28/03/2015
La Marquise, Lyon
C'est une soirée fort sympathique qui a eu lieu dans la petit péniche qu'est la Marquise, en plein centre de Lyon. Ce sera l'occasion pour Celeste de faire le vernissage de leur excellent et dernier album Nihiliste(s), véritable électrochoc compact et dense, asphyxie l'auditeur à chaque écoute ! Aidé en cela par deux groupes excellents, à savoir les lyonnais de MaÏno et les (monstrueux) Time To Burn, la soirée s'annonçait excellente...
MaÏno (noise aérien) débute les hostilités de cette soirée. Alors certes il est encore de bonne heure, certes la Marquise ne risque pas (encore) de couler par l'affluence des lyonnais ce soir, mais qu'importe! Mélangeant habilement influence postcore, post rock avec une forte touche hypnotique, le voyage dépaysant débutera avec le premier morceau de leur démo. On remarque d'emblée la basse (6 cordes) et son riff totalement hypnotique, capturant dès les premiers instants l'auditeur. Une fois pris, difficile de s'en défaire. Alternant aussi bien des passages totalement aériens, très atmosphériques, l'auditeur peut d'un coup se prendre en pleine face une véritable explosion de disto! Le groupe jouera ce soir les 4 morceaux présent sur leur démo, plus un petit nouveau. Totalement instrumentale, la musique des lyonnais captive, certains passages reviennent inlassablement, attirant inlassablement l'auditeur dans leur univers... mais d'autres m'ont aussi semblé traîné un peu en longueur, chose que je n'avais pas ressenti à l'écoute de leur démo. Sans tomber dans quelque chose de chiant, loin s'en faut ! Je pense que le groupe gagnerait parfois à y aller plus directement. Après, il est certain que la présence d'un chanteur résoudrait aisément cette petite faiblesse, certains passages se prêtant très bien à des parties de chant... En somme, un concert qui m'a particulièrement enchanté. On ne peut que saluer la performance de ce jeune groupe, dont leur talent ne semble avoir d'égal que leur motivation. Je vous encourage vivement à vous procurer leur démo . Chapeau bas messieurs !
Si l'affiche semblait annoncer Time To Burn (noise guerrière) en tête d'affiche, c'est pourtant bien les parisiens qui foulent à présent les planches de la péniche. Avant d'aller plus loin et dans un souci d'honnêteté, je dois vous avouer que je ne serai que très difficilement objectif. Time To Burn a été pour moi l'une des plus grosses révélations de ces derniers mois, n'hésitant pas à les mettre en tête de mes groupes préférés, et ce toutes périodes confondues ! C'est donc très impatiemment que j'ai attendu leur venue à Lyon. Pour les avoir déjà vu une fois en live, je dois, à nouveau, avouer que j'appréhendais un peu. Pour, de plus, avoir discuté avec quelques personnes, le groupe semble avoir quelques difficultés à retranscrire totalement leur musique en live, la voix étant souvent pas assez mise en avant. Cette date ne sera malheureusement pas l'exception à la règle. Le son est puissant, ça pète dans tous les coins, mais je n'arrive pas, désespérément, à entendre les parties de chant. Frustrant. Frustrant de ne pas pouvoir apprécier les excellentes partie de chant d'Eddy sur l'enchaînement Sang et Gream. Frustrant de ne pas pouvoir apprécier les parties de voix claire sur le jouissif Emma Peel. Pour m'être renseigné par la suite, le problème semblait être moins prononcé pour ceux qui ont assisté au concert dans les derniers rangs. Alors oui, ce que je craignais est arrivé, mais putain, des morceaux tels que Nayeli et son putain de riff qui a bien failli tous nous entraîner au fond du Rhône, ou encore les excellents Jelly Roll et Lost in Poetic de l'album Starting Point. Même pénalisés par ce problème de chant, restent des grands, très grands moments ! Le groupe m'a apparu beaucoup plus à l'aise que sur la date faîte Annecy. Je pense entre autres à Greg, bassiste du groupe mais également tête pensante du projet Radius System, vivant beaucoup plus sa musique. Visuellement, le groupe a adopté la même approche que le groupe belge Amenra, ne déposant que deux lampes blanches sur scène, instaurant un climat froid et singulier. Un concert qui aurait pu être encore plus intense, mais Time To Burn, même avec ses difficultés (Eddy rencontrera aussi un problème de gratte), reste grand, au-dessus de bon nombre de formations actuelles ! Au plaisir de les / vous revoir dans de meilleurs conditions au Fjord Festival en Octobre !
C'est au tour de Celeste (noise chaotique) de fouler à présent les planches de la Marquise, assez promptement d'ailleurs. Pour cause, la soirée doit se terminer pour 22h30. Contrainte contraignante (merci...), le groupe ne jouera QUE 25 minutes. Sauf erreur de ma part, avant de mettre soigneusement les chiffres de côté, le groupe ne devait jouait initialement que 5 morceaux, mais béni par les hauts dieux du hard, un sixième morceau sera finalement joué, in extremis. Réitérant le concept visuel auquel j'avais pu assister lors du Fjord Festival 1.0, le groupe jouera ce soir à nouveau totalement dans le noir, aidé seulement par des flashs stroboscopiques (géré par l'un des plus grands light jockey actuel) et des lampes frontales rouges (qui c'est qu'a gueulé spéléologue dans la salle ?!). Alors certes, pour photographier un groupe, on a déjà vu mieux, mais niveau efficacité / distribution de baffes, le concept colle à merveille à la musique des lyonnais. Ne jouant que des morceaux de Nihiliste(s), vernissage oblige, le groupe débutera le set avec le morceau Mais va vendre ton dédain. Et là, une nouvelle montée de frustration m'emplit : les vocaux de Johan sont, pour les premiers rangs, inexistant ! Deuxième grosse frustration de la soirée que de ne pas pouvoir apprécié les excellentes paroles du groupe (que je vous encourage à vous procurer et à lire !). Même remarque que pour Time To Burn, Celeste, malgré le fait qu'ils soient pénalisés, se rattrape aisément sur le reste ! Les musiciens sont particulièrement motivés et enthousiastes, prêt à vernir cet album comme il se doit ! Enchaînant par la suite avec leur terrible morceau Au feu le savoir, le ton de la soirée est donné. Compacte, chaotique, la musique de Celeste en live, comme sur album, envoie ce qu'il faut où il faut ! La suite du set ne baissera pas en intensité, comme sur les morceaux Tu regardes trop fort, tu penses trop fort, tu parles trop fort, Pour maintenir encore une fois la distance ou encore l'excellent et premier morceau de la galette On pendra les femmes et les enfants en premier. Comme précisé en exorde et au vu de la demande du public, le groupe se permettra tout de même de jouer un dernier morceau, quitte à dépasser l'échéance fatidique des 22h30 (on est nihiliste ou on ne l'est pas...), à savoir A jamais dénudée, titre collant à merveille avec leur excellente cover du LP Nihiliste(s). Un concert fort apprécié pour ma part, si ce n'est ce problème de voix, qui n'a fait que confirmé l'idée que j'avais eu au Fjord : Celeste est un très grand groupe, aussi bien en version studio qu'en live. Chaotique, tout simplement !
Une soirée qui s'est révélée satisfaisante, même si, comme j'ai pu l'écrire, le problème au niveau du chant pour Celeste et Time To Burn (MaÏno n'a pas rencontré de problème à ce niveau là...) m'a laissé un petit goût de frustration. Dommage également que la soirée ait dû se finir si tôt. Mais outre ces détails, et d'un point de vue plus globale, les trois formations de ce soir, certes avec leur propre personnalité, montrent que la France n'a pas grand-chose à envier aux autres pays. À l'écoute d'album tel que Is.Land (disponible d'ailleurs à présent en version LP, transparent ou noir. Buy !) ou Nihiliste(s), on ne peut qu'attendre la suite très impatiemment !