17/08/2007
Patinoire du Locle, Suisse Romande
À peine remis de Tool à l'Open Air Gampel la vieille, direction Le Locle pour la deuxième édition du VNV Rock Altitude Festival. Ayant loupé l'édition 2006, et ne m'en ayant dit que du bien, cette date était fort attendue. La première surprise de la journée fut la qualité de l'organisation. Arrivé en début d'après midi, j'ai pu assisté aux derniers préparatifs. L'amateurisme n'avait là pas sa place : deux scènes de taille respectable, équipe vidéo en vue de réitérer la sortie d'un DVD, stand merchandising, camping, etc. La décoration de la patinoire (lieu du festoche) fût de qualité. C'est donc dans ce lieu atypique, baignant dans la convivialité et la bonne humeur, que l'attente commença, et malheureusement, elle fut importante. Les premiers festivaliers, peu nombreux, se firent longtemps attendre. Attente qui, malheureusement encore, empêcha le groupe THE FISH'N CHIPS de fouler les planches, afin de ne pas décaler la programmation.
C'est donc DAIGORO, mélange de HXC et de punk. Jeune groupe, et a fortiori content de jouer ce soir, ce fût un set sans grande surprise. N'accrochant pas particulièrement au style dans lequel ils évoluent, les quelques passages « groovy » (bien à la mode depuis quelques temps maintenant) finirent pas me faire décrocher totalement. Malgré certains passages entraînant et plutôt bien foutu, la sauce ne prit pas vraiment, les membres étant (souvent) trop statiques. Pour amateur, peut-être, pour les autres, il y a toujours le bar en dernier recours...
N'étant pas intéressé, et surtout pas présent pour les groupes qui suivirent, vous faire un compte rendu risque d'être difficile. Seul MXD attira mon attention, mais en mal ! Mélange de hard tech et de Rammstein, boîte à rythme en guise de batteur, inutile de préciser qu'ils sont à des années lumières de ma vision du metal, et d'un point de vue plus général du hard. Là encore, peut-être pour les amateurs, mais pour ma part, voici un groupe qui n'avait pas totalement sa place lors de cette édition.
Les choses sérieuses vont (enfin) commencer avec KNUT. Dois-je les présenter ? Dois je rappeler qu'ils sont les vétérans d'une scène de qualité et extrêmement riche ? Voici l'une de mes motivations principales de la soirée, les ayant loupé lors de leur passage à Lyon avec les anglais de Capricorns (je m'en mords encore les doigts bordel !) cette occasion n'était pas à louper. Qui plus est, le KNUT de ce soir jouera avec son nouveau line-up, étant donné que Jérémy a quitté le groupe pour pouvoir s'occuper pleinement de son autre projet, qui n'est autre que Mumakil. Dès les premières secondes, on comprend immédiatement pourquoi le groupe est qualifié de « référence » ! Professionnel à souhait, le ton est donné. La température commence sérieusement à dégringoler et les gars ont bien l'intention de réchauffer cette édition du VNV qui en a vraiment besoin ! Le son est puissant, très compact et gras, proche de leurs productions. Le jeu du batteur m'interpelle immédiatement, malgré une batterie on ne peut plus sobre, ses parties de batterie m'ont vraiment semblé plus complexe que sur leurs CDs. Quant au chanteur, Didier Séverin, quelle présence bordel ! Apparemment réchauffé, il était pied nu pendant tout le concert, il dégageait vraiment quelque chose. Peu de dialogue avec le public, souvent en marge sur le coté de la scène, à s'occuper entre autre de l'envoi des samples et autres effets. Le concert passa malheureusement trop rapidement, hypnotisé par la lourdeur de leurs compos, la playlist de ce soir m'échappa. A revoir, sans aucun doute... Soulignons au passage l'actualité du groupe, outre quelques dates, avec Time To Burn entre autre, les Suisses travaillent en ce moment sur un tribute à Tantrum et sur un film expérimental consacré à la scène suisse romande.
La machine du VNV est bel et bien lancée et enchaîne dans la joie (putain de pléonasme) avec le groupe ZATOKREV. Ne connaissant pas le groupe, ce fût un concert dit « découverte » ce soir. La surprise est des plus agréables. Revenant d'une tournée conséquente en France, en Espagne ou encore au Portugal et ayant par ailleurs déjà ouvert pour The Dillinger Escape Plan, Chimaira ou encore Esoteric, inutile de préciser que l'expérience est bel et bien présente au sein de la formation. Malgré des conditions qui commencent à devenir carrément extrême (même la bière était gelé !), malgré le fait qu'ils soient programmés sur la petite scène, choix discutable avec le recul, les gars de ZATOKREV ont décidé de prendre les choses en main pour cette unique date donnée en Suisse, avant la composition de leur troisième full-length, mélange de doom - le chanteur portait d'ailleurs fièrement un tee-shirt du groupe culte Esoteric - et de black death typiquement nordique, surtout ressentit au niveau du chant. Si KNUT m'avait hypnotisé quelques minutes auparavant, ZATOKREV continua le boulot à merveille. Ce voyage sombre et dépaysement fût de trop courte durée. Les riffs écrasants, revenant inlassablement, d'une noirceur sans fin, me laissèrent sur ma faim. A revoir, là encore, dans d'autres circonstances...
Tout s'enchaîne donc, peut être trop rapidement mais qu'importe, direction la grande scène à présent pour assister à la prestation de SLUDGE. Peu de point commun avec le style du même nom, le groupe évolue dans du metal extrême, proche du death sans vraiment en être. Ne connaissant que de nom, les premières compos me surprirent beaucoup. Gros riffs entraînant, à faire headbanguer ceux qui ne sont pas encore mort de froid, les compositions du groupe s'enchaînent à une vitesse impressionnante. Quand au chant, je dois bien l'avouer, il fût lui aussi de qualité et pourtant, à première vue, ce n'était pas dans la poche pour ma part. Le chanteur, qui n'est autre qu'un ex-Unfold, je l'ai appris par la suite, me déstabilisa beaucoup au premier coup d'oeil : tee-shirt moulant, beaucoup trop court, même coupe de cheveux que ce connard de Jean Dujardin dans le navet Brice de Nice (désolé pour la comparaison mais bon...), faisant le signe « evil » à tout bout de champs. J'étais perplexe au niveau de son affiliation au « metal », et pourtant... Comme quoi les apparences sont trompeuses (enfin pas toujours non plus ! hé hé), ce mec a une voix à faire pâlir une grande partie de la scène extrême mondiale, rien que ça ! Aidé par cela par un jeu de lumière lui aussi surpuissant, le concert de SLUDGE fût tout simplement ENORME ! A réécouter, pour certains, à découvrir, pour d'autres, les Suisses n'ont laissé personne indifférent et nous ont offert l'un des concerts, avec YOG, les plus efficace et entraînant de ce VNV 2007. Et Tish dans ta gueule, ni plus ni moins !
Dernier concert (déjà) donné sur la petite scène avec les gars de RORCAL. C'était la troisième fois que je les voyait ce soir (une première fois en ouverture de Red Sparowes et une autre fois avec leurs potes de Kehlvin et le groupe lyonnais Llorah). Ces deux dernières prestations ne sont pourtant pas très « ancienne » mais le RORCAL de ce soir était encore plus pro que les autres fois. On eu le droit à un concert écrasant et lourd. Les compos de The way we are, the way we were, the way we'll be furent bien entendu de la partie, comme l'excellent et hypnotique Duplicate the streamer thora. Mais le groupe nous joua aussi des nouveaux morceaux. Toujours propre à l'identité du groupe, ceux-ci m'ont semblé plus aboutis et complexe, à réécouter sur CD. La petite scène fût la encore, comme ZATOKREV, quelque peu pénalisant mais qu'importe, les gars de RORCAL étaient content de jouer ce soir. Et le public, certes moins dense, accueillit la prestation du groupe comme il se devait. Ce concert ne me rendit que plus impatient (encore) en vue de la sortie de leur split avec Kehlvin.
Pour avoir discuter avec Yonni (chanteur de YOG mais aussi de l'excellent groupe Kehlvin) quelques minutes avant leur concert, il m'avait dit que son groupe était « quelque peu » physique. Et au vu de ce concert, je crois qu'il ne pouvait pas mieux dire ! Programmation surprenante, c'est donc les grindeurs de YOG qui clôturaient cette soirée et, qui plus est, sur la grande scène. Je m'attendais plus à un groupe comme KNUT afin de terminer les hostilités... Mais au vu de la foule qui s'amassa devant la scène et surtout au carnage dont j'ai pu assister, ce choix de « tête d'affiche » fut on ne peut plus judicieux. La playlist de ce soir fit honneur principalement à leur dernière sortie en date, Years of nowhere, mais aussi à leur précédente galette Grindcore Deluxe. Ce n'est pas dès les premières secondes et encore moins durant les premières minutes, mais bel et bien dès LA première seconde que les choses fut fixées ! Le cri quasi inhumain du chanteur retentit et Love process failure, mon coup de coeur de leur dernier méfait, déboule à 100 à l'heure ! Aidé par des stroboscopes nous pulvérisant les mirettes, le mot carnage prend toute sa définition. N'étant pourtant pas un grand fan de grind il faut bien avouer que les compos du groupe sont énormes : variations fréquentes que ce soit au niveau du tempo ou au niveau des lignes de chant, la musique du groupe ne tombe dans aucune bouillie. Le batteur, et quel batteur bordel, martela ses fûts comme un possédé avec des parties de blast tout simplement jouissives ! Bon nombre de personnes dans la fosse connaissent le groupe et sont, a priori au vue des réactions, venues à cette édition du VNV pour se faire botter le cul par YOG. Le concert résolument le plus barré de cette édition, mélangeant aussi bien du Converge pour la non linéarité des compos ou du bon Napalm Death pour la puissance et les structures. M'étant pris une (putain) de claque, l'achat de Years of nowhere s'imposa. Et ce fût, là encore après une seule écoute une autre calotte derrière la tête !
En somme, un excellent festival avec d'excellentes formations. Le VNV arrive pleinement à mélanger le coté humain et la bonne humeur avec le professionnalisme au niveau de l'organisation. Organisation qui vient d'ailleurs d'annoncer que l'édition 2008 aura bel et bien lieu. Ce n'était pas forcément une évidence, étant donné que l'afflux à cette édition 2007, sans forcément décevoir, ne combla pas totalement toutes les attentes. Mais que voulez vous ? Les gens préfèrent s'entasser tous aux mêmes concerts, voir les mêmes groupes. Où le prix de la place est (au moins) équivaut à mon budget pour deux mois de concert (10 francs suisse pour cette édition du VNV, bordel de merde 10 francs suisse pour autant de concerts et qui plus est de qualité !). Où les musiciens ont ces attitudes de « rock stars », impossible de discuter avec eux, même de les atteindre... Je préfère de loin ces manifestations à caractère humain, convivial, ou la bonne humeur est le maître mots, que d'aller me faire chier à l'un de ces concerts dit à la « mode ». La Horde Noire sera présente à cette édition 2008, et aux éditions suivantes, car ces festivals, fait par des passionnés pour des passionnés, ont tout notre respect...