Peste Noire : Folkfuck Folie

Après le Lorraine Rehearsal qui nous avait laissé assez sceptiques, Peste Noire, le dernier petit chouchou de la scène black metal française, sort son deuxième album; un album que beaucoup attendaient après l'incroyable qualité du premier méfait du groupe. Et je préfère les prévenir... Ils seront déçus. Peste Noire, dont Neige (ALCEST, AMESOEURS) est officiellement membre, derrière ses airs anti-commerciaux, en est déjà à sa quatrième sortie cette année, dont on peut aisément dire que 3 sur quatre auraient été dispensables. Il était malheureusement à craindre, venant d'un groupe dont le premier album est déjà considéré comme culte, que nos jeunes musiciens prennent la grosse tête...

On commence très bien sur un splendide morceau : L'envol du grabataire , c'est une sorte d'intro remplie de sentiment et complétée par un calme accord de guitare sèche. Cette intro nous laissait imaginer le meilleur pour cet album. Et pourtant dès le deuxième morceau, apparaît ce son raw inhabituel, les guitares se fondent dans la basse, et le chant est trop grave, on sent une atmosphère pesante qui ne sied définitivement pas à la finesse et à la froide douceur du groupe. Pourtant des éléments très intéressants sont ajoutés à leur musique, comme les pleurs de Famine sur le morceau 2. Les morceaux sont trop courts, en moyenne 4 minutes, comme si l'inspiration manquait pour faire des titres plus longs. On ne retrouve plus les éléments dépressifs du premier album, les solos de guitare de Famine sont très rares et généralement inintéressants, la basse est trop forte et trop rapide, ce qui donne un son cave assez ennuyeux. Les textes quant à eux sont tirés de diverses auteurs du moyen-âge (Guillaume de Machaut, La chanson de Roland), les autres sont de Famine, qui signe ses quelques textes en décorant son nom des titres et des adjectifs les plus valorisant, preuve d'une humilité inexistante... En somme seuls 3 morceaux sortent réellement du lot : - L'envol du grabataire , l'intro splendidement menée, aux intonations sombres et grotesques qui renforcent une ambiance sale ; - Condamné à la pondaison , un long morceau dont le chant de Famine est très travaillé, les accords à la guitares sont plus longs, auquel est additionné un solo en taping de Neige, et un texte de Famine digne du poète qu'il prétend être ; - Paysage Mauvais , du texte du célèbre poète Tristan Corbière, ce morceau est réellement le meilleur de l'album, structuré de la même manière que le splendide Des médecins malades et des saints séquestrés , avec un solo final épique, sans doute une des meilleures compositions du groupe.

Un album qui mérite que l'on s'interroge sur le sérieux de Peste Noire, d'un coté un son raw et une paresse au niveau des compositions qui rappellent amèrement Aryan Supremacy , première démo du groupe datant de l'époque où le groupe baignait dans le NSBM (qu'il l'admette ou pas, ce titre veut tout dire...), et d'un autre coté quelques morceaux exceptionnels preuve d'une maturité musicale confirmée. Bien que cet album reste un album potable pour du black metal, il restera une déception pour tous...

Jolly Jumper - 6/10