02/06/2006
L'Usine, Genève
Après le festival Equilibre Music en décembre 2005, l'Usine propose cette fois-ci un festival consacré à un autre label genevois , Shayo, spécialisé dans le post rock et le dark folk. Comprendre ici dark folk heavenly bien différent de la mode dark folk militariste (toutefois promue par les personnes du label dans le cadre entre autres d'un superbe festival au Château de la Sarraz mais c'est une autre époque). Post rock et dark folk se rencontrent donc aujourd'hui. Jeune label des plus intéressants, Shayo organise donc son festival présentant ainsi ses différentes facettes, la poésie et l'émotion étant son univers, avec des artistes du label ou amis.
C'est Julia Kent qui ouvre le Festival. Ce n'est pas le premier passage de Julia Kent à l'Usine puisque celle-ci était déjà venue lors du concert de LARSEN en 2005 qu'elle avait ouvert. La voici de retour seule ce soir et uniquement pour présenter ses morceaux moins connu que les nombreuses formations à laquelle elle a contribué : Rasputina, Antony And The Johnson's mais également Black Tape For A Blue Girl sur l'album The scavenger bride. Julia s'investit donc de plus en plus dans des travaux personnels qu'elle compose et exécute seule avec son violoncelle, en créant des boucles qui se superposent à l'instar de Matt Howden pour un résultat très émotionnel et atmosphérique dans une atmosphère mélancolique et intimiste.
Puis c'est au tour de In Gowan Ring, également des Etats-Unis, dont Shayo a sorti l'album Hazel steps through a weathered home en 2002. In Gowan Ring était déjà passé au Moloko bar (situé également dans l'Usine) une année avant et je dois dire que la prestation ne m'avait pas vraiment marqué. IN GOWAN RING était alors réduit à sa plus simple expression, à savoir simplement son leader jouant des ballades folk et cela dans le cadre des Acoustic Sunday organisés par Shayo qui avait vu défilé Backworld à l'effectif très réduit égalemen. On peut facilement rapprocher cette formation d'In Gowan Ring ou encore Matt Hoden et Tony Wakeword (Sol Invictus). La prestation de ce soir est bien différente tant visuellement que musicalement. Cette fois-ci B'Eirth est accompagné d'une demoiselle au violon et de Yann de Shayo aux percussions ce qui donne clairement une autre dimension à sa musique, la rendant plus émotionnelle et également plus mystique. Visuellement cette fois-ci, il arbore un look folk tendance hippie, comprendre à la fois mystique et psychédélique, avec une guitare en forme de luth et surtout avec une mise en scène bien plus soignée que la précédente prestation, notamment au début avec une mise en scène rituelle à l'aide d'un calice sur fond de sons de cloches pour un ensemble dark folk mystique.
Puis Esthesie prend la relève dans un registre totalement différent. Ce groupe français est présenté comme une rencontre entre Blonde Redhead et Yann Tiersen. Concrètement, il s'agit d'un mélange entre rock alternatif et pop folk dans une atmosphère poétique dont la voix sensuelle de la charmante chanteuse y est pour beaucoup. Il n'y a pas d'instruments folk ici si ce n'est un peu d'harmonica exécuté par la chanteuse. Cette prestation de ESTHESIS - qui signifie " sensibilité " - dont s'était le tout premier concert s'est révélée agréable et sympathique malgré quelques maladresses inévitables et sans importance.
Vient enfin The Evpatoria Report qui a sorti son premier album Golevka sur Shayo. Ce groupe de post rock d'Yverdon a rencontré un fort succès. Pour beaucoup de ceux qui ne les connaissaient pas, cette prestation a dû être une révélation. Pour ma part, j'avais déjà vu le groupe au Romandie le 31 mai (2 jours auparavant) en première partie de The Appleseed Cast et j'avais été réellement séduit par leur musique. C'était un plaisir naturel que de les retrouver sur la grande scène de l'Usine différente de la petite scène du Romandie. Le groupe s'y est révélé tout aussi excellent en tête d'affiche. Leur post rock est ce qu'il se fait de mieux dans le style : progressif, avec des morceaux très longs, atmosphérique, très émotionnel avec surtout un violon mélancolique. Le tout est instrumental, sur fond de projections astrales, dans une ambiance à la fois sobre, touchante ou bouleversante comme sur l'excellent Taijin Kyofusho sur lequel s'est achevé cette prestation qui a clos un festival révélé être une réussite.
- Site d'In Gowan Ring : www.ingowanring.com
- Site d'Esthesie : esthesie.gandi.ws
- Page Facebook de The Evpatoria Report : fr-fr.facebook.com/theevpatoriareport