27/10/2007
L'Usine, Genève
Il y a des concerts qui s'organisent à la dernière minute et puis il y a ceux qui sont marqués en rouge sur l'agenda depuis plusieurs mois. Ce Fjord Festival, qui s'est déroulé dans l'excellente salle qu'est l'Usine à Genève, organisé par Le Kab et Last Day of Winter, était prévu et surtout attendu depuis belle lurette. Quel affiche bordel de merde ! Alliant à la fois la découverte de petits groupes (je pense entre autres à CELESTE et SHELVING) et à des « grosses pointures » comme OVERMARS, IMPURE WILHELMINA et THE OCEAN, la soirée s'annonçait très bonne. Une seule ombre au tableau, que je préfère aborder de suite, résida aux nombres de groupes, peut être un peu trop élevé... Avec 7 groupes en une soirée, difficile de tout encaisser comme il se le devait. Surtout qu'il y a eu du retard (de sources ultra confidentielles, il semblerait que ce soit THE OCEAN avec deux heures de retard), ce qui décala toute la programmation jusque tard dans la nuit...
La soirée débute avec le groupe SHELVING, groupe composé de musiciens loin d'être inconnus au bataillon suisse puisque issus d'excellentes formations comme Forceed et Art of falling. Précisons le d'emblée, l'influence neurosisienne se fera ressentir une bonne partie de la soirée au sein des différentes formations. SHELVING ne dérogera pas à la règle. Malgré un set très court, une demi heure environ, le groupe arrivera à instaurer une ambiance des plus particulière dans la salle. Seulement instrumental, aucun sentiment de lassitude ou de linéarité ressortira de la musique du groupe. Une très bonne première partie qui ne laisse entrevoir que du bon. L'un de mes coups de coeur de cette soirée, incontestablement !
Après une très bonne entrée en la matière pour ce Fjord Festival, CELESTE monte à son tour sur les planches. Groupe français cette fois-ci, de Lyon plus précisément, je les avais loupés déjà quelques fois, pour des raisons diverses. Il me pressait donc de voir enfin le groupe sur scène. Je serais bref, si SHELVING a été mon premier coup de coeur de la soirée, CELESTE sera le deuxième. Musicalement, on pourra (peut être) reprocher au groupe une présence trop marqué au niveau des influences (Neurosis n'étant là encore pas très loin, ainsi que les premiers Isis), quoi que... Visuellement parlant, le groupe se rattrape largement. Aucune lumière dans la salle, seul chaque musicien portera une lumière rouge au niveau du front. Des flashs stroboscopiques viendront accentuer les parties plus rentre dedans du groupe. Original, ce concept colle tout particulièrement à la musique des lyonnais. Malgré quelques petits problèmes (le bassiste rencontrera un problème avec sa sangle au milieu du set), l'ambiance CELESTE va se mettre petit à petit à son tour en place. Une sacrée bonne découverte en somme, qui m'a donné une sacrée envie d'en savoir plus sur eux, ni plus ni moins ! À suivre de très prêt...
Deux concerts, deux franches réussites, la soirée ne pouvait pas mieux commencer. C'est le tour à présent de LOST SPHERE PROJECT. Là encore, les musiciens ne (me) sont pas inconnus puisque les deux gratteux sont ceux officiant dans l'excellent groupe de doom coreRorcal. Disons le clairement, la sauce n'a pas pris, ni avec moi, ni avec une bonne partie de la fosse. Pourquoi ? Plusieurs raisons me viennent à l'esprit. Peut être est-ce dû à une musique où la place de batterie est trop importante dans la composition, empiétant sur le travail des riffs ? Peut être parce que le chanteur a annoncé un morceau du nom de Suffer the Chidren et que j'ai été incapable de reconnaître s'il s'agissait d'une compo ou de la reprise de Napalm Death ? Peut être est-ce dû à la programmation de cette soirée où le groupe sortait de manière très marqué du lot, musicalement parlant ? Ou peut être est-ce dû à un certain manque d'originalité / efficacité dans les compos ? Peut être. Tout ceci pour dire que, malgré un putain de batteur derrière les fûts, la musique des genevois ne m'a pas convaincu, préférant de loin le projet Rorcal de certains de ces musiciens...
IMPURE WILHELMINA. Depuis le temps que l'on m'en parlait, ils font tout de même figure de référence dans cette scène Suisse, l'occasion de les voir commençait à se faire sérieusement attendre. N'ayant pas pu assister au concert donné la veille à Lyon en compagnie d'OVERMARS pour la sortie de Born Again (I pilot Daemon aux locaux Larsen à Chambéry oblige), l'attente ne fût repoussé que d'un jour. Ne connaissant, personnellement, que le dernier album en date, à savoir L'amour, la mort, l'enfance perdue, on ne peut pas dire que le groupe est pensé à moi en établissant la set list pour ce Fjord Festival. Seulement trois « anciens » morceaux, sauf erreur de ma part, seront joués ce soir, avec entre autre l'excellent Bleed alone et ses mélodies envoûtantes, sur 50 minutes de set. Avec un public conquis avant même que le groupe monte sur scène, ce concert sera sur ment dans le peloton de tête de la plupart des « festivaliers ». Pour ma part, l'avis sera mitigé. Pas déçu, mais pas complètement emballé non plus, les nouveaux morceaux ne m'ont pas entièrement convaincu. À réécouter en version studio afin de donner un véritable avis. Outre cela, il est clair que le groupe a un talent indéniable pour la composition et une expérience prononcé pour le live. Avec beaucoup de feeling dans leurs morceaux, leur set est passé très rapidement, pourtant plus conséquent que les groupes précédents...
Vient le tour d'OVERMARS à présent. Petit frottement de main, le groupe le plus attendu pour ma part de cette soirée monte sur scène. Attendu pour différentes raisons. Il y a tout d'abord cet excellent Affliction, Endocrine... Vertigo, premier album du groupe, qui tourne en boucle depuis plusieurs jours dont je découvre écoute après écoute de nouvelles subtilités. Outre cela, Born Again est sorti hier (qui a d'ailleurs aboutit à un concert à Lyon qui selon des sources proches était « énorme ») et nul doute que l'on aura un aperçu de la bête ce soir. Et pour terminer, tous les live reports que j'ai pu lire sur eux sont unanimes : c'est du très grand OVERMARS en live. Après une mise en place relativement rapide du groupe,, le chanteur nous annonce que c'est le dernier morceau de la soirée. Inutile de chercher plus loin, les lyonnais ont décidé de jouer Born Again, se résumant à un unique morceau, en entier. Dès les premières secondes, je ne peux m'empêcher de repenser à l'expression de Benjamin (batterie) que j'avais lu dans une interview : OVERMARS c'est six pantins désarticulés ! Un rapprochement avec le groupe Cult of Luna sur ce point me semble possible. Autre, et dernier rapprochement, pendant que j'y suis, que je pourrais faire serait avec le groupe Amenra. Pourquoi ? Parce que putain OVERMARS, comme les belges d'Amenra, ça regorge de sincérité comme pas possible ! Aucun simagrée avec eux ! On essaie pas de paraître cool, on s'essaie pas de paraître « true misanthrope evil », on ne parait pas, on est, tout simplement... Musicalement, c'est du lourd, beaucoup plus sombre par rapport à leur premier album, je commence à comprendre pourquoi le groupe parle d'influences « black metal expérimental ». Les visuels d'Arnaud, qui seront parfait d'un bout à l'autre du set (outre un petit problème technique au dire d'un ami), ne feront qu'enfoncer un peu plus le clou. On notera la présence de manière plus marquée du chant de la bassiste Marion, par rapport à avant (comparaison faite par exemple par rapport à leur concert donné avec Cult Of Luna). Hypnotisé, le set, beaucoup trop court et ce sera là mon plus gros regret (quelques titres de leur première galette seraient passés sans aucun problème), ne termina pas totalement le voyage (si dépaysant) engagé. Les musiciens quittent la scène, les lumières se rallument et là stupeur : la salle c'est vidé ! Pas totalement mais la fosse est moins dense ! Est-ce dû à l'heure tardive ? La barre des minuits a été franchise. Peut être... ou peut être est-ce dû au fait que la musique d'OVERMARS ne se consomme pas comme un quelconque morceau de musique formaté et prévisible. Voici une conséquence, de plus en plus récurrente, que je remarque au fil des mois et des concerts : à chaque fois qu'un groupe sort en quelque sorte des sentiers battus, en mélangeant de nombreuses influences par exemple comme le font si bien les lyonnais, une bonne partie du public ne semble pas apprécier. Étrange... Ceci dit, la prestation d'OVERMARS, la première à laquelle j'assiste, m'a entièrement convaincu. Un groupe que je ne peux que conseiller de voir en live, comme une expérience particulière, expérience ou sincérité et personnalité sont les maîtres mots...
Voici trois long extraits de la prestation : Part 1 - Part 2 - Part 3
L'ambiance a donc changé par rapport au début de soirée, la fin et la fatigue commencent peut être à se faire sentir. C'est donc au tour de DEFDUMP de fouler les planches, avant dernier groupe de la soirée. Les premières secondes du set ne m'enthousiasmèrent pas beaucoup, c'est donc depuis le bar que j'ai jeté une oreille sur le set du groupe avant de sortir finalement de la salle pour prendre un peu l'air. Mélangeant les styles, le tout ne m'a pas sembler des plus homogènes. L'attitude des musiciens, là encore c'est purement subjectif, n'arrangera rien à la prestation du groupe. Ne connaissant pas la discographie de DEFDUMP et ne connaissant pas la notoriété du groupe, j'ai été étonné de les voir jouer si tard dans la soirée, presque en tête d'affiche.
THE OCEAN est donc bel et bien la tête d'affiche de ce Fjord Festival et dès les premières secondes, on se rends immédiatement compte que le groupe a déjà pas mal de bouteille derrière lui. Ce n'était pourtant pas dans la poche puisqu'il semble que les allemands ait du mal à stabiliser leur line up. C'est donc l'un des gratteux de l'excellent groupe Kehlvin (combien de fois vais-je encore devoir le dire ?) qui dépannera la groupe pour quelques dates de cette tournée. Le bassiste, qui a plus une culture musicale « jazz » si je me souviens bien, est lui aussi fraîchement arrivé au sein de THE OCEAN. On pourra d'ailleurs le remarquer durant une bonne partie du set. Le début du concert fût très bon. Aidé, là encore, de visuel, l'univers du groupe commença à prendre forme vers quelque chose de relativement atmosphérique (cf : la projection de montagnes brumeuses). Avec un début de set à trois guitares (!), le line-up se modifia pendant le concert pour passer d'un chanteur à deux. Ce ne sera pas sans conséquence dans la musique du groupe puisque celle-ci glissera vers quelque chose de plus « rentre dedans ». Diriger par deux front man, le concert s'orientera vers quelque chose de plus power thrash, en somme plus extrême. Le public, étonnamment plus conséquent que sur OVERMARS et DEFDUMP, se réveillera et ira même jusqu'à brasser un peu. Après une absence de visuel pendant une bonne partie du set (problème technique ?), ceux-ci reviendront de la plus belle des manières à la fin de la soirée (cf : ceux-ci étant sûrement engagés puisqu'on ira jusqu'à se balader dans un hyper marché ! Ce n'est, a priori, pas pour faire l'éloge de la consommation, quoi que, plus rien ne m'étonne...). Très soignés.
Voici donc un Fjord Festival qui, de manière générale, laissera de très bons souvenirs à une bonne partie du public. L'organisation sera, outre le retard pris dès le début de soirée, maîtrisée d'un bout à l'autre, on ne peut que féliciter et encourager celle-ci à réitérer l'organisation d'un événement de ce style dans les mois à venir. Le fait de permettre à des « petits » groupes tels que CELESTE ou encore SHELVING de se produire dans des manifestations de cette taille est une très bonne initiative. Après, de manière plus personnelle, j'ai regretté le fait qu'il n'y ait pas eu une distro plus « générale », ne représentant pas seulement les productions des groupes mais bel et bien le style dans lequel ils évoluent, chacun à leur manière. Outre ce « détail », peu de choses à redire, une bien bonne soirée, avec une belle brochette de groupe et une ambiance plaisante. Objectif atteint.
Merci à Oli pour les photos.