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Dimmu Borgir : In Sorte Diaboli

DIMMU BORGIR - In Sorte Diaboli

Nuclear Blast, 2007

Black Metal symphonique, Norvège

CD

Ressortez vos Bibles Sataniques, bracelets cloutés et autres pentagrammes, l'ami BORGIR est de retour ! Quatre longues années après le très imparfait \" Death Cult Armageddon \", voilà que les scandinaves refont surface avec un disque se voulant être un « concept-album » (expression presque parfaitement galvaudée, avec laquelle n'importe quelle daube en puissance peut prétendre au titre de chef d'œuvre absolu), prétendument basé sur un concept médiéval. A travers les nombreuses annonces postées sur son site officiel, le groupe maintient depuis quelques mois le mystère autour de son nouveau rejeton, censé réconcilier les néophytes du genre avec ses vétérans. L'album sortant dans à peine plus d'un mois, un état des lieux s'impose...

\" In Sorte Diaboli \". Difficile de trouver patronyme plus sobre et artificiel, vous en conviendrez... L'originalité n'est ici pas de mise. Dimmu Borgir , que l'on sait coutumier du satanisme de pacotille, ne s'est donc toujours pas défait de ses carcans habituels : aucun stéréotype n'est esquivé sur cette galette, et la sardonique imagerie que le groupe revêt depuis des lustres commence à sérieusement s'éroder. A ce sujet, un coup d'oeil hâtif sur la jaquette de l'album et les différents titres qu'il renferme vous en dira certainement plus long.

Mais, ce qui fait la valeur d'un album n'est certainement pas l'enrobage... Et il est temps de se pencher sur la substantifique moelle, à savoir la musique.
N'ayant que très peu apprécié les derniers ouvrages du groupe et partant par conséquent avec d'assez sévères à prioris vis-à-vis de cette nouvelle mouture, m'approprier l'œuvre dans son ensemble fut une tâche des plus malaisées. La persévérance finissant (presque) toujours par payer, voici donc mon avis tranché et définitif sur l'oeuvre, qui s'efforcera d'être le plus partial et objectif possible.

Oubliez d'ores et déjà le baratin servi par le groupe depuis l'annonce du disque. Comme on pouvait le supposer, les présumés retour aux sources et concept médiéval s'avèrent être erronés : \" In Sorte Diaboli \" s'inscrit finalement dans la lignée de son prédécesseur, et achève logiquement l'ébauche tracée sur celui-ci. Là où \" Death Cult Armaggedon \" pêchait par une sous-exploitation de tout le potentiel dont il bénéficiait, pour finir en une abjecte coquille vide de toute substance, ce nouvel opus parvient enfin à concrétiser les nombreuses trouvailles disséminées assez malhabilement sur toute la longueur de ce dernier.
Dimmu Borgir a su tirer leçon de ses erreurs passées, et si le tout est encore loin d'être parfait, l'ensemble transpire la qualité et le savoir-faire. D'une musique quelconque et sans âme, on est donc arrivé à ce à quoi la formation aspirait depuis un bon moment déjà : un Black Metal Symphonique de haut vol, grandiloquent tout en restant très direct et agressif, aussi bien au niveau de la musique en elle-même que de l'ambiance.

L'aspect symphonique, auparavant outrageusement fade et superflu, prend ici toute son ampleur. Se glissant habilement derrière le galbe imposant du traditionnel duo guitare - batterie, celui-ci dessine les contours d'une musique travaillée et polie à l'excès, certes très facile d'accès mais néanmoins diablement efficace. Inutile de s'attarder sur la composition générale des morceaux, celle-ci étant assez similaire à ce qu'a pu produire Dimmu Borgir par le passé.
Plusieurs évolutions bienvenues font toutefois leur apparition. Le mastodonte Nicholas Barker ayant été congédié, c'est à présent le mythique Hellhammer qui œuvre derrière les fûts. Les parties de batterie gagnent ainsi en finesse, et si celles-ci n'apportent en définitive pas grand-chose à la plupart des titres, elles ont au moins l'amabilité de n'en pas pourrir une bonne partie comme cela avait pu être le cas par le passé (sur l'album \" Puritanical Euphoric Misanthropia \" notamment). Les vocaux de Shagrath, ruinant parfois de par leur faiblesse purement et simplement certains passages au demeurant excellents, sont aussi beaucoup moins présents qu'auparavant ; nonobstant, le groupe aurait tout de même pu faire l'effort de remanier ces derniers, cette maladresse n'étant pas vraiment nouvelle. Et le chant clair de Vortex, qui était autrefois un plus indéniable pour les quelques compositions qui en bénéficiaient, peine à fusionner avec la musique... Son incongruité ne passe vraiment pas inaperçue.

Malgré les apparences, \" In Sorte Diaboli \" est finalement un album bougrement efficace, à tel point que l'hypocrisie du groupe sur son contenu s'avère être en fin de compte totalement vaine. L'ensemble s'écoute avec grand plaisir malgré quelques compos un peu en deçà du niveau général voire carrément moyennes, et c'est de bon gré que l'on constate que Dimmu Borgir commence enfin à reprendre des couleurs. Il est cependant agaçant d'observer que certaines imperfections, pourtant déjà présentes sur les deux précédentes galettes du quintette, n'ont toujours pas été corrigées... A ce titre, les plus exigeants d'entre vous pourront se permettre de soulager la note finale d'un ou deux points.
\" In Sorte Diaboli \" n'est sûrement pas le disque que vous écouterez tous les jours pendant 10 ans : Dimmu Borgir ne révolutionne en rien le genre Symphonique, ni même sa propre musique. Il la maîtrise tout simplement mieux.

Edit : réajustement de la note, afin de correspondre au mieux avec le texte de la chronique.

Krieg - 6/10