22/08/2008
Patinoire du Locle, Suisse
Switchback par Caedes
Les voilà enfin devant mes mirettes grandes ouvertes ! Depuis le temps qu'on m'en parlait, je peux enfin les voir se débattre sur les planches ! Ces affreux nous avaient fait faux bon lors d'un certain concert au Lyon's Hall avec des certains Yog et Aside from a Day, remplacé à la dernière minute par un certain The Wings Of Love. Quoiqu'il en soit, Switchback et son hardcore barré tout destructuré et tout destructeur est chargé d'ouvrir les hostilités de ce putain de VnV. Même si la patinoire n'est pas encore comble, la volonté de faire un show sans concession saute aux yeux dès les premières secondes. Retrouvant des réminiscences de Meshuggah, Ion Disonnance et autres Cataract, c'est une musique des plus efficaces qui va faire figure d'électrochoc aux premiers festivaliers. Aidé en cela par la présence de Gro Vo (hurleur en chef chez les Tedh Secret, qui ont sorti cette année un Split avec les Switchback), l'effet rouleau compresseur ne sera qu'un peu plus de la partie, rappelant en ce sens les prestations d'une époque d'un Scarve. Très technique, peut être même un peu trop à certains moments, la musique de cette jeune formation suisse (la moyenne d'âge des membres devant tourner aux alentours des 20/22ans) n'aura à coup sûr laissé peu de monde indifférent. Notons que l'on assistera à la présence, sur l'un des morceaux, du chanteur (rescapé) de The Ocean. Une belle manière de rentrer dans cette édition 2008!
Impure Wilhelmina par Anorexorcist
Devant un public assez conséquent, c'est maintenant Impure Wilhelmina qui se retrouve sur scène. Un groupe suisse qui sera à même de foutre une bonne claque à tous ceux venus voir Neurosis et compagnie... Le groupe va sortir un nouvel album très prochainement et donc arrive avec plein de nouveaux morceaux. Après quelques instants et dans le froid suisse glacial, des pluies torrentielles s'abattent au dehors de la patinoire. C'est sous le chaos atmosphérique qu'opère donc Impure Wilhelmina. Mais les gens s'en sont-ils rendus compte, tellement la musique et les mélodies les entraînaient ? En effet, avec ces nouvelles compositions, Michael, puisqu'apparemment il compose pratiquement tout, donne un ton encore plus mélodieux que L'Amour, La Mort, L'Enfance Perdue. Le hard s'assagit avec le temps, mais n'en est pas moins bon ! Ça envoie moins du bois qu'avant, mais nos oreilles sont conquises. La voix est parfaitement en accord avec la musique et on voit alors toute son importance. Des chansons absolument renversantes et belles telles que Travel With The Night, montrent l'évolution du groupe, montrent aussi que les chansons sont travaillées et qu'ils les maîtrisent parfaitement en live. Impure Wilhelmina bouleverse littéralement de part ses chansons. On ressent que l'évolution au fil du temps se fait de manière très naturelle, le feeling passe à merveille... Putain mais... comment décrire ce live, comment décrire Impure Wilhelmina... On a beau chercher, on ne trouve pas. Alors je vais arrêter de galérer à essayer de le faire, je vais simplement dire qu'ils font une tournée en octobre, que votre devoir est d'y aller, et qu'avec leurs nouveaux titres, ils refrappent encore une fois un grand coup !
La déception de ce live... c'est bien sûr, les très nombreux anciens titres non joués... On pense à Broken Wings Of An Undying Bird, Sunburst, The River et forcément Bleed Alone, etc. Mais hélas ils ne pouvaient pas jouer deux heures de temps, et c'est normal de présenter ses nouveaux titres... Impure Wilhelmina a marqué encore des points auprès d'un bon public, s'il leur en manquait...
A Storm of Light par Caedes
Et c'est autour des ricains d'A Storm Of Light de continuer les hostilités sous un temps/une patinoire qui commence de plus en plus à rappeler les conditions climatiques extrêmes de l'an dernier. Pas que je sois prêt à faire énormément de bornes pour les voir mais cette occasion de les voir sur l'affiche du VnV (accompagnement des Neurosis oblige) s'est retrouvée être parfaite. All star band comprenant évidemment l'illustre Josh Graham (s'occupant entre autres des visuels chez un certain... et puis merde !) et le non moins illustre Vinny Signorelli (Unsane), A Storm Of Light s'est rapidement imposé en cette année 2008 suscitant, il est vrai, un certain engouement sur la scène internationale. Engouement qui, suite à ce concert, risque fort de se passer de moi. Josh ayant eu la bonne idée de quitter la monstrueuse entité qu'est Red Sparowes pour se focaliser sur ce nouveau projet aurait peut-être dû laisser cette si bonne idée de côté. A Storm Of Light s'est rapidement révélé inintéressant. Mais cette inintérêt laissa bientôt place à de l'énervement. Énervement dans le sens où le trio américain s'est révélé être de très mauvais élèves, n'hésitant pas à pomper honteusement/abusivement les papys Neurosis à peine remis de leur partie de badminton endiablée en backstage de l'après-midi. Manquant cruellement d'originalité et de créativité, je me suis longuement questionné pendant le set sur le « pourquoi » de cette formation, laissant au final le « comment » de côté, faute d'intérêt. Sans cependant leur trouver une excuse, je me dois d'avouer que les conditions, pour ce type de concert et de musique, n'étaient pas excellentes. Pas que le son soit mauvais, au contraire, c'est plus la lumière de la journée se terminant qui leur causera préjudice. Certains groupes, que ce soient des formations comme Amenra ou évidemment Neurosis, méritent des conditions particulières, comme de jouer quasiment dans le noir... condition que la formation américaine devra se passer pour cette date. À (ré)écouter néanmoins sur album, bénéfice du doute oblige...
The Ocean par Caedes
Inutile de chercher mes mots cette fois-ci pour la prestation « germanico-helvète » : déception et frustration. Ça devient un peu comme de la loterie The Ocean : parfois moyen (le Fjord Festival 1.0), parfois juste excellent (Hellfest 2008), parfois chiant (VnV). Un des deux chanteurs n'a pas tenu durant la période estivale (rien à voir avec une quelconque canicule...) : remercié par le groupe ou désireux de faire autre chose de sa vie, l'Océan du VnV sera constitué d'un seul chanteur, le moins charismatique, malheureusement. Oh je n'ai rien contre lu i: vocalement, il s'est bien approprié l'ensemble du répertoire du petit dernier en date Precambrian . Il a même de l'humour: suite à des problèmes techniques - d'un côté pas des plus étonnant ; tout (pédales d'effet, lumière and co) est contrôlé par ordinateur, alors s'il utilise Windaube... - il essayera de meubler (tant bien que mal), n'hésitant pas à nous sortir des vulgarités en français (SVP !) toutes plus poétiques les unes que les autres, l'influence sur ce dernier point de Jona (guitariste helvète que l'on retrouvera à 3 reprises sur scène ce soir, rien que ç a!) ne m'étonnerait qu'à moitié... Sauf que The Ocean a perdu avec son deuxième chanteur une grosse part(ie) d'énergie, dommage. Après il ne serait pas des plus honnête de dépeindre que les points négatifs. Visuellement, c'est toujours aussi beau, et ça on ne peut vraiment pas leur enlever. Maîtrisé d'un bout à l'autre, que ce soit au niveau des visuels ou des éclairages, le tout apporte quelque chose de considérable à leurs prestations, permettant / aidant de s'immerger un peu plus. Le bassiste helvète qui, je le rappelle, avait fait sa première prestation avec le groupe lors du Hellfest, s'est révélé très logiquement beaucoup plus efficace et à l'aise ! Rien n'a redire non plus sur le batteur (ex-Sonograph) qui, encore comme point de comparaison le Hellfest, s'est révélé des plus redoutables...
Vous me demanderiez à présent ce que je pense de The Ocean. Je ne serais pas quoi vous répondre. Un potentiel énorme est là mais qu'on n'a malheureusement pas l'occasion de voir à chaque fois. J'attends donc leur prestation au Tranbordeur avec les Opeth et Cynic avec impatience afin de voir si ce VnV était, ou n'était pas, qu'un accident de parcours. Mais j'attends également le successeur du pavé Precambrian. J'ai cru teinté, peut-être à tord après tout, une rumeur se propage si vite..., que le prochain album ne serait pas pour une fois composé entièrement par Robin, mais que certains de ces / ses musiciens pourraient participer au processus de composition... A bon entendeur!
Neurosis par Caedes
Neurosis, voilà le type de concert qui rend bien fade tous les autres. Alors même si toutes les substances que j'ai pu ingurgiter durant les 24 heures précédant ce concert ont forcément eu un impact sur ma perception de leur musique, ça n'explique pas tout. Neurosis transcende comme (très) peu de groupes peuvent et savent le faire. Ma première et inoubliable expérience avait été lors du Hellfest 2007, sous des trompes d'eau. La deuxième risque fort également de rester longtemps gravée dans ma mémoire. Il est très difficile de retranscrire ce qu'un concert de ce type procure : une sensation d'être « dans » le son, et non pas face à ce dernier. La sensation d'être pris par ce déluge d'émotions, d'être encerclé par ces riffs. Les parties de chant de Steve Von Till et de Scott Kelly hypnotisant l'ensemble de la patinoire sont reconnaissables entre mille, ce timbre de voix si particulier... Une magie s'opère, quelque chose qui dépasse de loin l'entendement: une expérience singulière. Si j'avais une seule chose à retenir de ce concert, ce sera le moment ou les premières notes de Stones From The Sky ont résonné au Locle. Après un moment aussi intense que celui-ci, je peux vous assurer qu'on peut quitter ce monde sans regret, tellement le reste apparaît dérisoire et futile, sans (plus) aucune importance. Mais ce voyage a été, avec le recul, la source d'une très grande frustration : le groupe ne jouera ce soir qu'une heure, au lieu des une heure trente prévue. Si trente minutes peuvent sembler dérisoire à l'échelle de toute une vie, celles-ci auraient évité que l'ensemble du VnV ne s'écrase comme des vulgaires merdes en plein vol interstellaire ! La chute a été dure, tout le public était tellement pris par les tripes... et puis plus rien. Ça hurle, ça applaudit, ça demande, ça supplie en vain un rappel... Sans résultat. Difficile de s'y faire, même avec le recul, s'était tellement bon qu'on aurait souhaiter que ça ne se termine jamais. Pour mettre renseigner par la suite, si le groupe n'a joué QUE une heure au lieu des une heure trente prévue, ce n'est en rien la faute de l'organisation : le groupe a juste simplement souhaité, comme du retard avait été pris, ne pas empiéter sur le prochain concert, malgré son statut de « groupe culte ». Même si c'est tout à leur honneur, j'aurais aimé, au moins pour cette fois, qu'ils se prennent pour des « rock stars » et empiète sur la suite des événements ! Au final, un grand moment de Musique, comme eux seuls en ont le secret ! Respect.
Kehlvin / Rorcal Big Band par Caedes
Ascension oblige, c'est bel et bien Neurosis qui a ouvert et chauffé la salle pour le big band qu'est KEHLVIN / RORCAL ! Il leur fallait bien (au moins !) ça. Troisième prestation de leur split, ce sont ces deux formations helvètes qui ont à charge de clore de la plus belle manière qui soit cette édition du VnV. Édition qui, il faut bien avouer, s'est vue terminer pour pas mal de monde avec Neurosis. Les conditions extrêmes (l'Islande cet été m'a semblée, en comparaison, n'être qu'un Club Med du sud de la France !) ont eu raison des moins courageux du public. Les absents ayant toujours tord, le colosse hybride va néanmoins se mettre en place après quelques secondes... minutes de larsen. Que dire ? Déjà, l'effet de surprise que j'avais pu avoir à Payerne et même, dans une autre mesure, au Bikini Test s'est quelque peu assagi et estompé. On ressent, évidemment, toujours une puissance homérique se déployer: 10 musiciens sur scène, ça reste et restera une sacrée expérience! Après il est vrai, enfin ça n'engage que mon humble personne, ce style de prestation se savoure encore plus sur les « petites » scènes, rendant possible ainsi une communi(cati)on plus prononcé entre les deux formations et son public. Quelques petits pains viendront légèrement entacher leur prestation, n'empêchant pas néanmoins à tous les néophytes ici présent de découvrir et de plonger pleinement dans ce concert. Une prestation qui s'est révélée au final fort agréable, mais qui a néanmoins perdu un peu de sa saveur en « surprise ». À découvrir en tous les cas, au moins une fois, pour la postérité : histoire d'en reparler dans une cinquantaine d'années devant les petits-enfants lors du repas familial du dimanche !
Comme j'avais pu l'annoncer l'année dernière, la Horde Noire tient à soutenir, au maximum qu'elle puisse, ce festival qu'est le VNV. Alors même si le festival a pris de l'importance cette année, 2000 personnes rien que pour cette journée, ce dernier est resté dans l'optique « fait par des passionnés pour des passionnés ». L'organisation a été irréprochable, maîtrisé d'un bout à l'autre ! Tous les festivaliers venant de différents pays européens pour voir l'entité Neurosis ont été comblés ! Une programmation, certes moins focalisé sur la Suisse comme les autres années, mais qui s'est révélée des plus redoutables ! Quand je vois les centaines d'heures de travail que ce festival a demandé, quand je vois toutes les difficultés qu'il a fallu surmonter pour faire jouer des groupes comme Neurosis ou Entombed (loupé cause interview). Et ce depuis plusieurs mois ! Je ne peux que rester admiratif devant les organisateurs. Heureusement qu'il y a encore des mecs comme vous qui se bougent le cul pour que des événements de ce style perdurent ! Un immense merci et respect... Bravo messieurs !
Article VNV Rock Altitude Festival Edition 2007