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Gorgoroth : Under The Sign Of Hell

GORGOROTH - Under The Sign Of Hell

Malicious Records, 1997

Black Metal, Norvège

cd

Quelle éloquence et quelle prestance cet Infernus, unique membre d'origine du cannibale Gorgoroth, la Chose dont le line-up aura maintes fois varié. Les coupables maudits qui ruinent nos tympans de délectation excrémentielle se révèlent être ici notre Infernus (guitares), Pest (hurlements), Grim (percussions), Ares à la basse sur le premier morceau. Troisième album cd, Under The Sign Of Hell est un opus qui sent bon le ressentiment, l'exécration farouche. Il reflète ce sentiment qu'on n'est pas démuni pour exprimer des émotions intraduisibles ou des propos incohérents qu'on pourrait lâcher devant une blouse blanche.
Ce n'est pas une batterie qui ouvre le bal, ce sont des coups de boutoir, une rafale de masses qui s'imprime dans l'inconscient. Revelaton Of Doom impose un ton innommable, une tourmente rythmique dont on se drappe avec bonheur. Grim cogne tout ce qu'il peut sur des tonneaux délabrés qui ne tiennent plus que par la rouille. On rentre ensuite en harmonie avec Krig, les riffs déments et outrageusement délicieux de Infernus provoquent indubitablement un réflexe autistique qui atteind des sommets avec le troisième morceau, Funeral Pocession. Une harmonie mortuaire pleut sur les riffs tristes et résignés d'un Infernus au mieux de son art. Les guitares pleurent au rythme d'une double grosse caisse dévastatrice. La basse nous accompagne aux milieu des lamentations d'un Pest éprouvé. Les hurlements du sieur assènent des plaidoiries meurtrières. Je ne comprends malheureusement pas le norvégien dans le titre suivant, encore moins la vulgaire et prétentieuse langue de Shakespeare, mais les imprécations pestiennes accélèrent une perte intellectuelle.
Postludium est un mot d'ordre de ralliement, une invocation des forces maléfiques, bref interprétables de la part de tout un chacun.
Odeleggelse og Undergang est un bel exemple de finesse, de qualité pesante, nuisible, maladive dans la belle composition du génie gorgorothismique. Les passages lents de guitares sont un don ténébreux, on touche au divin malin, un registre que côtoie nos séditieux personnages. Infernus joue sur du velours, assurément conforté dans son talent incontestable.
La transition entre The Rite Of Infernal Invocation et The Devil Is Calling en est la preuve et démontre toute l'inspiration de Infernus. Il évolue allègrement au milieu des eaux troubles du Black (il va peut-être bientôt marcher sur l'eau lui aussi).
Si ce n'est pas l'oeuvre la plus aboutie, il n'en reste pas moins la plus intéressante dans ses compositions : outre la qualité musicale et des hurlements, les quelques passages de tempo moins virulents relativisent le brut de décoffrage qu'on distingue à la première écoute.
Je ne peux que vous encourager à l'acheter bien qu'il ait été réédité Chez Season Of Mist. Un enregistrement je m'en foutiste honteux qui laisse des blancs entre les morceaux comme une contre-façon. Débilité profonde, débilité commerciale, les injures ne sont pas assez nombreuses. Et c'est le cas pour les autres fabuleux Pentagram et Antichrist.
A noter la très belle pochette d'origine : le négatif d'une photo de paysage et à l'intérieur de la pochette on peut deviner Infernus dans une attitude christique.

mönnos - 9,10