25/11/2008
L'Usine, Genève
Cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu de metal extrême à l'Usine, certes du metalcore ou du grind et toujours de très bons concerts en ce qui concerne les autres scènes alternatives, mais pas en metal extrême de calibre international. Cette date n'a d'ailleurs pas été organisée par Transit mais par Post Tenebras rock, contrairement au précédent passage de KRISUN à l'Usine en 2004 (en première partie de Morbid Angel).
L'annonce de la participation de Shade Empire à cette tournée débutée le 14 novembre est très récente, et cette date était même leur premier concert de la tournée puisque c'est Commander, jeune groupe de death allemand qui accompagnait les groupes du 14 au 23 novembre. Ce concert de Shade Empire en bonus, je n'ai pas pu en profiter puisque l'ouverture des portes ayant été fixée à 20h et le début des concerts initialement à 21h, Shade Empire a été calé dans ce créneau libre... Dommage, les finlandais étaient le seul groupe de black de la soirée, et j'aurais été curieux de voir ce qu'était devenu le groupe depuis leur premier album Sinthetic en 2004, alors chez Avantgarde Music. Depuis, le groupe a sorti assez discrètement deux albums et était donc là pour promouvoir Zero Nexus sorti récemment sur Dynamic Art Records. Les impressions des metalleux déjà présents ont été celle d'un groupe influencé par Dimmu Borgir deuxième époque, certes un peu réducteur, le groupe intégrant ces fameux éléments électroniques, qui n'ont pas dû déplaire au public suisse, mais le groupe ne semblant toujours pas avoir une personnalité imposante.
One Man Army And The Undead Quartet : voilà un patronyme pas banal, pour un groupe que je dois avouer n'avoir jamais entendu parler avant l'annonce de cette date, par-contre une partie du public semblait pour sa part bien le connaître puisqu'il s'agit du nouveau groupe de Johan Lindstrand ex-chanteur de The Crown (précédemment Crown of Thorns, le nouveau patronyme ayant été adopté en 1998) qui a splitté en 2004; les autres membres ont de leur côté formé récemment un groupe nommé Dobermann. Quand au groupe de Lindstrand, il est déjà bien établi au vu des réactions du public qui semblait connaître les morceaux du groupe, le groupe s'est formé en 2004 mais a déjà sorti deux albums chez Nuclear blast et promeut actuellement son troisième album Grim Tales, sorti chez Massacre il y a tout juste un mois. The Crown avait eu un certain succès avec son death metal à la fois mélodique et thrashisant, avec une voix entre death et black, dont ONE MAN ARMY semble avoir emboîté le pas, comme en atteste les morceaux joués puisés dans leur trois albums comme notamment " So grim so true so real " de 21st century killing machine, le groupe reprenant le folklore un peu kitsch développé par The Crown avec Possessed 13. Cette vague death / thrash mélodique suédoise a rompu avec le côté dark qui imprégnait des formations comme Dark Tranquillity pour un état d'esprit plus à la old In flames, à savoir une atmosphère avant tout conviviale, sur une musique certes entraînante et efficace mais dépouillée d'âme; enfin au final, mieux vaut cela que des groupes faussement sérieux et non inspirés se complaisant maladroitement dans des clichés...
www.facebook.com/Onemanarmyofficial-127506483942832
Avec Krisiun, on plonge dans une autre atmosphère. Comme je l'ai précisé en introduction, Krisiun était déjà passé à l'Usine, précisément le 6 mars 2004, assurant la première partie de Morbid Angel. Cette prestation ne m'avait pas vraiment laissé de souvenirs précis, mes affinités avec la scène death étant limitées et se portant particulièrement sur la première vague death scandinave (pas difficile donc de comprendre que j'étais ici pour Unleashed et rien d'autres!!!), ainsi que quelques formations de death comme Bolt Thrower, Death, ou Vader qui ne font pas dans le death typé américain. Evolution de ma part depuis 2004 ou de Krisiun sur scène, j'ai fortement apprécié cette prestation avec un charisme incontestable de la part de Krisiun et une musique captivante et imposante. Bien trop souvent, le death se ramène à quelque chose de linéairement bourrin, de souvent ridicule, insipide ou caricatural. Et bien là, il s'est produit une chose que j'avais déjà eu sur scène avec Behemoth (le groupe étant depuis Zos Kias Cultus plus proche du death que du black) : une musique certes violente mais pas bêtement bourrine, de la violence imposante, captivante et oppressante. Dès le premier morceau, j'ai été surpris par le côté imposant de leur musique et de leur performance, d'autant que les membres ne sont que trois, plus précisément trois frères (Meilleure alchimie ? Les groupes composés de frères ne sont pas si rares, pensons à Rotting Christ, Samael, At The Gates, old ; trois est déjà plus rare, quoiqu'on le retrouve chez Anathema dans un autre registre...), ce qui implique donc une seule guitare, ce qui souvent se révèle pénalisant. Et ces premières minutes m'ont fait penser à Sepultura première époque (pas leur période tribale, mais uniquement jusqu'à Arise ), certes Krisiun est bien plus brutal mais il y a un quelque chose même visuellement (et ce n'est pas leur côté brésilien...), Krisiun propose d'ailleurs dans son septième album récemment sorti, Southern Storm, une reprise du Refuse / Resist de Sepultura qu'il ne m'a pas semblé entendre ce soir. Un aspect des plus appréciables est déjà la voix: une voix grave, agressive, scandée, mais qui ne fait pas dans les growls ou autres monstruosités. Peut-être un peu trop de communications avec le public pour souvent redire que le public fait partie intégrante du show, pas de show sans public, etc., mais avec un charisme certain et une gestuelle ferme et carrée, un peu totalitaire quelque part (c'est relatif, on est dans le death). Et même si Krisiun semble désormais clairement s'imposer sur une scène death qui en avait bien besoin, avec à son actif sept albums, il n'en prend pas la grosse tête, faisant huer le public pour Unleashed avec qui Krisiun est déjà partie en tournée pour Midvinterblot. Vu la discographie du groupe, et un style qui ne fait pas dans le mélodique et le mémorisable, la musique étant même plutôt technique, difficile d'énumérer les morceaux joués, je pourrais citer pour le dernier album Southern Storm, les morceaux Origon of terror ou Sentenced of morning entre autres. Un show brutal mais pas bourrin, oppressant, prenant et charismatique qui donne toute son atmosphère et ampleur à leur musique.
Place à Unleashed pour leur première passage en Suisse Romande, mais pour ma part j'avais saisi l'occasion d'aller les voir lors de leur passage en novembre 2006 au Transylvania de Erstfeld (cette tournée y fait d'ailleurs une escale) lors de l'incontournable tournée qui ne réunissait pas moins que les quatre groupes cultes de la première vague de death scandinave : Entombed, Dismember, Grave et évidemment Unleashed. Toutefois ce soir-là, Unleashed assurait la première partie, puisque le principe même de cette tournée reposait sur un ordre de passage différent à chaque concert et donc une tête d'affiche variable, les quatre étant égaux dans le pantheon du death metal. Pour le coup, le set d'Unleashed n'avait pas été des plus longs, le groupe enchaînant d'ailleurs les titres parfois sans pause.
Ce soir, il en était évidemment autrement, et c'est avec un neuvième album que Unleashed revient, ce qui implique moins de vieux titres. Le Masters of Death en proposait plus, peut-être était-ce dû au contexte spéciale de cette tournée: pour ce soir les vieux titres auront été Into glory ride du premier album Where no life dwells (1991) réclamé d'ailleurs par le public, au début duquel Johnny (également réclamé par le public de façon humoristique, mais au final répétitif et lourd par un : " Johnny Johnny come home ", qui dérivera dans une blague absurde pendant lors d'une pause technique forcée au bout de quelques morceaux dû à la guitare, avec des appels à des " personnalités " du show bizz français comme Mimi Mati, ce qui n'est pas à l'honneur du public...), fidèle à son habitude, a bu dans la fameuse corne viking au nom d'Odin avant d'en asperger le public. Autre morceau culte : The final silence de Shadows in the Deep (1992) qui clôtura assez logiquement, vu son titre, le set avant le rappel, toutefois aucun morceau de Across the Open Sea qui marque le passage vers l'ère viking de Unleashed (Execute them all aurait été le bienvenu...), par-contre un excellent morceau a été joué, le meilleur je dirais, de Victory (1995) avec Legal rape, deuxième morceau joué du show. Le reste du show a été essentiellement composés des morceaux des derniers albums, que j'avoue avoir moins approfondi et retenu que les quatre premiers albums, le groupe étant clairement devenu un groupe de death viking.
Unleashed est, il faut le reconnaître aujourd'hui loin de l'image froide et misanthropique des débuts, Johnny est d'ailleurs bien convivial et assez bavard finalement entre les morceaux, Thomas a même offert une bière au public, mais Unleashed reste Unleashed et ne fait pas dans les pathétiques tralala viking, déguisements, caricatures ou thématiques par défaut. Mais depuis de nombreuses années, la musique de Unleashed est imprégnée de morceaux mid-tempo, typiques de la deuxième époque, toujours associés à des morceaux rapides et haineux typiques du vieux Unleashed. Forcément l'accent a été mis sur Hammer Battalion sorti en juin chez Spv (Unleashed a quitté Century media depuis 2 albums...) qui proposent de très bons morceaux mis à l'honneur ce soir comme l'excellent Black Horizon, qui sonne vraiment comme le bon vieux Unleashed, pour lequel comme nous l'a précisé Johnny, un clip a été tourné, surprenant, mais le résultat est très bon, ou encore le morceau éponyme; également les morceaux Your children will burn ou encore Warriors of defeat. On notera un surprenant interlude d'ambiance au synthé de quelques minutes au milieu du show pendant lequel le groupe s'est éclipsé; afin de se ménager une pause (les problèmes techniques au début du show avaient déjà établis une coupure dans le show) ?!?. On notera également des morceaux du précédent album Midvinterblot avec le morceau éponyme et In victory or defeat, ou encore le Don't want to be born de Hell's Unleashed, l'album qui marquait le retour de Unleashed après les cinq de silence ayant suivi Warrior. C'est d'ailleurs sur un morceau de cet album que s'est achevé le concert lors du rappel avec Death metal victory, au cour duquel Johnny a fait chantonné les Warriors ; l'un de ces morceaux de metal avec cette tendance à la Manowar de chanter à propos du style de metal que l'on incarne, repris par chacun des courants metalliques...
Au final, un bon concert d'un groupe incontournable du death, mais comme toujours ce sont toujours les premiers albums que l'on préfèrera, plus chargés qu'ils sont, et ce seront toujours les bons vieux titres qu'on voudra entendre plutôt que certains morceaux tout à fait honorables mais dispensables. Bien-sûr, à côté de Krisiun, Unleashed ne fait pas aujourd'hui bien extrême et n'a pas la furie des premiers jours, étant plus posé, mais s'il est une chose qu'il faut reconnaître, c'est que Unleashed est resté fidèle à lui-même et n'a jamais chercher à évoluer selon les modes et les clichés... Death metal no compromise !