Huard Productions, 2022
Dungeon Synth, France
Album Tape
Cela devient une (bonne) habitude : régulièrement Psycho, guitariste au sein de l'excellent Suicidal Madness, vient gratter à notre porte avec son projet ambient/electro Inexistence. Cette fin d'hiver accueille donc un nouvel ouvrage de sa part, baptisé In The Mysterious Forest que drape une illustration sublime due à l'indispensable Macchabée Artworks dont on ne cesse d'admirer le travail. Chacun de ses albums sous cette bannière se voulant différent de son prédécesseur, quel visage cette quatrième véritable offrande affichera-t-elle ? Celui d'une musique électronique et trippante comme Le jugement dernier l'a arboré ? Ou plus nostalgique et sinistre à la façon de A Journey Through Ancient Times ?
De loin, cette première manifestation de l'année 2022 (mais certainement pas la seule) semble vouloir renouer avec la pure dungeon synth de mise sur ce dernier. La relecture du 'My Own Darkest Hours' de Erang, qui convie par ailleurs Erroiak (Enterré vivant, Léthifère) au piano, souligne cet ancrage dans ce terreau fantastique et médiéval. De près, la réalité se révèle pourtant plus nuancée. Comme son titre le suggère, In The Mysterious Forest a quelque chose d'une déambulation à travers les bois dont on suit la sente brumeuse bordée par des esprits enchanteurs. Ce paysage forestier et féerique commande une tessiture rêveuse loin des cryptes parfois lugubres visitées par A Journey Through Ancient Times.
La voix de Erika Asphodel berçant le vaporeux 'Ode To Selene' participe de l'ambiance plus magique que nocturne qui nimbe cet album d'un baume à la fois poétique et merveilleux. Ensorcelés par la beauté spectrale qui se dégage de cette énigmatique mélopée, on se prend alors à rêver d'autres collaborations entre Psycho et des chanteuses tant son art peut être l'écrin doucereux de fragiles plaintes féminines. 'Eternal Sleep', à l'ossature minimaliste ou 'Where Life Is Lost, Widsom Is Found' qui résonne comme la fin d'un long périple, prolongent cette chaude atmosphère.
Mais In The Mysterious Forest ne se pare moins de sombres oripeaux. Le dramatique 'To The Dark Glorious Past', qui incarne assurément l'apogée de l'écoute, palpite d'un désespoir venu du fond de temps immémoriaux tandis que la piste éponyme ou le déjà cité 'My Own Darkest Hours' égrène une désolation toute burzumienne. Davantage que sa description ou le ressenti qu'il impose, il convient peut-être tout simplement d'insister sur la très belle réussite du successeur du Jugement dernier qui encore une fois affirme la maîtrise à laquelle est parvenue son créateur, comme en témoigne, s'il ne fallait mentionner qu'un exemple, l'immense 'Wandering In An Endless Maze', joyau délicat touché par la grâce.
A son rythme, dans la solitude que le genre réclame, Psycho bâtit peu à peu un édifice passionnant dont chaque nouvelle offrande constitue une pierre supplémentaire et différente, à l'image de ce In The Mysterious Forest, rêverie boisée ruisselant une dungeon synth dont la tendresse irréelle ne la dispense pas d'une sève dramatique.