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Inkisitor

Black metal, France

septembre 2011

Suite à la sortie de leur premier (et peut être dernier) album, il était temps de prendre des nouvelles d'Inkisitor. Le quintet n'est plus forcément aussi soudé mais le rouleau compresseur en 6 actes baptisé « Dysenvangelist » qu'ils nous ont laissé méritait largement cette entrevue avec Impia Fraus et Icons Blasphemer (Merci les gars !).

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1.Salut à vous tous ! Le premier véritable album du groupe vient de sortir sur Osmose prod. Avez-vous déjà des retours concernant cette nouvelle offrande ?
Impia Fraus : Assez peu en fait, hormis les avis des proches cela ne m'intéresse guère. Je ne cherche pas à savoir si ma musique plait aux foules. Elle me plait à moi, c'est le but. Si elle plait à d'autres, c'est du bonus. Si elle ne te plait pas alors vas voir ailleurs.

2. Est-ce que cet album est un aboutissement après de multiples demos, eps, mlp ?
I.F. : C'est vrai que l'on aura mis du temps pour aboutir à cet opus. Mais je pense que cela était nécessaire, c'est tout un processus qui a vu l'arrivée des nouveaux membres (tout d'abord sad & impia fraus, puis dhate & icons blasphemer.) Puis l'apprentissage de cette nouvelle formation, la composition en groupe, et la création de cette galette... L'enregistrement de dysevangelist a été aussi intense que la musique qui en résulte. Toute notre haine s'y est vue déversée. Certains d'entre-nous en ont gardé des cicatrices profondes. La suite de l'enregistrement a été parsemée d'embûches et de problèmes. Il a fallu se battre pour que cet album voie finalement le jour. Un accouchement dans la douleur en somme. Cela correspond très bien à la pochette... Pour ces raisons, et d'autres qui s'y sont rajoutées, le groupe est en stand-by. dysevangelist est donc le premier et peut-être le dernier album d'Inkisitor.

3. Comment avez-vous été signé sur Osmose prod, label présent dans l'UG depuis deux décennies, et qui n'est pas trop réputé pour signer des groupes non « bankable » ?
I.F. : Je crois qu'au début, peu de groupes étaient « bankable » lorsque Osmose les a signés... Mais ne perdons pas de vue qu'il s'agit d'un label, et que le but est de gagner de l'argent (sinon ça ne dure pas) tout en se faisant plaisir. Je pense donc que notre musique a bien plu à Hervé. Ainsi, lorsque la ré-édition sous forme de compilation CD n'a pu être finalisée avec Flamme Noire, il s'est montré intéressé.
I.B : Hervé reste un « die-hard » dans ce milieu et sa culture reste underground malgré tout ce qui peut être dit. Si son label est devenu ce qu'il est, il ne le doit qu'à lui même et à ses choix. Il suffit de regarder ses signatures du moment, je ne pense pas qu'on retrouve uniquement des groupes « bankables ». Pour finir, il permet à Inkisitor de bénéficier d'une distribution plus que correcte et ça reste le plus important.

4. Y avait-il d'autres labels sur le coup ? Si oui quels sont les critères qui ont déterminés le choix final ?
I.F. : Comme cette ré-édition c'était plutôt bien passée, nous avons naturellement proposé dysevangelist à Osmose. Il nous a proposé un deal qui nous convenait, et voilà, tout c'est bien passé avec eux. Personnellement, je n'ai pas cherché à contacter d'autres labels.

5. L'album est compact, puissant, malsain et terriblement efficace. Est-ce que ces termes correspondent au rendu escompté par le groupe lors de la composition des morceaux ? On sent une unité derrière ces titres et même si presque tout le monde a mis la main à la pâte on sent une réelle cohésion entre les morceaux. Est-ce seulement une impression ou tout cela est-il réel ?
I.F. : Merci pour tous ces qualificatifs! Lors de la composition, en effet, chacun apporte des éléments, des idées ou même des impressions pour que l'ensemble du morceau se combine au mieux. L'alchimie a généralement pris assez vite. Et nous avions tous la même idée sur le but à atteindre, l'aspect musical que nous voulions donner à cet album. De plus, nous sommes nos premières critiques. Donc nous n'hésitons pas à revoir/supprimer un passage pour que nous soyons pleinement satisfait du morceau. C'est le fruit de nombreuses heures de répét'. Nous avons aussi bien travaillé sur l'équilibre entre les fréquences, pour que les instruments n'interfèrent pas les uns sur les autres...

6.Peut-on parler d'un concept album avec les thèmes récurrents ? A ce sujet comment pourrait-on traduire le titre de l'albumDysenvangelist?
I.F. : Non, il n'est pas question de concept album. Le concept se serait plus Inkisitor dans son entité. On peut voir dysevangelist comme celui qui détruit l'évangile, qui produit un travail de dé-évangélisation. Le but premier est de détruire ou du moins renier le carcan judéo-chrétien dans lequel nous sommes tous baignés dès la naissance.

7.L'artwork est particulièrement soigné. Comment vous êtes-vous arrêté sur le choix de cette pochette ? A-t-elle été créée spécialement pour l'album ? Je pose aussi cette question car je sais qu'initialement une autre pochette était prévue....
I.F. : Ce fût le plus gros problème, sans doute. Une première pochette avait été ébauchée par nos soins. Malheureusement, le résultat ne fût pas tout à fait à la hauteur de nos attentes. Il était trop empreint d'un décorum qui ne convient pas à l'âme du groupe. Aussi, décision fût prise de revoir cela à la base. J'ai donc bossé avec silere-omnia sur la conception de cette pochette en reprenant l'idée directrice de la pression religieuse sur notre quotidien. Cette nouvelle pochette est pour moi l'incarnation pure de la musique de dysevangelist. A l'origine, PI66 voulait : « faire un son qui fasse penser aux geôles, à la crasse, l'humidité, les chaînes et la vermine. Une ambiance de possession dans la paille et le feu. »

8.Le label qualifie votre musique de Death Metal..... Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce terme employé sachant qu'il y a un côté Black qu'on ne peut pas négliger. Etes-vous d'accord avec cette appellation ? Est-ce un choix de votre part?
I.F. : Est-ce si important que de donner une étiquette ? J'apprécie l'alchimie entre la brutalité du death metal et le malsain du black metal. A l'origine, il n'y avait pas cette séparation des genres.
Je pense qu'Inkisitor se situe entre les deux. Aujourd'hui on étiquette la musique comme un produit de supermarché : pour atteindre une cible marketing, or, Inkisitor n'est pas un produit « labelisable ». Il y a les influences de 5 personnes dans la création de dysevangelist et le champ musical en dépasse largement le genre « métal ».
I.B : On revient aux sources, au départ du black métal tous les groupes émergents étaient qualifiés de « death métal », quand on connaissait la scène death de l'époque, certains ont du être déçu des skeuds qu'ils avaient commandés.

9.Je ne peux pas faire une interview du groupe sans poser la question de l'avenir. Il se peut que IKR ne continue pas son chemin de croix......Pouvez- vous infirmer/confirmer cela ? Sans entrer sans les détails (quoique cela pourrait être intéressant...), quels sont les problèmes qui font que le groupe ne pourrait pas survivre ? Comme je l'ai écrit plus haut je trouve l'album particulièrement réussi et pour moi ce serait une faute professionnelle de ne pas lui donner une suite !
I.F. : Je ne peux que te parler en mon nom. Mais comme dit plus haut, le groupe est en stand-by. L'un de nous a des problèmes de santé qui l'empêche de tenir son poste. De plus, lors de la finalisation de l'album, des tensions (pour des motifs extérieurs à la musique) sont apparues au sein du groupe. Tout le monde n'a plus les mêmes visions sur l'avenir, ni les même envies. Cependant, il n'est pas question que j'arrête définitivement la musique. Après une pause nécessaire, je pense que je reprendrais du service. Je suis sûr qu'il en est de même pour les autres membres. Peut-être même que certains de nous se réuniront... l'avenir le dira.

10.Vous avez sillonné la France pour donner des concerts. Est-ce en live qu'Inkisitor révèle tout son potentiel ? Je pose la question car je n'ai jamais eu l'occasion de voir le groupe jouer live mais je n'ai eu que des retours positifs concernant vos prestations ? Faut-il des conditions particulières pour jouer live ? Y'a-t-il des groupes avec lesquels vous rêvez de jouer ?
I.F. : Oui, dès le début, les concerts ont fait partie du groupe. C'était même une sorte de laboratoire pour les nouveaux titres. On se rend mieux compte en live lorsqu'un passage ne passe pas. Inkisitor joue beaucoup à l'énergie et je pense que cela se ressent dans le public. Des conditions particulières ? Tu veux dire matérielles ? Ou spirituelles ? Pour le premier, rien de particulier : frais de route, repas, alcool et couchage. Pas de cachet si c'est là ta question. Pour le second, même s'il n'y a pas eût de temps pour la balance, si le son sur scène est pourri, dès la première note, on est tous dedans !
Il y aurait beaucoup de groupes oui, mais peu importe si le groupe est déjà renommé ou encore inconnu, le principal c'est de faire un bon concert, avec des gens qui partagent notre passion.

11.Que représente pour vous un groupe comme DARKTHRONE ? C'est un groupe que vous reprenez sur scène... Il doit donc avoir une valeur spéciale à vos yeux. Dans un même registre, y a-t-il d'autres groupes que vous reprenez en live ?
I.F. : Les premiers albums black-metal de darkthrone nous ont marqués particulièrement c'est un fait. En concert nous avons également joué « black magic » de Slayer. Nous avons toujours de bons retours dans la fosse lorsque nous jouons ces morceaux. Ce qui n'a rien d'étonnant vu qu'ils sont tous deux incontournables dans ce milieu.

12.Ceci me fait enchaîner avec la question suivante : Quelles sont vos influences ? Est-ce qu'à titre personnel vous écoutez globalement les mêmes choses ou est-ce que vos goûts sont totalement différents ? A priori, tout le monde ne se retrouve pas totalement dans la musique du groupe car certains d'entre-vous ont des « side-project ».
I.F. : Comme dit précédemment, Il y a les influences de 5 personnes dans Inkisitor. Nous avons un « tronc commun » où nous nous retrouvons tous, mais aussi, chacun ses préférences particulières. Je pense que c'est ce qui fait la richesse musicale du groupe. Avoir un side-project permet d'essayer d'autres choses, Inkisitor n'est pas une prison. Un side-project n'est pas un danger pour le groupe, au contraire, cela peut même l'enrichir. Inkisitor est toujours resté la priorité, c'est le principal.
I.B : Comme le dit Impia Fraus, Inkisitor n'est vraiment pas une prison on peut proposer tous les riffs possible. Mais pour ma part j'avais besoin de tester de nouvelles idées issues de mes autres influences musicales moins brutales que celles proposées dans Inkisitor. Le deal a toujours été clair dans Inkisitor : de la haine, de la sueur, du sang et du blasphème..... C'est pourquoi j'ai créer SYKLISK NEDGANG car on y retrouve des influences complètement antagonique (son clair, instruments orientaux, ....) et puis ce side project devenu aujourd'hui ma priorité était aussi un moyen d'oublier tous les problèmes internes à Inkisitor dont je sentais la fin proche....me concentrer sur ma priorité la musique qu'on avait perdu dans Inkisitor en plus de celle de jouer avec des supers potes et s'éclater en live.

13.Quels sont les groupes qui vous ont fait vibrer dernièrement ? Etes-vous plutôt ouverts sur ce qui se fait de nouveaux ou êtes-vous plus conservateurs avec des albums de chevet qui tournent régulièrement sur vos platines ?
I.F. : Un peu des deux je dirais. Il y a des groupes que je suis depuis de longues années et certaines bonnes surprises de temps à autres. Mais honnêtement, je ne me tiens pas au courant des sorties plus que cela. Avec l'avènement des « myspace bands » et les home studios, tu te retrouves face à une tétrachiée de groupes plus merdiques les uns que les autres. Je n'ai pas suffisamment de temps à perdre pour trier l'ivraie. Je me fie plus aux conseils de certains proches. C'est un peu comme lorsqu'on s'envoyait des K7 audio par courrier !

14.Question incontournable de la part d'un vieux nostalgique : Que pensez-vous de la scène UG actuelle ? Peut-on parler de scène à part entière ? Est-ce un mythe que les ramollis du cerveau ayant déjà plusieurs décennies au compteur (comme moi) veulent à tout prix mettre sur un piédestal ? En tout cas vous avez dû tisser un sacré réseau de connaissances......
I.F. : Comme je viens de te le dire, je ne suis pas assez informé. Mais je pense que la scène ne peut pas se contenter que de la partie UG, cela forme un tout avec les gros groupes. Et puis, à partir de quel moment tu n'es plus UG ? Nous étions considéré comme UG, et après la signature Osmose, comme des vendus pour certains. Nous n'avons pourtant rien changé à nos habitudes. Crois-moi ! Je crois que plus d'un groupe qui se dit UG serait content de pouvoir enregistrer un album dans de bonnes conditions. UG, c'est avant tout un état d'esprit, et nous l'avons ! (Du moins je l'espère). Pour clore se débat, je terminerais par dire que UG ne doit pas être une excuse à la médiocrité.
Pour ma part, les rencontres se font souvent en concert ou liées à la réalisation de cet album. Mais le plus souvent possible avec des personnes physiques en face de moi ou au téléphone. Je ne suis pas trop internet-friendly! Au bout d'un moment, j'aime bien savoir à qui j'ai à faire, et ça ne se fait pas derrière un écran.
I.B : Impia Fraus a complètement raison avec internet des millions de groupes sont en « déformation » les bedrooms bands sont foisons mais rien ne sort vraiment du lot et se complet dans le virtuel. Rien ne vaut un putain de groupe qui compose de bon morceaux et qui arrache tout en live, la du coup il y a beaucoup moins de groupes en lice !!!! Pour citer quelques noms CHRISTICIDE (que tu connais bien) fait ça à merveille.

15.Voila, l'interview touche à sa fin. Merci pour le temps que vous y avez consacré tous autant que vous êtes. Je vous laisse conclure comme vous le souhaitez (et en espérant en annonçant de bonnes nouvelles concernant l'avenir du groupe).
I.F. : Eh bien, merci à toi pour ton intérêt et ton indéfectible support envers nous et la scène en général.

Lord Puke