Regain Records, 2007
Death Metal, Pologne
Album CD
Behemoth. Je crois que tout le monde est d'accord pour dire que Behemoth est LE groupe qui a explosé (commercialement parlant...) et ce depuis la sortie de leur Demigod . Faut dire qu'en réalisant plus de 300 dates pour le promouvoir, et ce dans le monde entier, ça aide à se faire connaître... Presque inconnu du « grand public » il y a encore quelques années, tout le monde en parle à présent! Nergal est d'ailleurs en couverture d'un grand magazine US en compagnie de Shagrath et Dani (vous savez les deux plus gros businessman de la scène « black », entre guillemets hein!) On va bientôt en passer à la maison de retraite du coin même... (solution au problème de l'euthanasie?) Et comment ça s'explique tout ça? Par plusieurs raisons. Il y a tout d'abord le fait que le groupe est continuellement sur les routes, à donner des concerts aux quatre coins du globe. Il y a aussi le fait que Behemoth n'officie plus dans le black (vous n'étiez pas au courant encore?!). Certains disent qu'actuellement les polonais nous pondent du « black/death », je dis: mouais... Faudra qu'on m'explique à l'occase, ça presse pas, qu'est-ce qu'un skeud comme Demigod et justement ce The Apostasy ont de BM? Pardon? Il y a les corpsepaints? Autant pour moi alors... Belle transition que celle-ci, Nergal et compagnie ont bien compris que, actuellement, si tu soignes bien ton apparence visuelle, il n'y a pas de raison que ça ne marche pas (Otargos, à une autre échelle, l‘a par exemple très bien compris). Et pour la soigner leur apparence, ils la soignent bordel! Vous vous êtes déjà posés la question pour combien ils en avaient sur eux? Tout ça pour dire que Behemoth, depuis Satanica en gros (tu vois qu'ils font du black!), ça ne m'inspire pas des masses. Et puis il y a eu cette date à Lyon, avec Aborted et Kataklysm. Je dois bien l'avouer, le petit dernier m'a séduit... J'ai pu lire qu'il était en tout point similaire au Demigod , pour ma part je l'ai trouvé beaucoup plus subtile et travaillé, notamment au niveau des ambiances... Voici mes remarques et conclusions.
Commençons par le titre tout d'abord. L'apostasie est un reniement public de son engagement politique ou d'une doctrine (pas forcément religieuse...). Alors comment devons nous l'interpréter? J'en ai pas la moindre idée! Ce skeud n'est en rien une révolution dans le parcours du groupe! La pochette quant à elle est des plus soignée, proche (encore) de celle de Demigod. Elle représente une variation d'une déesse noire de l‘hindouisme, Kali (8 bras dont un tenant une tête décapitée, les autres des épées), symbolisant l'aspect destructeur de la divinité. Elle est révérée surtout au Bengale; son culte exige des sacrifices animaux (je sacrifierai autre choses moi...). Après ce (petit) moment culturel, passons à la musique, la vraie, celle qui tâche! L'intro « Rome 64 C.E. » et le morceau « Slaying the Prophets Ov Isa » ne forment en réalité qu'un tout. Dès les premières secondes, on peut aisément affirmer que les polonais, enfin Nergal, ont sorti l'artillerie lourde. L'excellent batteur Inferno (en voilà un qui porte bien son nom!) est bluffant, comme sur « Kriegsphilosophie ». On regrettera cependant, enfin je regretterai cependant, le fait qu'il en fasse, parfois, un peu trop, comme un certain Dave Lombardo sur un certain « Christ illusion » d'un certain Slayer (groupe de thrash ricain que je vous conseille au passage...) Trêve de plaisanterie, c‘est du sérieux là quand même! Donc comme je disais en ce début de chronique (qui ne ressemble plus à grand-chose), le groupe instaure des ambiances particulières, et ceux même entre les morceaux. La qualité des riffs tout d'abord est à souligner! Mais il y a aussi la présence de ces chœurs, comme pour donner un côté grandiloquent... Et nous sommes bel et bien obligés d'avouer que ça colle à merveille à la musique de Behemoth. « Inner Sanctum » par exemple dévoile une autre facette de ce The Apostasy avec son côté hypnotique. Le chant de Nergal, qui est tout sauf naturel, m'a aussi impressionné. Totalement death, il se différencie cependant de leurs précédentes sorties. Je serai curieux de savoir si sa voix est doublée par celle de Orion (bassiste) comme ils le font en live pour obtenir cet effet « rouleau compresseur ». Les solos, certes utilisés avec parcimonie mais toujours plus ou moins présent, apporte là encore ce petit quelque chose qui fait que Behemoth se détache de bons nombres de groupes. Ils furent comparés pendant un temps à Nile, en moins bien. Je ne connais pas assez bien leurs dernières galettes pour vous dire si cette assertion est vrai, cependant, The Apostasy ne m'a laissé entendre aucun point commun flagrant. L'album se clôturera de la plus belle des manières avec LE morceau de cette galette: Christgrinding avenue. La crise de folie n'est jamais bien loin quand je l'écoute! Comme sur Satanica , avec « Chant For Esxhaton 2000 », ils réitèrent ce choix de terminer en beauté. Le défaut majeur réside non pas dans sa longueur, mais dans le fait qu'il passe cruellement trop vite! À chaque fois que je me le suis écouté en entier, donc pas mal de fois déjà, j'ai été à chaque fois surpris: on ne voit pas le temps passer! Inutile donc de vous dire qu'il n'y a aucun point mort sur ce full-lenght...
Behemoth nous offre en cette année 2007 l'un des grands disques de death metal. D'une efficacité à faire rougir une bonne partie de la scène metal extrême death international, Nergal ne s'assoit qu'un peu plus sur le trône des grands. Les nostalgiques de leur première époque black, comme moi, se consoleront avec cette nouvelle identité musicale. Mais même si sur CD c'est du bon, Behemoth s'apprécie encore plus en live. Leur jeu scénique étant tout simplement bluffant, regorgeant de professionnalisme et d'expérience comme personne!