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Inexistence : Messe des morts

Auto production, 2024

Neoclassical Ambient, France

EP CD

Ce qu’il y a de (doublement) chouette avec Inexistence, c’est qu’il ne reste jamais absent bien longtemps et qu’on ne sait pas à l’avance dans quel bois sera taillée chacune de ses nouvelles offrandes. Ainsi, alors que Metamorphosis est encore frais dans notre mémoire, Psycho lui offre déjà un (petit) successeur ! Le délai très court qui les sépare aurait pu suggérer une proximité de style mais il n’en est rien.

Au contraire, Messe des morts ne noue aucun lien avec son aîné dont il déserte les surprenantes ambiances darkwave pour, comme son titre le laisse deviner, arpenter les caveaux de sonorités funéraires et néoclassiques. Hanté par des chants grégoriens et autres choeurs liturgiques, ce mini-album résonne comme un requiem, retable en cinq parties qui se déploie dans toute sa beauté funèbre (ce ‘Lirtugia’, superbe). Une profonde tristesse enserre ces plaintes désolées vribant d’une emphase mortuaire, gisants drapés dans un linceul hivernal (‘Requiescat In Pace’).

Et comme toujours avec le musicien, la réussite est à encore une fois au rendez-vous, évitant de s’engluer dans un spleen liquoreux, frémissant à l’inverse d’un lyrisme obscur plein de noblesse (‘Messe des morts’). Avec beaucoup de justesse, il saisit toute une atmosphère intimiste, celle des veillées funèbres, et ce faisant égrène plus de douleur et de désespoir que des palettes entières de musiques gothiques pleurées par de mornes corbeaux. Il suffit de s’abîmer dans ‘Souviens-toi que tu n’es que cendres’ pour mesurer le talent immense du maître de cérémonie dans la peinture d’une souffrance dramatique.

Dans quel état d’esprit était-il au moment de composer cet opuscule ? Le chagrin l’habitait-il ? Nous l’ignorons. Une chose est certaine toutefois, ce registre néoclassique lui sied admirablement. Comme beaucoup d’autres de surcroît. Invite à la contrition, Messe des morts doit être appréhendé comme un seul bloc, longue pièce qui sonne comme un écho funèbre, bande-son d’un rituel funéraire irradiant une pale lumière qui témoigne, si besoin en était encore, de la totale liberté dont jouit Psycho au sein d’Inexistence qui ne se dirige jamais dans la direction qu’on croit lui voir prendre.

Simple EP et non véritable album, Messe des morts est donc une manière d’intermède dans l’oeuvre de son auteur, ce qui ne le rend pas moins indispensable ! 

Childeric Thor - 8.5/10