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Dimmu Borgir : Enthrone Darkness Triumphant

DIMMU BORGIR - Enthrone Darkness Triumphant

Nuclear Blast, 1997

Black Metal symphonique, Norvège

Album CD

Enthrone Darkness Triumphant , l'album de la consécration et de la reconnaissance commerciale pour les scandinaves de Dimmu Borgir. Après For All Tid , sa musique minimaliste mais rêveuse, et le merveilleux mais tragique Stormblåst , tutoyant la perfection, il n'était pas aisé de distinguer la direction vers laquelle allait s'orienter le groupe. Un détail pouvait néanmoins mettre la puce à l'oreille : la récente signature du groupe sur le label Nuclear Blast, annonçant implicitement le début de la période dite \"commerciale\" du quintet. Si l'on inclut également le fait que ce nouvel opus ait débarqué en magasins moins d'un an après son aîné, l'espoir que le groupe réitère ses exploits passés s'en trouve quelque peu amoindri. Alors, Enthrone Darkness Triumphant , simple succès commercial ou véritable réussite artistique ?

Premier signe de ce passage à la vitesse supérieure : écartant son magnifique mais illisible premier symbole, le groupe arbore un nouveau logo plus conventionnel. Les titres et paroles des chansons sont, eux, intégralement rédigés dans la langue de Shakespeare, au grand dam des puristes adeptes du norvégien traditionnel.

De nombreuses dissemblances musicales surprennent aussi l'oreille. Les vocaux, moins crus que par le passé, sont tout bonnement excellents, même si l'on pourra regretter l'évincement du second vocaliste : exit Silenoz, Shagrath est maintenant seul à user de ses cordes vocales. La production a, elle aussi, clairement été rehaussée. Qualitativement, le bon entre Stormblåst et Enthrone Darkness Triumphant est énorme. Alliant puissance technique et richesse mélodique, sans tomber dans la lourde aseptisation qui caractérisera malheureusement la formation par la suite, le son colle parfaitement à la musique jouée par les norvégiens.

Si le disque se veut donc plus accessible que ses antécesseurs, il n'en reste pas moins d'une incroyable somptuosité. On ne change pas une recette qui marche, et les claviers, plus présents que jamais, donnent une nouvelle fois une dimension démesurée aux titres. Malgré leur relative surabondance, le relief dont bénéficient les chansons atteint des sommets inespérés.
Les guitares prennent elles aussi une place toute particulière dans l'orchestre de Dimmu Borgir. Beaucoup plus techniques qu'à l'accoutumée, alternant riffs violents et ravageurs et accalmies à la sauce heavy, leur variété fait plaisir à entendre. La batterie a, pareillement, bénéficié des bons soins du groupe, et l'on a bien du mal à imaginer que c'est encore Tjodalv qui martèle les fûts, tant son jeu s'est enrichi depuis Stormblåst .

En substance, cet album se trouve être d'une cohérence forçant le respect. La quasi-totalité de l'oeuvre outrepasse l'excellence, et il semble bien difficile de citer quelques chansons sortant du lot.
L'on pourra toutefois évoquer pêle-mêle plusieurs titres remarquables, tels l'atmosphérique In Death's Embrace à la savoureuse mélancolie, la rageuse Relinquisment Of Spirit And Flesh et ses frénétiques blast-beats résolument True Black, ou encore la violente et malsaine Tormentor Of Christian Souls .

Les apparences sont parfois trompeuses... Il serait facile de s'arrêter aux insignifiants défauts de cette galette, ou de polémiquer sur la nouvelle apparence du groupe, sujette depuis cette époque à de nombreuses critiques (pour la plupart justifiées). Certes moins marquante que la précédente, et aussi commerciale soit-elle, cette livrée des norvégiens est sans conteste à ranger au panthéon du Black Metal symphonique, auprès d'un In The Nightside Eclipse d'EMPEROR à côté duquel il ne dépareillera pas, loin de là.

Krieg - 8/10