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Inexistence : Magna Gr​æ​cia

Huard Productions, 2023

Ambient / Dungeon Synth, France

Album Tape

On ne présente plus Inexistence, side-project du guitariste de Suicidal Madness qui, en l'espace de quelques années et des offrandes gravées à un rythme frénétique, s'est très justement imposé comme une valeur sûre de la chapelle ambient / dungeon synth. Si le stakhanovisme dont Pyscho fait preuve ne nous étonne plus tellement, pas plus que la qualité dont il est coutumier, sa capacité à toujours se renouveler ne cesse quant à elle de nous surprendre et de nous enchanter. Chacun de ses albums sous cette bannière électronique porte évidemment sa griffe mais aucun ne se révèle pourtant vraiment identique au précédent.

Magna Græcia, qui succède déjà à The Shimmering Opal, n'est pas seulement différent de ses aînés, il est une création à part au sein de l'édifice qu'Inexistence érige peu à peu. Le maître des lieux l'explique par le caractère très personnel du thème développé par ce nouvel opus. Son titre est le nom latin de la Grande-Grèce, territoire de la côté méridionale de la péninsule italienne colonisée par les Grecs durant l'antiquité dont la famille de Psycho est originaire. La plainte 'Podàrghoni' se réfère ainsi à un village de Calabre qui fut le berceau familial du musicien. Ce dernier, en puisant dans ses racines, accouche d'un album à la coloration très intime, à laquelle participe un enregistrement solitaire dont les invités extérieurs ont cette fois été éconduits.

Aux habituels synthétiseurs et parcimonieuses mélopées féminines ('Magna Græcia'), de multiples instruments sont néanmoins venus se greffer à un ensemble d'une belle emphase. Lyre, mandoline, harpe et bouzouki injectent ce pigment à la fois méridional et antique qui contribue à distinguer ce disque de ses devanciers. Le tout bat d'un pouls parfois quasi cinématographique, comme la bande-son d'un péplum au souffle épique et cependant empreint d'une certaine gravité ('The Race Warriors'). La mélancolie inséparable de l'identité d'Inexistence s'écoule comme toujours de ce voyage nostalgique dont les pistes très courtes forment les étapes successives.  

Psycho nous embarque avec lui et nous ouvre une partie de lui-même. Ce qui rend Magna Græcia plus précieux encore. Plus touchant aussi.

Childeric Thor - 8/10