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Antropofago

Death metal, France

22/12/2020

 

A l'exception d'un EP en 2018, Antropofago n'avait plus donné signe de mort depuis plus de cinq ans. "A Propensity For Violence... Cruelty Enslavement" marque donc le grand retour de ces garçons-bouchers grâce auquel ils nous livrent une véritable leçon de death brutal et technique comme il se doit. Ca va saigner ! A cette occasion, Gordon et Clément ont répondu aux questions de la Horde Noire. 

 

1) Tout d'abord un très grand merci pour cette interview pour la Horde noire, Antropofago vient de sortir son nouvel album mais avant pourriez-vous nous présenter le groupe depuis la création de celui-ci ?
Gordon : Bonjour et merci à vous !Antropofago est un groupe de Brutal death technique monté officiellement en 2010 lors de la sortie de la démo. En fait, le projet a été pensé quand j ‘étais encore sur Paris, fin 2006. Le fait de déménager dans le sud et de m'apercevoir qu’il y avait quasi pas de groupe de Death m’a poussé à fonder ce groupe. De 2007 à fin 2009, j’ai composé comme un taré, fait un tri et gardé quelques titres pour la démo. Ensuite j’ai recruté les musiciens manquant et on a attaqué les concerts. Simple, basique. Ensuite premier album, second, concerts eeeeet gros stop en 2016 quand quasi tout le monde est parti. Avec Clément on a continué de bosser et on a trouvé les bons musiciens. Nous revoilà !


2/ Vous avez, depuis un an il me semble, un nouveau chanteur en la personne de Eris (Caligula...). Comment s’est réalisée son adoption et qu'apporte-t-il à Antropofago ?
Gordon : Il apporte beaucoup de mauvais goût, des casquettes et des chaussettes aléatoires !! hahaha On se connaissait de loin, comme beaucoup de musiciens du coin. On a auditionné un batteur qui n’avait pas le niveau mais il connaissait Eris et lui a dit qu’on cherchait un chanteur. On s’est rencontrés et on a bien accroché. Quelques minutes en répète et je savais qu’il serait nickel pour nous. Il n’a fait que deux titres sur cet album, le reste a été fait par notre (désormais) ancien chanteur studio, Trivette (ex Krono, Diluvian, Redeeming Torment), qui lui est un pur deatheux bourrin là ou Eris a une grosse affection pour le deathcore et autres styles en core. Ses différentes techniques vocales apportent beaucoup. Les deux titres sont très bien, mais pour lui ce n’était qu’un échauffement, première fois qu’il chantait sur des morceaux de Death Tech. La suite va être très sympa au chant. Très varié.


3) Votre nouvel album "A Propensity for Violence... Cruelty Enslavement" est sorti le 15 janvier. Cet opus est d'un côté tout en violence mais avec de nombreux passages subtils. Pouvez-vous nous décrire le processus de création (pour les quatre nouveaux morceaux) et nous parler de vos intentions avec ce superbe album ?
Gordon : C‘était très simple. J’ai changé d’accordage et j’ai voulu voir ce que j’arrivais à composer avec cette nouveauté. Il y a du coup un côté très direct, efficace, bien méchant. Tout
en gardant notre touché technique et subtil… Ah oui, j’ai aussi augmenté le tempo… encore... Et je vais être honnête avec toi, cet album je l’adore. Mais il est là surtout pour nous permettre de tourner quand ça sera possible et aussi d’ouvrir la porte versle prochain album qui sera extrêmement ambitieux !


4) Le style de votre musique est clairement du brutal death metal technique. Parmi les nombreux groupes qui font également dans le même style vous arrivez à sortir du lot par un excellent son où on distingue chaque instrument. Comment s'est déroulé l'enregistrement et le mix ?
Clément : On a repris la même formule qu’en 2018 (pour notre précédent EP) et je me suis retroussé les manches ! En 2019, j’ai définitivement ouvert mon studio au public (l’Onyx Studio). J’ai bossé avec quelques groupes et j’ai donc beaucoup appris et pratiqué. Je pense
que ça a donc eu un gros impact sur la production de cet album. Concrètement, on a tout fait à distance. On habite presque tous dans une ville différente, c’est difficile de faire autrement… Gordon enregistre toutes les guitares rythmiques de son côté. Il propose un son de guitare, on en discute histoire de le peaufiner puis je reçois toutes les pistes avec le son final. Les voix (Trivette et Eris) et la basse (Alexis Ruinier) ont été enregistrées à la maison. Quant aux pistes de batterie, elles sont programmées par Robin Lefaure qui est le premier batteur d’Antropofago. Concernant la direction qu’a pris le mix, je pense que le fait qu’on ait beaucoup de goûts en commun avec Gordon nous aide énormément : on sait où on va. L’idée c’était d’associer le son de grattes old school avec peu de medium qu’on affectionne avec d’autres éléments traités de manière plus moderne... sans pour autant éviter le gros son dopé à la compression à tout va, que je trouve fatiguant et dont on est abreuvé constamment à travers les prods modernes. Un dernier point assez évident mais qui mérite quand même d’être rappelé : la qualité des prises. Une prise pas trop en place, un peu faiblarde, qui manque de punch, ça ne se rattrape pas : ça se bidouille sans jamais arriver à quelque chose de convaincant. Et sur ce point, il y a eu beaucoup de travail en amont je pense de la part des autres musiciens pour m’envoyer des prises propres. Pour terminer, le mastering de Geoffroy a été très vite validé pour tout le monde, il a fait un super taff !


5) Quelles sont les plus grandes influences de Antropofago ? Vous venez du sud-est de la France, comment trouvez-vous la scène metal de votre région ? Des artistes à recommander ?
Gordon : Oh ben moi c’est pareil depuis 20 ans… Necrophagist, Hate Eternal, Nile, Spawn of Possession… Et quelques trucs plus récents genre Inanimate Existence, Archspire, Aethereus, Human. Et j’ai toujours en affection les groupes de black que j’écoutais à l’époque : Emperor, Dissection, Dark Funeral, Marduk etc.
Clément : Je suis un gros fan des groupes de death old school qui privilégient les gros riffs efficaces (Suffocation, Death, Anaal Nathrakh, Cryptopsy ou Hate Eternal) plutôt que les mélodies ou les breakdowns par exemple, qui sont, au final, minoritaires dans notre musique. Plus récemment, je pense à Archspire, Beneath the Massacre ou Vitriol. Sinon j’ai écouté beaucoup de black metal ces dernières années, que ce soit du post, du symphonique ou du death black (Emperor, Dissection, ...And Oceans, Anorexia Nervosa, Belphegor…) Concernant la scène metal dans le sud, elle était très active avant la pandémie et la programmation sur Toulouse (où j’habite depuis un peu plus de un an) était très riche et variée (merci aux associations qui font un super taff et qui se complètent à merveille !). Le premier nom qui me vient en tête c’est Aephanemer (death mélodique). J’adore leur musique et Martin et Marion sont d’une bienveillance sans limites. Je pense aussi à Nervengeist (black symphonique), Sviatibor (black atmo / pagan), Gofannon (neo folk), Lisieux (neo folk), Wegferend (neo folk), From Dusk to Dawn (metalcore), Witchthroat Serpent (doom) ou Deathbell (doom). Du côté de Montpellier, on a assisté à l’apparition de 2 groupes de slam / beatdown (Horror Within et Hanger Abortion) dernièrement. Bref, y a largement de quoi faire
quand les concerts reprendront !


6) L'artwork de l'album (Frank Ghibaudo) est sombre mais reflète parfaitement l'album. Vous avez aussi proposé une reprise démentielle d'une chanson de Machine Head. Ajoutez à cela des compositions variées... c'est un album pour le moins complet. C'était votre volonté dès le début ?
Gordon : Aussi bien que soit cet album, le fait que ce soit notre ancien Ep digital + 4 nouveaux titres, on sent bien que tout n’est pas lié de base. Ça donne un côté varié, d’autres y verront un manque d’unité. Ça reste 10 titres solides et efficaces.
Clément : J’ai aussi mis la main à la pâte sur quelques compos (Antinferno, Descent, Wrap of Flesh) donc nécessairement, on peut y voir des choses légèrement différentes de ce que fait Gordon d’habitude. Il n’y a pas eu de volonté de varier le propos mais de fait, vu les décisions qu’on a prises, oui ça a mené à ce résultat-là.


7) Avec un remix de vos anciens morceaux plus les quatre où est présent votre nouveau chanteur, pourquoi ne pas avoir sorti une toute nouvelle production avec Eris ? Cela pour le mettre directement dans le bain avant le prochain ?
Gordon : Premièrement je tenais à respecter le travail de Trivette. Ce sont ses textes, ses placements, son chant sur l’EP “A Propensity for Violence”, c’était hors de question que son travail disparaisse. Ensuite on a eu l’idée d’inclure des morceaux à deux chants, mais le temps nous a manqué… Même si à l’arrivée, vu qu’il est prêt depuis mars… On aurait pu. Les aléas de l’underground on va dire...


8) Si la situation sanitaire le permet, défendrez-vous cet album sur scène en 2021 ? Avec qui rêveriez-vous de faire une tournée?
Gordon : Oh oui qu’on veut le défendre ! On a désormais un batteur pour les lives, Théophile, qu’on forme en ce moment. La set-list est prête et bordel qu’elle est violente ! Après en tournée… Il y a en France quelques groupes avec qui on pourrait faire une affiche sympa… Exocrine, Abyssal Ascendant… Ça me semble être une idée à creuser…
Clément : Oui rien qu’en France on pourrait avoir une tournée cohérente et avec des groupes qui me parlent, voire qui ont bercé mon adolescence (Ad Patres, Gorod, Exocrine, Nephren-Ka et Benighted par exemple).

9) Encore un très grand merci à vous, je vous laisse conclure notre interview.....
Clément : Merci à vous pour cette interview ! Merci aussi à tous ceux qui nous soutiennent, ceux qui oeuvrent dans les scènes locales mais aussi dans la musique et la culture de manière plus générale. On espère revoir tout le monde sur scène ou dans la fosse rapidement, prenez soin de vous d’ici-là !
Gordon : Merci pour le soutien, à bientôt en live !

Mika Hell