans un style dont il est tentant de le croire éloigné. Et pourtant, de chant clair en vrombissement (\"Thurs\"), en passant par les nombreux chants en choeur (superbes), sa contribution ne paraît jamais décalée.

Le titre final, \"Dagr\", sonne comme un vivifiant dénouement... A l'arrivée, Gap var ginnunga est un album sublime, qui invite à un moment d'évasion. Les amateurs ne pourront que s'impatienter de voir arriver les deux prochains volets. Kenaz (Patience).

Myrha - 9/10