Auto production, 2020
Ambient, France
EP digital
Ne pouvant contenir les diarrhées créatrices qui lui tordent l'âme, Psycho ne cesse depuis plus d'un an, de besogner son projet solitaire, baptisé Inexistence, naviguant dans les sombres eaux électroniques de l'ambient et du dungeon synth. Après "Désolation", premier jet maladroit quoique non dénué d'un charme lugubre, se sont succédé "Catacomb" et "Mélancolie d'automne", deux autres essais qui ont permis au guitariste de Suicidal Madness de préciser ses intentions artistiques, s'éloignant quelque peu de l'electro pour s'abîmer dans une terre plus mortuaire et burzumienne.
Continuant sur sa lancée, ce n'est pas moins de quatre oboles que l'homme livre aujourd'hui. Mais se déclinant en quatre pans, "Nocturne" doit être appréhendé comme un tout, imposant d'être chroniqué, non par tranche mais à la manière d'une seule et longue pièce, que découpent plusieurs segments (quinze au total) qui s'étalent d'un opuscule à l'autre. Trois reprises se glissent dans les méandres de cette tétralogie, lesquelles offre à notre hôte l'occasion de rendre hommage à ses maîtres Norvégiens. Si la relecture, fidèle, de 'Bálferð Baldrs' que Varg Vikernes a gravé pour "Dauði Baldrs", ne surprend pas vraiment, tant l'œuvre de Inexistence paie un évident tribut aux plaintes les plus ambient de Burzum et les plus tristes avant tout, ce dont témoigne notamment "Nocturne I", les covers de 'End Vind Av Sorg' de Darkthrone (extrait de "Panzerfaust") et 'De Mysteriis Dom Sathanas' de Mayhem (est-il utile de le préciser ?), étaient moins attendues, d'autant plus que le musicien les enrobe d'un habit électronique.
L'essentiel de cet album repose sur cette succession de pistes, assez courtes pour la plupart, pulsatives parfois ('Part V'), sinistres souvent ('Part VI'), spectrales toujours ('Part VIII'). Mais encore une fois, notre préférence tend vers les complaintes les plus crépusculaires que ronge une décrépitude infinie cependant que lorsqu'il arpente les couloirs glacials du dungeon synth, Psycho nous plonge dans un univers ténébreux, venu du fin des âges ('Part XI'). L'electro lui réussit moins en revanche, comme l'illustre la neuvième partie notamment, asséchée de cette mélancolie funèbre qui fige, dans une nuit froide et macabre, Inexistence, dans ses meilleurs moments. Davantage qu'un simple agrégat de morceaux mis bout à bout, "Nocturne" empreinte un chemin qui, du désespoir le plus profond, l'entraîne vers un contrée plus désolée, presque hantée comme si, lors de ses dernières soubresauts, durant cette quatrième partie engourdie par des ambiances sépulcrales de caveaux humides, il poussait la porte de la mort...
Retable qu'il faut dérouler dans son entièreté, "Nocturne" affirme la valeur de ce projet dont le matériau se révèle de plus en plus abouti.