Behemoth / Kataklysm / Aborted

Affiche des plus alléchantes que cette soirée au Ninkasi Kao, organisé par l'association My Referencevents, organisation qui sera d'ailleurs irréprochable d'un bout à l'autre de la soirée. Ayant déjà eu le plaisir de voir Behemoth et Aborted au mois de juin au Hellfest, il me tardait de les revoir dans d'autres circonstances. Grosse tournée que celle-ci puisque les groupes ont parcouru l'Europe entière, donnant un concert chaque soir dans un pays différent. Behemoth donnait là son dernier concert de cette tournée, ce qui nous vaudra de nombreuses surprises tout au long de la soirée, Aborted et KATALYSM continuant ensemble la route...

La soirée débute pour ma part directement avec Aborted (ayant loupé les allemands de LYFTHRASYR). Que dire ? La salle est remplie, le public est bel et bien présent et prêt à foutre un putain de bordel. Les 5 musiciens feront leur apparition maquillés, à la grande surprise de tous. Sven nous expliquera par la suite que c'est une sorte d'hommage et de remerciement pour leurs potes de Behemoth. Qu'on se rassure de suite, Aborted, même maquillé de façon risible, reste une (grosse) grosse tuerie ! Content de jouer ce soir en France, le groupe va nous jouer ce qu'il a de mieux dans leur discographie. Les titres seront piochés principalement dans le petit dernier Slaughter & Apparatus : A Methodical Overture, ne laissant cependant pas de côté les excellents The archaic abbattoir et Goremageddon . Le chanteur lancera le premier et unique circle pit de la soirée. Voyant que la sauce prend comme il se doit, il se risqua même à mettre en place un braveheart sur le morceau The saw and the carnage done qui ne se déclencha pas au moment souhaité par le groupe mais qu'importe... L'entente entre les musiciens fait plaisir à voir, comme Sven avait pu me le dire quelques minutes avant de monter sur scène durant l'interview, le line-up actuel d'Aborted est solide et regorge de complicité. Inutile de dire que pour tout fan du groupe, voir un line-up qui se stabilise fait plaisir à voir. Le jeune batteur derrière ses fûts m'a impressionné par son niveau. Il a enchaîné les titres avec une aisance déconcertante ! Chapeau bas ! Sébastien (tête pensante de BALROG) viendra apporter avec ses solos le côté mélodique quasi paradoxale face à la violence des morceaux du groupe. On aura même le droit, voir le privilège, à la fin du set d'entendre le début de l'hymne behemothienne Chant For Esxhaton 2000 en guise d'introduction pour leur classique Meticulous Invagination. Inutile de rappeler que cela ressemble (très) fortement à un remerciement pour cette tournée. Le concert se terminera (déjà) laissant un agréable souvenir à l'ensemble de la fosse. Aborted existe toujours, son nouveau line-up est des plus stables et risque bien, cette fois-ci, de faire parler de lui dans le bon sens du terme...

Quelques minutes après seulement, c'est au tour des québécois de Kataklysm de fouler les planches. M'étant quasiment inconnu, je ne possède et ne connaît que leur dernier album studio en date In the arms of devastation, ce concert sera pour ma part une découverte. Comme dans la vie de tous les jours, il y a les bonnes et les mauvaises surprises, les bonnes et les mauvaises découvertes. Et là, à ma plus grande satisfaction, je viens de me rendre compte que Kataklysm est une machine implacable ! Transpirant l'expérience comme personne, j'ai assisté à un concert quasi apocalyptique. Mélangeant parties de blast où le tempo s'envole, avec d'autres beaucoup plus lourdes, posées (pachydermiques) les québécois ont continué le travail commencé par Aborted. Le chanteur, avec l'accent québécois forcément, dialoguera avec le public, n'hésitant pas à plaisanter afin d'instaurer une excellente ambiance. Mais si durant les pauses l'heure est aux plaisanteries, dès que les gratteux commencent à tâter du médiator, c'est une tout autre histoire. Ce sera le concert sans aucun doute avec le plus de slam/pogos et autres plaisirs métalliques. Là encore le sentiment d'avoir passé un grand moment fût de la partie. Très bonne prestation que celle-ci, prestation qui me donna une folle envie de me pencher sur la discographie (et pas des moindres !) du groupe.

C'est donc avec une certaine pression, au vue de la qualité des prestations d'Aborted et de Kataklysm que Behemoth va fouler les planches du Ninkasi. Ayant pourtant bénéficier de pas mal de temps pour tout installer, le début du concert apportera son lot de déception. Le groupe commence de la même manière que sur The Apostasy, en enchaînant l'introduction Rome 64 c.e et le morceau Slaying The Prophets Ov Isa. Alors si les premières secondes de l'intro ne laissent présager que du bon, dès l'arrivée des premiers riffs ça se complique. Le son est brouillon, le morceau est très difficilement cernable. On se rendra compte rapidement que Nergal a un problème au niveau des retours, ce qui empêche le groupe de se caler comme il se doit. Ce problème persistera sur les morceaux suivants. Malgré cela, le groupe arrive à reprendre le dessus et prend les choses en main. Nergal est un putain de frontman, il n'y a pas à chier. On remarquera que, comme son collègue Satyr (Satyricon), il s'est fait faire un pied de micro « atypique ». Alors même s'il ne termine presque jamais l'annonce de la compo qui arrive entièrement au micro, dès que la machine est mise en route, difficile d'arrêter ce rouleau compresseur qu'est Behemoth en live. Pour ma part, je ne suis fan (quasiment) que des premiers albums, très black. Le mélange black / death - d'ailleurs peut-on encore parler de black / death avec leur dernier opus ? - n'étant pas ma tasse de thé. Mais en live, c'est autre chose... Les musiciens sont charismatiques, c'est indubitable, mais surtout ils sont talentueux ! Tous ont un jeu exceptionnel, difficile de savoir où regarder, plein les mirettes que je vous dis ! On aura le droit à un crachat de feu au milieu du set par le batteur, comme si la salle, et le public, n'était pas encore assez chaud ! Les « classiques » du groupe seront bien entendu de la partie, je pense principalement à Chant For Esxhaton 2000, déjà entendu au cours de cette soirée. Nergal enfilera pour ce morceau un masque, chose qu'il n'avait pas fait d'ailleurs lors de leur prestation au Hellfest. La deuxième partie du concert, voire la fin, disons le clairement, partira un peu en vrille. Nergal, surmotivé et hyperactif, qui perd l'équilibre et tombe avec tout son attirail, de plusieurs dizaines de kilos à n'en pas douter. Sur Christgrinding Avenue, un gratteux s'arrose et, par la même occasion, se fait arroser de bière (cannette d'ailleurs qu'il décidera d'ouvrir avec les dents, avec, forcément, une coupure importante à la bouche au vue du filet de sang dégoulinant de celle-ci...). Sébastien (d'Aborted), sur une reprise de Turbonegro, dernier morceau qui sera joué par les Polonais ce soir, nous fait un petit coucou en deux temps, une première fois en caleçon et une deuxième fois avec une chaussette (oui oui, une seule...). C'est du grand n'importe quoi et putain, qu'est-ce que c'est bon ! Dernier concert de cette tournée oblige, on aura même le droit à un lancé de cymbales de la part du batteur (dont une qui ira jusque dans la fosse !) et à un jeté de guitare et de micro. Behemoth pratique une musique violente, peut en faire fuir pas mal avec tout leur aspect visuel, mais outre tout cela, c'est une sacrée brochette de rigolos ! On remarquera d'ailleurs, pour les plus attentionnés de la fosse, que chaque musicien avait sur son instrument un petit autocollant « I Love Vagina » de collé, du grand art...

En somme une grande soirée de passée. Behemoth ne fût cependant pas l'apogée de la soirée, comme pressenti, nous délivrant un bon concert, mais loin d'être le meilleur de la soirée (et aussi en comparaison à leur prestation à Clisson). Aborted, comme à son habitude, a marqué profondément les esprits et c'était d'ailleurs le but puisque c'était la première fois que le nouveau line-up se produisait à Lyon. Kataklysm m'a étonné, très étonné même, que ce soit par la qualité de leurs compos ou par l'expérience que le groupe a sur scène. Une soirée qui, malgré trois formations de death, chacune dans un registre propre il est vrai, fût sous le signe de la bonne humeur, de la déconnade et du grand n'importe quoi ! Bravo mes messieurs.

Caedes